Comprendre les Lumières. Avec Marion Sigaut et Alain Soral à Nantes.


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16.02.2013

Lors de son intervention, l’historienne Marion Sigaut démontre comment Louis XV, sous l’influence entre autres de sa maîtresse la marquise de Pompadour, va favoriser le développement de la philosophie des Lumières dans le royaume de France et adopter certaines de leurs idées, ruinant ainsi les fondements de la monarchie et perdant l’attachement du peuple.
Pour elle, la période cruciale est celle du traité de Paris de 1763, qui consacra la défaite extérieure de la France à l’issue de la guerre de Sept Ans contre la coalition conduite par les Anglais. Cela se traduisit par la perte du premier empire français dont le Canada, la Louisiane, les îles du sucre, les Indes. Le royaume était lourdement endetté et, donc, sous la coupe des prêteurs. Mais, dans le même temps, la France était en train de subir une défaite intérieure du fait du monopole des idées pour les philosophes des Lumières qui, en 1762, ont obtenu l’expulsion du royaume des Jésuites, leurs principaux opposants intellectuels.
Prenant l’exemple du commerce des grains, elle démontre comment le docteur Quesnay, fondateur de la doctrine physiocrate, soutenu par Mme de Pompadour, va obtenir l’inversion totale des règles régissant leur distribution. Le docteur Quesnay est l’auteur des articles "Fermier" et "Grain" de l’Encyclopédie qui, sous la direction de Diderot, prétend faire l’état exhaustif des connaissances de cette époque. Cet ouvrage est au cœur du mouvement des Lumières. Il prétend remplacer la superstition par la science et préconise, pour régler tous les problèmes du royaume, de libéraliser le commerce et la société.
C’est ainsi que l’esprit qui commandait la distribution des grains dans toute la France va être détruit. En effet, conformément aux divers règlements traditionnels en vigueur dont le "traité de police" de 1709, les grains sont considérés non comme un produit ordinaire mais comme une subsistance indispensable au peuple. Le roi doit en assurer la distribution dans toute la France au "juste prix" fixé par la "taxation". Il s’agit d’un véritable service public, très contrôlé par la police dont c’est la mission première. Les intervenants, du fermier producteur en passant par le meunier et le commerçant en grains, doivent en respecter les dispositions. Or les physiocrates et les philosophes des Lumières considèrent que cette réglementation est la source des problèmes. Ils préconisent donc la libéralisation intégrale en confiant la distribution à des négociants, dont Voltaire fait l’éloge. Cette thèse est développée par un certain Herbert en 1753 dans son "Essai sur la police des grains" qui dénonce le monopole comme un préjugé.
Louis XV finira par céder et, par son décret de mai 1763, il instituera le marché national du grain qui supprime les péages et contrôles ainsi que la fixation du juste prix. Cette liberté du commerce des grains est étendue à toute l’Europe par un décret de juillet 1764. À partir de là, la spéculation sur le grain va exploser. En cinq ans, le prix du grain à Paris va doubler. En 1768, il faut 24 sous à une famille pour acheter ce qui lui est nécessaire pour se nourrir, alors que son revenu n’est que de 15 sous.
Dans tout le royaume, les émeutes vont se multiplier. Le peuple, souvent soutenu par la police, va se révolter contre ces hausses. Mais il faudra attendre 1770 pour que le roi revienne à la police des grains contre l’avis des tenants des Lumières, en particulier Turgot et Condorcet. Ceux-ci considèrent que le peuple, gorgé de préjugés, doit être converti au "progrès", qu’il doit savoir que ces lois de libéralisation sont perpétuelles et irrévocables.
Mais pour le roi, le mal est fait. Dans l’ancien système, le peuple l’accusait d’avoir été imprévoyant lors des disettes nées des mauvaises récoltes. Maintenant, il est considéré comme un spéculateur malveillant "qui s’enrichit sur le dos du peuple pour payer les frasques de ses maîtresses et de la cour". Après les scandales du trafic des enfants abandonnés, avant la suppression de la protection des travailleurs par les corporations, c’est une étape décisive vers la Révolution.
Alain Soral conclura en soulignant le parfum d’actualité de cette situation. L’adhésion du roi au libéralisme bourgeois évoque celle de l’oligarchie actuelle devenue libérale-libertaire. La suffisance et le mépris manifestés à l’égard du peuple par Voltaire et les philosophes se retrouvent aujourd’hui chez les "intellectuels" contemporains comme Bernard-Henri Lévy ou Jacques Attali. Cette Europe des Lumières annonce étrangement celle de Bruxelles, qui s’enferme dans ses dogmes malgré l’échec patent de sa politique passée.

