Paul Ricoeur consacre sa conférence à la mémoire et aux phénomènes mnémoniques, tout en méditant sur le sens de l'oubli.
Sa réflexion s'encadre dans une herméneutique de la condition historique des humains que nous sommes : c'est bien la problématique de la représentation du passé qui l'occupe.
Entre le trop de mémoire ici et le trop d'oubli ailleurs, il paraît sage de recourir à l'idée d'une politique de la juste mémoire.
L'autorité, il faut l'avouer, a mauvaise presse de nos jours. Ce qui est devenu quasiment impossible, c'est un plaidoyer pur et simple pour l'autorité. Alors quoi d'autre ?
Ce que nous propose Paul Ricoeur, c'est la redécouverte des questions inéluctables que tend à dissimuler une conception non-dialectique de l'autorité, dans la mesure où elle se donne comme une réponse qui efface la question.
Pour reconquérir la dimension problématique perdue, il nous propose le paradoxe initial suivant : d'une part, ce qui autorise vient de plus loin que ce qui est autorisé ; mais, d'autre part, l'autorisation ne va pas sans une relation dissimulée de réciprocité. Cette réciprocité dans la dissymétrie ouvre le champ à une suite de variations qui tournent toutes autour de ce point opaque : quelque chose de plus haut autorise l'autorité, mais ce quelque chose qui autorise ne vaut que s'il est reconnu ; il existe une relation en retour qui fait de l'autorisation à la fois le fondé et le fondant.
Julius Evola (1898-1974) est un philosophe italien, penseur entre autres de la virilité et de la tradition. Il répond ici aux questions de Dominique de Roux, dans le cadre des enregistrements des Archives du XXe siècle.
Quelque temps avant sa mort, vieilli, paralysé mais toujours alerte, l'aristocrate italien y évoque les thèmes de l’essence de ses ouvrages, sa période artistique dadaïste, ses rapports avec René Guénon, ainsi qu’avec les régimes politiques de l’époque, et bien d’autres explorations métaphysiques.
Sommes-nous plongés dans une crise conjoncturelle, qui appelle des mesures gestionnaires comme la réunion du G20 de Londres l'illustre bien, ou sommes-nous plutôt engagés dans une crise structurelle où les événements que nous traversons pourraient se comprendre comme les soubresauts d'un monde capitaliste à l'agonie ?
Francis Cousin et Alain de Benoist tiennent chacun un discours différent mais finalement complémentaire, visant à dénoncer la logique marchande et à revaloriser un certain rapport à l'être, largement oublié par notre monde ou l'avoir règne en maître.
Émission du Libre Journal de François de Sainte-Marie.
Renoncer au mot de religion, pour y voir un peu plus clair dans le monde toujours opaque des croyances. C'est à cette conclusion qu'a abouti Régis Debray, après maintes années de recherche.
Avec cette mise au point qui résume l'essentiel de ses travaux, il nous expose cette nécessité de façon succincte, élégante et rigoureuse. Ce retour aux sources de notre vocabulaire et de nos façons de penser s'adresse de préférence à l'homme du commun, soucieux de comprendre, tout bonnement, de quoi on parle quand on dit, et mélange à la va-vite, les mots de religion, symbolique, sacré, spirituel ou croyance.
Le but : montrer que sous ce mot trompeur, "la religion", il n'y a que des réalités immémoriales et toutes simples, qui nous concernent tous - y compris ceux qui croient n'en avoir aucune.
Comment des structures fonctionnelles aussi complexes que les virus et les réseaux de neurones émergent-elles ? Découlent-elles nécessairement d'un projet intentionnel, voire d'une volonté providentielle ? Ou bien ces ensembles complexes sont-ils capables de s'organiser eux-mêmes ? Henri Atlan tente, dans cette conférence, de répondre à cette question fondamentale.
Démontrant ici toute la richesse du concept d'auto-organisation, il fait apparaître les limites des modèles informatiques adoptés par la génétique depuis des décennies et fait émerger de nouvelles méthodes scientifiques pour modéliser le réel.
D'une redéfinition complète de la cellule à une analyse révolutionnaire des actions volontaires et à une nouvelle conception de l'unité entre le corps et l'esprit, Henri Atlan nous ouvre de nouvelles perspectives pour penser la complexité du vivant et de l'humain.
L’œuvre de Cornelius Castoriadis offre au lecteur l’aspect d’un vaste chantier de réflexion où sont sans cesse retravaillés les mêmes matériaux. Cette pensée ne présente pas au premier abord une forme unitaire, mais offre au contraire un aspect hétérogène : l’extrême diversité des problèmes sur lesquels a réfléchi Castoriadis -le vivant, le psychisme, la société, l’histoire, la création, la politique- ainsi que l’extrême diversité de ses références peuvent dérouter.
Un retour sur son parcours personnel permet de mieux comprendre la genèse et l'unité de cette pensée foisonnante, centrée sur ce que l'on pourrait appeler l' "imaginaire radical".
Alors que la révolution numérique bouleverse la notion de publication, Bernard Stiegler s'attache à comprendre l'évolution du concept et de la pratique de la République.
L'Internet et le Web sont porteurs de potentialités inouïes, qui ne sont pas encore mesurées. Ce processus pharmacologique fait pour l'instant l'objet d'une capture par de grandes compagnies internationales qui mettent en péril nos sociétés démocratiques.
C'est en convoquant les mythes grecs et leur historien Jean-Pierre Vernant que Bernard Stiegler tente de clarifier les enjeux de cette nouvelle écriture numérique qui vient bouleverser les équilibres fragiles de notre cité.
Conférence prononcée dans le cadre de l'exposition Res Publica.