La vision du Bien et du Mal chez Melville. Avec Olivier Rey sur France Culture.


(0)
1448 Vues
0 commentaire
07.10.2011

Lorsque Herman Melville meurt à New York, en 1891, il est un vieil homme à peu près oublié. Moby-Dick, quarante ans plus tôt, a coulé sa carrière littéraire. C’est seulement dans les années 1920, dans une Angleterre qui a fait l’expérience de la Grande Guerre, que le public commence à s’aviser de son génie. La fièvre de la redécouverte nourrit la quête d’inédits et, d’une boîte en fer blanc, surgit le récit auquel Melville a travaillé durant les cinq dernières années de sa vie : Billy Budd.
Malgré une taille limitée, celle d’une longue nouvelle, et une intrigue très simple, Billy Budd est rapidement devenu l’une des œuvres les plus étudiées et les plus commentées de la littérature mondiale, suscitant des débats aussi passionnés que contradictoires. La violence de la lutte entre critiques ne doit pas surprendre : Melville a tout fait pour livrer à une modernité demi-habile, pensant que tout problème a sa solution, une de ces situations sur lesquelles elle ne peut que se casser les dents. Qu’est-ce que le mal ? Quelles sont ses stratégies pour se répandre ? Comment limiter son empire ? Quel sens donner à la beauté d’un être ? Comment accueillir la grâce échue à un autre ? Autant de questions que le texte soulève, que la pensée instrumentale nous a désappris à poser et qui, lorsqu’elle les rencontre, la rendent comme folle. Autant de questions essentielles pour une vie humaine, et dont la littérature est peut-être la mieux à même, par ses ambiguïtés, à pouvoir traiter sans fausseté.
Olivier Rey, dans cette émission, nous fait ressortir de la vision de l’homme que suggère Melville : il s'attache à montrer, au travers de l'étude du chef-d’œuvre posthume d'Herman Melville, la puissance de la littérature pour explorer les questions éthiques et esthétiques.

Walter Benjamin : thèses sur le concept d'histoire. Avec Michael Lowy sur France Culture.


(0)
2037 Vues
0 commentaire
12.10.2011

Nous sommes habitués à classer les philosophies de l'histoire selon leur caractère progressiste ou conservateur, révolutionnaire ou nostalgique du passé. Walter Benjamin échappe à ces classifications. C'est un critique révolutionnaire de la philosophie du progrès, un nostalgique du passé qui rêve de l'avenir, un romantique partisan du matérialisme. Il est, dans tous les sens du mot, inclassable.
Les thèses "Sur le concept d'histoire" de 1940 sont son dernier écrit, rédigé peu avant son suicide - suite à l'échec de sa tentative d'échapper à la Gestapo et à ses collaborateurs français. Quelques pages qui constituent l'un des textes les plus importants du XXe siècle, et peut-être le document le plus significatif dans la pensée critique depuis les "Thèses sur Feuerbach" de Marx. Texte allusif, voire sybillin, cependant, dont l'hermétisme est constellé d'images et d'allégories, semé de paradoxes, traversé d'intuitions qui ont déconcerté les plus grands lecteurs.
L'objectif de ce Michael Löwy est moins de juger les Thèses de Benjamin que d'essayer de les comprendre. Sa lecture ici proposée n'a pas vocation à être la plus correcte, la plus vraie ou la plus scientifique. Mais, là où tant d'autres ne voient que contradiction ou ambiguïté, elle met en évidence une cohérence fondamentale, dont la clé est constituée par l'affinité élective (au sens de Goethe) construite par Benjamin entre trois discours hétérogènes : le romantisme allemand, le messianisme juif, le marxisme révolutionnaire, dont son écriture produit au bout du compte une sorte de fusion alchimique. Plutôt qu'une interprétation, c'est une ouverture de l'histoire que Benjamin a entendu opérer par ce moyen.

Plaisirs, désirs et aliénations. Avec Dany-Robert Dufour aux Rencontres d'Uriage.


(0)
1333 Vues
0 commentaire
13.10.2013

L'invention de la pin-up aurait-elle permis au capitalisme mondial de surmonter la crise de 1929 ?
C'est en tout cas la thèse que défend Dany-Robert Dufour qui voit dans cet épisode fondateur le passage d'un capitalisme de production, en crise de surproduction chronique, au capitalisme libidinal, qui instrumentalise nos pulsions les plus profondes pour les mettre au service de l'ordre marchand.
Les grandes conquêtes contemporaines -considérées comme telles par l'individu- n'auraient-elles été que des stratégies commerciales finissant par nous déposséder de nos vraies richesses ?