Discussion avec la rédaction de la revue Rébellion sur le LibreTeamSpeak.


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12.02.2012

Présentation de l'organe de presse de l'Organisation Socialiste Révolutionnaire basée à Toulouse, et discussion concernant leurs ortientations idéologiques et leur parcours.

Libertés et libéralismes. Avec Jean-Louis Fournel sur Fréquence Protestante.


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19.01.2013

Le livre présenté dans cette émission part du constat qu’il n’y a pas de réflexion sur le libéralisme sans pensée de la liberté, mais que toute pensée de la liberté ne saurait être incluse dans les différentes formes de libéralismes.
Les deux mots qui se trouvent au départ de cette interrogation renvoient à des réalités empiriques ou conceptuelles et à des chronologies a priori différentes.
Liberté renvoie à une problématique millénaire, existant depuis que les hommes réfléchissent sur les formes possibles du vivre ensemble. Libéralisme se réfère davantage à un corps de doctrine qui trouve son origine dans une interprétation du rôle moteur de la liberté pour les échanges et les formes d’organisation de la société.
Le pari du recueil d’études présenté, transdisciplinaire par choix et par nécessité, est de confronter les deux notions dans leurs usages et leur histoire.

Nostalgie de la croyance et retour au religieux. Avec Jacques Bouveresse questionné par Anouk Batar sur Radio Grenouille.


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08.04.2008

Alors qu’on nous annonçait la fin des religions, les croyances se multiplient et de nouveaux dieux apparaissent.
À une époque et dans une ville où l’on ne cesse de mythifier les identités, entre clichés et naturalisme, quelles sont nos croyances – religieuses ou non ?
Cycle "Ma foi ! Croyances, religions, identité".

Critique de l'apolitisme. La leçon de Hegel d'hier et à nos jours. Avec Domenico Losurdo à Citéphilo.


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13.11.2012

Pour s’orienter dans la pensée de Hegel, il semble possible de trouver un fil conducteur dans la critique que celui-ci propose de la fuite hors du monde politique, phénomène qu’il décrit comme l’« aspiration consciente à s’élever au-dessus des faits et du réel ». Cette idéologie de l’apolitisme semble, selon Domenico Losurdo, caractériser largement le panorama philosophique actuel. De fait, si Hegel exhorte la philosophie à se garder de « vouloir être édifiante », c’est là un avertissement qui rencontre aujourd’hui peu d’échos. Domenico Losurdo dirige au contraire l’attention sur cette leçon largement refoulée. Car s’il analyse plus particulièrement l'idéologie allemande entre 1815 et 1848 et les diverses figures de l'apolitisme qui caractérisent le XIXe siècle, jusque dans « l'idéologie de la guerre », il s’interroge aussi sur l'opposition persistante à la pensée hégélienne de l'Histoire et de l'Etat, pensée qui fonde la critique de l'apolitisme tout autant que celle de l'absolutisme.
Gilbert Kirscher introduit la conférence.

Actualité de la pensée d'Action Francaise. Par Pierre de Meuse à l'Action Française.


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15.01.2010

C'est Pierre de Meuse, historien, essayiste, qui se prête au jeu de l'analyse sans concessions des succès et des échecs de la pensée d'Action Française, pour s'employer ensuite à tracer des voies pour la contre-révolution.

Demain la décroissance. Avec Alain de Benoist à Radio Bandiera Nera.


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11.11.2011

Peut-il y avoir une croissance infinie dans un espace fini ?

L'empirisme organisateur. Par Louis Juhel à l'Action Française.


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07.05.2010

Exposé de la doctrine positiviste maurassienne, considèrant que l'organisation et les institutions de la société doivent être le fruit de la sélection opérée par les siècles. Cette solution est considérée comme efficace, car adaptée à chaque situation nationale, au contraire de l'application des théories idéalistes (la démocratie, le communisme, le libéralisme).
Pour la France, la monarchie fait évidemment partie de ces institutions, nécessaire pour freiner les rivalités franco-françaises.