Apparues dans le mouvement altermondialiste et écologiste à la fin des années 1990, les revendications actuelles autour du "commun" s’élaborent via une intense réflexion théorique et de nouvelles formes de lutte, articulées sur une résistance à l’appropriation capitaliste et étatique et sur une recherche pratique de nouvelles formes d’autogouvernement.
C’est cette donne nouvelle qu’analyse en détail Christian Laval, en s’appuyant autant sur les processus en cours que sur la critique des interprétations qui font écran à leur compréhension.
Il sera ainsi posé en principe que le commun n’est pas le caractère intrinsèque de certains biens mais constitue la dimension de l’inappropriable. Le commun ne peut donc désigner un objet de propriété : il est bien plutôt ce qui résiste à toute classification des biens, comme à toute typologie des formes de propriété. Aucune chose n’est en soi ou par nature "commune". C’est l’activité des hommes qui rend telle ou telle chose commune en la soustrayant aux logiques d’appropriation et en la réservant pour l’usage commun, en fonction de la détermination collective de fins sociales.
En ce sens, le commun renvoie toujours à une pratique qui vise à l’instituer. Cette institution consiste dans la co-production de règles de droit engageant tous ceux qui ont participé à cette activité.
Enfin, le commun ne relève pas d’une "gouvernance" pacifiée fonctionnant au consensus, il ne se constitue, ne se maintient et ne s’étend que dans et par le conflit. Contre toute illusion gestionnaire, il faut affirmer que ce qui est institué comme commun ne peut l’être que dans une opposition active à tout processus de privatisation ou de confiscation étatique.
Ainsi, "commun" est le nouveau nom d’un régime de pratiques et de luttes ouvrant sur un avenir non capitaliste.
Index chronologique de la conférence :
00:00 : De l’importance des rencontres plurielles (entre personnes qui ne sont pas sur la même ligne idéologique) pour sortir des cases pathologiques dans lesquels le Capital nous place.
02:30 : Développement du concept de fétichisme de la marchandise.
04:00 : Historique du concept de fétichisme de la marchandise , origine de la philosophie , des arts et de l’écriture.
08:35 : Passage des communautés de l’être aux sociétés de l’avoir.
12:18 : De la fonction aliénatoire de la philosophie.
17:30 : De la vieille marche germanique qui a fait émmerger l’Europe comme berceau des insurrections les plus subversives.
25:05 : Du mouvement ouvrier, du communisme, du Marxisme, du socialisme, du Blankysme, du Proudhonisme, du Bakouninisme.
37:10 : Du bolchévisme et des luttes de libération nationale.
39:00 : De l’oubli de l’histoire et de l’oubli de l’être.
41:00 : De l’aliénation , de la chosification et de la réification.
49:40 : De la politique.
51:00 : De la crise, de la baisse tendentielle du taux de profit, de la saturation des marchés, de la guerre, de la fin des Etats nations.
1:04:00 : Du terrorisme : instrument de la manipulation du spectacle Etatique de la marchandise universelle. Spectacle théatral de la géopolitique globale.
1:21:10 : De la réinformation et des complots.
Questions/Réponses :
1:27:48 : Combien d’ agents de la CIA y’a-t-il parmis nous ?
1:34:15 : Comment situez-vous un de Gaulle ?
1:36:16 : Partant de Bordiga, peut-on dire que l’antisionisme est le pire produit du sionisme ?
1:45:13 : Sur quels points Marx est-il d’ accord avec Hegel et à quel moment s’en sépare-t-il ?
1:50:22 : Comment concilier l’approche de Marx et la vie dans le monde actuel ? Et comment vivre sans argent ?
2:00:23 : Question sur la politique d’immigration et d’assimilation culturelle. La communauté de l’être se fera-t-elle en même temps sur tous les continents ou à différentes échelles ?
2:08:40 : Quelle est votre perception du Christ et est -il pour vous de descendance divine ? En quoi l’ Islam s’ inscrirait à l’instar du judaisme , dans l’ évolution et le dévellopement du fétichisme de la marchandise ?
2:16:00 : Dans votre analyse des dires du Christ, est-ce que vous vous êtes posé la question de la véracité des paroles ?
2:16:40 : Pensez vous que la naturopathie n’était pas une digestion par le capital d’un mouvement de l’être arrivant à une époque ?
La "philosophie politique" est le singulier croisement, effectué par Aristote, de deux produits de l'histoire grecque. Depuis lors, toute la pensée politique se nourrit de celle d'Aristote. Il convient d'analyser les livres fondateurs de cette pensée fondatrice pour en livrer à tous l'intention singulière et le sens universel.
