Le dominicain espagnol Francisco de Vitoria (1486-1546) fut le précurseur du droit international et l'ardent défenseur des populations amérindiennes face aux conquérants espagnols. Face a une représentation exclusivement volontariste de la loi, Vitoria tente une interprétation moderne de la pensée thomasienne et une méditation de ce qu’elle apporte pour affronter les nouveaux problèmes émergeant au début du XVIe siècle.
À l'occasion de la traduction inédite du cours qu’il a prononcé pendant l'année 1533-1534, consacré à un commentaire du "Traité des Lois" contenu dans la "Somme théologique" de Thomas d'Aquin, Gaëlle Demelemestre et Blandine Kriegel nous invitent à réfléchir sur l'origine des "droits de l'homme", enracinés dans une philosophie politique et un contexte bien particuliers.
Le terme philo-sophie provient du grec ancien philosophia qui est composé de philein (aimer, rechercher, poursuivre) et de sophia (le savoir de l’être, la sagesse des causes profondes). Il signifie littéralement le mouvement du rechercher qui, à partir du fond du cœur, tend à la vérité de l’être et il désigne l’activité du creuser critique telle que celle-ci est née au milieu du VII° siècle avant Jésus-Christ en Grèce d’Asie mineure.
La définition de la philo-sophie peut ainsi être présentée comme celle d’un savoir totalisant, articulée sur une réflexion de fond visant une interprétation globale des fondements du monde et un questionnement sur l'existence susceptible de dé-celer tous les celer qui dissimulent l’homme à lui-même.
La philo-analyse en tant qu’exploration du philein, est donc là le commencement de tous les commencements puisque c’est elle qui explore le chemin de toutes les ouvertures à la satisfaction du vrai vivre.
En tant qu’approfondissement du se rechercher dans l’amour de l’être, elle propose de comprendre les racines de l'humain en faisant ressortir la vérité historique des expériences conscientes et inconscientes qui font le réel du vécu quotidien.En tant que dé-couverte des véritables parcours objectifs de la totalité sociale qui configure pulsions et motivations, envies et aversions, craintes et joies, rêves et cauchemars, conduites et personnalités, la philo-analyse approche la souche de ce par quoi chacun se déploie typiquement tel qu’en la détermination de son soi propre.
L’essence logique de la vérité caractérise l’essence historique de l’être lui-même. C’est pour cela que la philo-analyse peut parler avec consistance de la vérité de l’essence du vivre puisque la consistance de son parler tient tout entier dans l’essence de la vérité vivante laquelle renvoie originellement à l’obligation pour se trouver de s’arracher d’abord à tout ce qui occulte la nature de l’être humain.
Par delà tous les déguisements sociaux qui ont déformé et dégradé historiquement le sens du sens, la philo-analyse expose que la question de toutes les questions ce n’est pas la nature, la logique où l’homme considérés séparément mais les trois dans leur connexité d’essence vitale. En effet, l’essence de la vérité en son authenticité originelle se ramène exclusivement au mouvement réel du développement de la vie de l’être que la philo-analyse distingue et retrouve en sa totalité en le dégageant des distorsions opérées par les connaissances infirmes qui le divisent et le morcellent.
Charles Robin, enseignant de formation philosophique, donne ici une conférence en partenariat avec la revue Éléments.
Il applique sa grille critique du libéralisme au monde de l’éducation et s'attache à comprendre l'évolution de l'école et l'incidence de la disparition de la "valeur esprit" (Paul Valéry) dans la formation des jeunes générations.
Le capitalisme est une réduction-marchandise du monde qui fait abstraction du caractère qualitatif des êtres vivants, de l’activité humaine, pour réduire ceux-ci à une dimension quantitative (valeur économique) exprimée mathématiquement.
La science moderne, quant à elle, est une réduction-arithmétique et géométrique du monde qui fait abstraction du caractère qualitatif des phénomènes naturels et des êtres vivants pour réduire ceux-ci à une dimension quantitative (mise en équation/en algorithmes du monde) exprimée mathématiquement.
Cet isomorphisme structurel témoigne de ce fait capital : la valeur est un "phénomène social total".
Ainsi, le capitalisme envahit l’ensemble du réel, jusqu’à notre forme de pensée. Le savoir, scientifique en l’occurrence (notre forme de savoir de référence), n’échappe pas à ce totalitarisme capitaliste, nécessitant l’ébauche d’une théorie critique radicale du savoir scientifique ayant pour objectif final d’esquisser une épistémologie scientifique post-capitaliste.
Une bonne part de l’activité philosophique ou scientifique consiste à se demander : "Qu’y a-t-il ?" Et la plupart de ces ontologies sont "réformatrices". Elles se demandent en fait : Qu’y a-t-il vraiment ? Elles s’efforcent de respecter deux exigences : dépasser les apparences, limiter les entités.
Mais la première exigence rencontre généralement une objection relativiste sous une forme phénoméniste : on ne peut savoir ce qu’il y a vraiment, on ne saura jamais que ce qui nous apparaît.
La seconde rencontre généralement une objection relativiste sous une forme nominaliste : toute réduction du nombre d’entités est soumise à l’arbitraire du découpage linguistique.
Toute ontologie réformatrice doit se fonder sur des critères permettant de distinguer les entités réelles des apparentes, ou les degrés de réalité des différentes entités.
Les trois critères ontologiques les plus obvies et les plus souvent utilisés sont les suivants: la permanence (sempiternité ou immuabilité) ; l’indépendance ou séparabilité ; la concevabilité. Ces critères ne sont pas toujours concordants. Et selon le poids qu’on accorde à tel ou tel, ou la manière dont on répond aux deux objections précédentes, le destin d’une ontologie réformatrice est souvent de s’achever, soit dans une logique (formelle), soit dans une physique (scientifique) — lesquelles en marquent la réalisation la plus élevée, ou l’échec.
Une autre position du problème "qu’y a-t-il ?" est possible : une ontologie qui, au lieu d’être réformatrice, serait purement descriptive, c’est-à-dire à notre mesure humaine — à condition qu’elle puisse répondre aux deux objections de type relativiste précédentes et valoir universellement.
Nous défendrons l’universalité d’une ontologie descriptive fondée sur trois types d’entités : les choses (déterminées par ce qu’elles sont), les événements (déterminés par le fait qu’ils causent ou sont causés par d’autres événements), et les personnes (définies comme des choses susceptibles de causer des événements — lesquels deviennent ainsi des actes).
Aux arguments déductifs, nous joindrons deux preuves par les effets anthropologiques : cette tripartition des êtres est, d’un côté, au fondement de la division des arts ; et, d’un autre côté, au fondement de la vie sociale réglée par les exigences du Droit.
Examinant les valeurs de ceux qui sont dans le camps du progrès et ceux appartenant à celui de la réaction, Régis Debray montre qu'aujourd'hui, des progrès multiples, complémentaires et pluridisciplinaires se sont substitués à la notion totalitaire, abstraite et idéalisée d'un progrès censé changer le monde.
Il revient également sur son propre itinéraire, livrant une analyse morale et philosophique.
En revenant longuement sur la signification profonde de Noël et sur la personne du Christ, Francis Cousin nous rappelle la radicalité du message évangélique, au-delà des impostures que constituent le judaïsme et l'islam.
C'est bien l'amour incarné qui doit guider la communauté de l'être, et qui constitue notre horizon révolutionnaire .