Comment la vérité et la réalité furent inventées. Avec Paul Jorion pour Citéphilo à l'Université Catholique de Lille.


(0)
1495 Vues
0 commentaire
23.11.2012

Paul Jorion vient présenter un travail ambitieux qui se veut une contribution à l'anthropologie des  savoirs.
Quel est le lien entre réalité et vérité ? Comment l'un dépend-t-il de l'autre ? Comment l'un entraîne-t-il nécessairement l'autre ?
L'anthropologue qu'est Paul Jorion met ainsi en lumière une confusion qui eut lieu entre ces deux concepts en montrant comment celle-ci donna naissance à la science contemporaine. Et c'est pourquoi sont interrogés, tout au long de cette conférence, les périodes de la Grèce du IV siècle av. JC et de l'Europe du XVIème siècle, et les domaines de la philosophie, de l'astronomie ou des mathématiques.

Défense et critique de la psychanalyse. Débat entre Michel Onfray et Boris Cyrulnik à Ollioules.


(0)
2036 Vues
0 commentaire
08.04.2011

Après la controverse, largement médiatisée, entre les psychanalystes et Michel Onfray pour sa critique de Freud dans la Contre-Histoire de la Philosophie, un échange constructif et éclairé peut enfin prendre place : Boris Cyrulnik, psychanalyste, éthologue et psychiatre, ouvre ainsi le premier véritable débat sur la psychanalyse avec Michel Onfray.
Freud et son héritage sont si présents dans notre société contemporaine que l’inconscient, le complexe d’OEdipe ou l’acte manqué sont des concepts utilisés dans la vie courante et finalement peu remis en cause.
Cette rencontre de deux penseurs aux vues divergentes laisse place au libre examen de la psychanalyse, dans sa pratique actuelle comme dans ses fondements, pour nous offrir une réflexion passionnante, claire et pénétrante, qui sort du temps de la médiatisation pour se développer librement et intelligiblement dans le temps de la réflexion.

La science, la métaphysique, la religion et la question de leur avenir. Avec Jacques Bouveresse au Collège de France.


(0)
1227 Vues
0 commentaire
12.10.2012

Ernest Renan est souvent vu comme un laïcard forcené, n'ayant cessé de guerroyer contre la religion au nom d'une philosophie positiviste et progressiste.
Au-delà des clichés, quelles ont élé les positions de Renan sur le devenir des sciences, de la métaphysique et de la religion ?
Son positionnement risquent d'en étonner plusieurs, et l'on trouve sous sa plume des mots bien plus réalistes que ce que nous voulons bien nous souvenir.

Marxisme et romantisme. Avec Michael Löwy aux "Espaces Marx" à Paris.


(0)
1698 Vues
0 commentaire
15.10.2011

Le romantisme peut être défini -dans les termes marxistes- comme une révolte contre le capitalisme, faite au nom de valeurs pré-capitalistes (destruction de la qualité par la quantité).
Cette tendance s'est souvent intégrée au mouvement révolutionnaire.
Est-il pour autant possible d'adjoindre les visions du mondes marxistes et romantiques sans friction ? Un romantisme révolutionnaire dénué d'ambiguïté est-il envisageable ?

Achever Clausewitz. Avec René Girard à l'espace Bernanos, à Paris.


(0)
1413 Vues
0 commentaire
17.10.2007

Observateur des campagnes napoléoniennes, Clausewitz a compris la nature de la guerre moderne : les termes de "duel", d'"action réciproque" ou de "montée aux extrêmes" désignent un mécanisme implacable, qui s'est depuis imposé comme l'unique loi de l'histoire.
Loin de contenir la violence, la politique court derrière la guerre : les moyens guerriers sont devenus des fins.
René Girard fait de Clausewitz le témoin fasciné d'une accélération de l'histoire. Hanté par le conflit franco-allemand, ce stratège éclaire, mieux qu'aucun autre, le mouvement qui va détruire l'Europe.
"Achever Clausewitz", c'est lever un tabou : celui qui nous empêchait de voir que l'apocalypse a commencé. Car la violence des hommes, échappant à tout contrôle, menace aujourd'hui la planète entière.

Le livre est présenté sous forme d'un entretien conduit par Benoît Chantre.