Les problèmes des cités où vécut Aristote ne sont sans doute pas ceux de nos états. Et pourtant les réflexions philosophiques d'Aristote sur ces problèmes peuvent toujours éclairer nos questions.
Tous les pouvoirs sont-ils du même type ? Est-il naturel d'obéir ? Qui doit commander ? Quel est le meilleur régime ? Qu'est-ce que la justice en politique ? Qu'est-ce que la démocratie ?
Ceux-là même qui ne veulent pas en entendre parler pourraient entendre quelles inquiétudes cache ce mot de "politique" : pourquoi vivre ensemble ? et comment vivre ensemble ?
Le philosophe Dominique Pagani écrit actuellement une "Histoire de la musique" après avoir dirigé le Centre de Formation et de Promotion Musicale de Niamey au Niger.
En effet, la philosophie entretient un rapport ancien avec la musique. Platon, Aristote, Hegel, ont tous évoqué le "mouvement intérieur", la voix ou encore l'harmonie. Rousseau fut un musicien réputé qui influença le jeune Mozart. Et Schopenhauer ou Nietzsche ne conçoivent pas la vie sans musique...
Encore une brillante leçon d'un pédagogue hors pair.
Comme on sait, la langue grecque ne disposait que d’un seul mot, logos, pour dire le langage et la raison. C’est, en un sens, une fâcheuse ambiguïté et, en un autre sens, une heureuse coïncidence.
Nous voudrions montrer ce que perd la faculté de penser "rationnellement" à être envisagée séparément de l’aptitude à parler, dans sa double dimension : parler de (quelque chose) et parler à (quelqu’un). Sans l’assise du langage, la raison déraisonne.
Nous tenterons de le montrer sur deux exemples : d’un côté l’argument idéaliste est irréfutable, mais il implique la perte de tout rapport au monde, lequel est donné immédiatement par la structure prédicative du langage ; d’un autre côté, l’argument réduisant à néant l’identité du moi est tout aussi irréfutable, mais il implique la perte de tout rapport à soi, lequel est donné immédiatement par le "je" et la structure indicative du langage.
Inversement, nous nous efforcerons de suggérer ce que, positivement, "la" raison doit au langage, en particulier ce que ses deux principes constitutifs les plus généraux, le principe de contradiction et celui de raison suffisante, doivent à la structure du langage humain.
Nombre de questions sont ici abordées, dans des domaines aussi divers que la philosophie, l'histoire des idées, la physique quantique, la liberté d'expression où les sciences politiques.
- Comment définis-tu le relativisme cognitif, et en quoi est-ce une erreur ?
- Qu'est-ce qu'on appelle le post-modernisme, ou POMO, et en quoi est-ce une impasse ?
- Le relativisme cognitif est-il une spécificité française ?
- Quelles sont les trois ou quatre plus récurrentes bêtises que tu entends sur le monde quantique ?
- Peux-tu tirer un bilan de l'affaire Sokal, 15 ans après ?
- Quel lien fais-tu entre ton travail scientifique et tes engagements politiques ?
- Quels sont tes partenaires dans cette démarche, outre Chomsky ?
- Science politique, science historique : loi Gayssot et lois mémorielle Quels sont les œuvres/ouvrages qui t'ont le plus marqués dans ta construction d'intellectuel ?
Et en bonus, une phrase lapidaire à retenir pour les férus d'histoire des idées : "Le relativisme, c'est l'idéalisme + la décolonisation" !
Susan George, philosophe et président d’honneur d’Attac, explique la crise économique en cours comme la conséquence du néolibéralisme, doctrine héritière partielle du libéralisme classique tout en en pervertissant l'idée de liberté.
Au contraire, Alain Laurent, philosophe libéral, défend le néolibéralisme qu'il estime être une déclinaison des thèses du libéralisme classique aux conditions actuelles. Il voit plutôt l'origine de la crise dans une intervention trop forte de l'état dans la sphère économie.
Il est difficile de définir le libéralisme, car on ne peut pas rattacher cette idéologie à un auteur unique. Elle est le fruit d’une longue construction théorique. En son essence, le libéralisme pose l’individu et ses libertés au centre du monde, et l’individu comme être antérieur à la société. La déclinaison économique de cette anthropologie est l’homo œconomicus, dont le but est de maximiser son intérêt bien compris.
Une conférence qui nous permet de saisir à quel point la conception libérale de l'homme règne aujourd'hui en maître dans le royaume des idées.