Existe-t-il une pensée dominante et si tel est le cas, quel en est son contenu ? Est-elle une pensée de classe ou un consensus à l'échelle de la société ? Quelle est l'objectif de la pensée dominante et quelle est son influence sur la lutte des classes ? François Bégaudeau, héritier des pensées marxiste et anarchiste, répond à ces questions d'une actualité brûlante.
Dans un second temps, le sociologue et politologue Gil Delannoi donne la réplique : pourquoi les élites sont-elles acquises à une pensée dominante ? Est-ce un phénomène social évitable ou le propre même de toute société ? Des solutions existent-elles pour limiter ces effets dans notre société démocratique ou faut-il nécessairement envisager un changement de système ?
Dans une première partie, le journaliste et économiste Guillaume Travers présente la réédition du livre de Georges Valois La Révolution nationale, dans lequel Valois exalte ce qui n’a pas de prix, la grandeur et l'héroïsme, contre ce qui est calculable. Un livre adressé aux hommes des grandes nations et rédigé pour lever une nouvelle élite de combattants : un livre pour notre temps.
Ensuite, le philosophe et urbaniste Pierre Le Vigan nous présente ses travaux sur la période contemporaine qui peut être caractérisée, sur le plan politique, par un "Grand Empêchement" induit par la vision libérale du monde qui lui est consubstantielle.
Émission du "Libre Journal de la nouvelle droite", animée par Thomas Hennetier.
Bien que de nature radicale, les évolutions politiques, géopolitiques, institutionnelles, économiques et juridiques actuelles, passent souvent sous le radar des analystes, qui ne voient que l'écume des transformations.
Les français, qui perçoivent de façon diffuse la gravité des évènements en cours, sont limités par leur perception et ne comprennent, trop souvent, pas la cohérence de long terme des évènements. Car, sur le modèle de la tectonique des plaques, les modifications auxquelles nous assistons, préparées de longue date et longtemps restées invisibles, deviennent brutalement apparentes aux yeux de tous.
Privés d'analyses cohérentes sur la durée, les français ne disposent pas de réelles armes pour défendre le modèle de société qu'ils avaient accepté et qui leur est retiré, de façon aussi sournoise qu'autoritaire. Face à l'apparente inéluctabilité des phénomènes auxquels nous assistons, une réaction par le rejet est aujourd'hui la seule alternative politique disponible.
À l'heure des bilans, le travail de Valérie Bugault apporte des clefs de compréhension systémique du désordre mondial tout en énumérant les conditions du renouveau civilisationnel.
Ni l'élection ni la possible réélection de Donald Trump ne sont compréhensibles pour les Français. Nul ne leur explique que l'Amérique a une culture politique différente de la nôtre, et particulièrement la droite américaine.
La haine anti-Trump, médiatiquement unanime, a caché qu'une partie non négligeable des Américains soutiennent sans faille le Président sortant.
Comment comprendre l'émergence de cet homme ? Est-il un accident de l'histoire américaine ou bien l'expression d'une tendance lourde, longtemps enfouie et aujourd'hui réveillée, voire structurante, de la vie politique américaine ?
Et si Donald Trump était le fruit de l'histoire américaine ? C'est à travers l'histoire de la droite américaine que nous voyons apparaître un Trump inconnu de la presse française, loin du libéralisme et des guerres démocrates, cherchant à sauver l'Amérique en tant que Nation pour ne pas la voir mourir comme Empire.
Qu'est-ce que la souverainté ? Quel est le rapport entretenu avec la puissance ? Comment ces concepts s'incarnent-il ?
Alors que notre pays perd chaque jour un peu plus la maitrise de son destin, il est important de comprendre les outils qui permettent à un peuple de se penser et de se vivre comme une entité politique autonome.
Alors que le gouvernement suisse a déclaré la situation sanitaire actuelle comme "extraordinaire" au sens de la loi sur les épidémies, il s'est accordé les pleins pouvoirs dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Dans ce contexte d'exception, comment peut-on encore défendre la démocratie ? Et d'ailleurs, a-t-elle encore quelque chose à dire ?
Auteur de travaux sur la question de la temporalité démocratique et sur la démocratie direct, Antoine Chollet est chercheur et professeur de sciences politiques. Il travaille notamment sur les théories de la démocratie, sur la pensée politique contemporaine ainsi que sur le nationalisme, en particulier dans sa variante suisse.
La Révolution française fut aussi une Révolution des idées. En sapant les bases de l'Ancien Régime, les Lumières ont fondé la vie politique moderne. De la Déclaration des droits de l’homme (1789) à la prise du pouvoir de Napoléon Bonaparte (1799) en passant par la journée du 10 août 1792, les événements dramatiques se succèdent à un rythme exténuant.
Après s'être plongé dans les débats qui se déroulent dans les assemblées, au sein des clubs, des sociétés et dans une profusion de journaux ou de libelles, Jonathan Israel distingue trois courants de pensée : les Lumières radicales, les Lumières modérées et la mouvance populiste.
La tendance "radicale" se bat pour une démocratie sans restriction, fondée sur l'universalisme et la laïcité. La deuxième – dite "modérée" – est plus conservatrice. Elle entend préserver la monarchie et s'inspire de l'Angleterre. Le dernier courant, le populisme autoritaire, prend forme au cours de la Révolution et n'a pas d'antécédent. Incarné par Robespierre, ce mouvement se réclame du peuple et de Jean-Jacques Rousseau. Il impose la Terreur, corrompant les principes mêmes des Droits de l'Homme.
Bousculant l'histoire de la démocratie, Jonathan Israel nous rappelle à quel point la Révolution française fut novatrice en la matière, malgré la violence qui l'accompagna – et sur laquelle il ouvre une réflexion originale.
Un entretien mené par Paul Chopelin.
Le déclin du christianisme au XXe siècle a créé un vide, rapidement comblé par les idéologies. On oublie souvent que le libéralisme constitue une des quatre grandes idéologies du XXe siècle parmi le communisme, le national-socialisme et le fascisme. L'idéologie libérale règne en maître sur nos institutions. Née au XVIIe siècle à la suite des guerres de religion, le libéralisme s'est imposé comme la seule issue possible au conflit. En prétendant neutraliser le domaine public, pour préserver l'État des guerres civiles religieuses, la doctrine libérale à inauguré un nouveau type de société dans laquelle coexistent deux sphères : la sphère publique, celle de la neutralité, et la sphère privée, celle des opinions individuelles. Désormais, ni l'Histoire nationale, ni les principes d'une civilisation, ni plus aucune coutume ou tradition ne sont légitimes pour fonder le droit.
Cette nouvelle doctrine laisse en réalité réapparaître le conflit sous une forme encore plus virulente. La société civile, d'autant plus dans le contexte de la mondialisation et du multiculturalisme, est en proie non seulement à une guerre des ego mais aussi à des conflits religieux, ethniques, communautaires et idéologiques. Les conflits ne sont pas résorbés, ils irradient la société toute entière en prenant de nouvelles voies. On ne lutte plus sur le terrain de la guerre physique, mais les armes ont seulement changé de nature : lobbying, campagnes médiatiques, propagande publicitaire, criminalisation des opinions, intimidations, dénonciations… Le neutralité n'existe pas, Héraclite le disait déjà dans l'Antiquité : le conflit est père de toute chose. La société libérale se présente comme la seule alternative pragmatique, "l'empire du moindre mal" (Jean-Claude Michéa), mais en fait elle repose sur l'hypocrisie, elle est la société du conflit larvé permanent.