Heidegger, tout au long de son chemin de pensée, aura été entouré de "penseurs juifs", élèves ou collègues, interprètes ou critiques, adversaires ou héritiers : Husserl, Arendt, Marcuse, Jonas, Cassirer, Derrida, Freud, Lukacs, Levinas, Strauss, Anders, Buber, Celan, Adorno, Benjamin, Rosenzweig...
L'intervention de Peter Sloterdijk n’entend pas au premier chef statuer sur les rapports d'Heidegger et le judaïsme, ou sur Heidegger et l’antisémitisme ou même sur Heidegger et les Juifs. Il s’agit de considérer ou de reconsidérer le travail et la figure d’un des plus importants philosophes du XXe siècle et de s'interroger : en quoi et pourquoi le "judaïsme" demeure-t-il pour Heidegger de l’ordre d’une dette impensée ?
C'est en revenant sur le rapport que le penseur souabe entretenait à l'histoire que Peter Sloterdijk tente de comprendre l'aburdité de sa compromission politique avec le National-socialisme, que la publication récente des Cahiers noirs fait apparaître sous un jour encore plus cru.
Pour ce septième numéro de Sécession, le second diffusé sur TV Libertés, Julien Rochedy revient, en compagnie de Christopher Lannes qui l'interroge, sur l'actualité politique française, à la veille du premier tour des élections présidentielles.
Dans un second temps, quelques réflexions profondes sur les leçons de l'Histoire sont esquissées, toujours dans le cadre de l'élaboration de la pensée "civiliste" qui doit pouvoir, à terme, structurer une force politique de droite.
Enfin, en dernière partie, des réponses sont données aux questions des spectateurs du précédent numéro de Sécession.
Comprendre le sens profond de notre histoire et s'approprier la critique radicale de l'ordre marchand aliénant requiert un effort : celui de se plonger dans le récit des expériences des mouvements radicaux en recherche d'émancipation et dans les textes de ses principaux témoins et théoriciens (présocratiques, Hegel, Marx).
Alors que le spectacle de la marchandise nous pousse au narcissisme, à l'inculture et au zapping, comment pouvons-nous nous approprier ce savoir critique et plus encore, le transmettre autour de nous ?
Antonio Gramsci (1891-1937) est un des grands penseurs du XXe siècle. Militant socialiste, il rallie la révolution d'octobre 1917 et devient membre fondateur du parti communiste italien, puis son secrétaire général. Il combat le fascisme jusqu'à son arrestation par Mussolini en 1926. Emprisonné, il rédige ses fameux Cahiers de prison.
Cette recherche immense et inachevée est l’œuvre italienne moderne la plus citée dans le monde. Elle propose une déconstruction des marxismes dogmatiques du XXe siècle et une reconstruction qui a pour axe l'équation philosophie/histoire/politique.
En France, Gramsci est en fait peu connu, même si certains de ses concepts (hégémonie, conception du monde, intellectuels, bloc historique, révolution passive, américanisme) sont pillés et utilisés comme des instruments idéologiques par tous les camps, même si sa conception des rapports entre nord et sud, subalternes et dirigeants, nourrissent les subaltern et cultural studies anglo-saxonnes.
Le fil conducteur de cette pensée cohérente et critique, révolutionnaire et multiple, est la conception d'un monde assurant la sortie de la passivité qui engloutit et neutralise les masses subalternes et tente de préciser les formes et les contenus des combats décisifs.
Charles Robin, proche des pensées de Michéa et de Clouscard, s'entretient avec Francis Cousin, héritier des groupes radicaux se revendiquant de l'insurrection de la communauté de l'être, des présocratiques à Marx.
Cet échange est plus particulièrement orienté sur la question du sens historique du devenir : comment prenons-nous conscience de notre aliénation marchande, et, ce constat posé et admis, que devons-nous faire ?
La conscience vraie, radicale, enracinée en la communauté de l'être et révolutionnaire est-elle l'apanage d'une aire civilisationnelle particulière ? Comment devons-nous en comprendre l'émergence ?
Francis Cousin discute de ces sujets (et de bien d'autres) avec une étudiante algérienne qui apporte son expérience et ses questions propres à son parcours et à sa culture.
La vérité scientifique se détache de la conscience qui l'a élaborée puisque, à un certain degré d'approximation, elle vaut éternellement. En va-t-il de même pour la reconstitution historique ? L'historien ne s'exprime-t-il pas, lui-même et son époque, dans sa vision du passé ? Est-ce l'homme d'un temps ou un moi transcendantal qui est le sujet de cette science ? Cette dernière est-elle séparable de toute philosophie ? N'est-elle pas solidaire du présent historique et condamnée à changer avec lui ? En d'autres termes la science historique, comme les sciences de la nature, se développe-t-elle selon un rythme d'accumulation et de progrès ou, au contraire, chaque société récrit-elle son histoire parce qu'elle se choisit et recrée son passé ?
Cette analyse devenue classique de l'historicité conduit Raymond Aron à une philosophie historique qui, s'opposant aux synthèses spéculatives en même temps qu'au positivisme, est aussi une philosophie de l'histoire. La philosophie de l'histoire, dit-il, est une partie essentielle de la philosophie, elle en est à la fois l'introduction et la conclusion. Introduction, puisqu'il faut comprendre l'histoire pour penser la destinée humaine, d'un temps et de toujours, conclusion, puisqu'il n'y a pas de compréhension du devenir humain sans une doctrine de l'homme.
Double caractère qui serait contradictoire si l'on se représentait la philosophie selon le schéma des théories déductives, mais qui devient intelligible dès qu'on la rattache à la dialectique de la vie et de l'esprit, qui s'achève dans la conscience de soi de l'être qui se situe dans l'histoire et se mesure à la vérité.
Le philosophe et musicologue Dominique Pagani nous entraîne dans une méditation sur l'Histoire.
Mais d'ailleurs : qu'est ce que l'Histoire ? Et comment la fait-on ? Est-elle valable de toute éternité et en tous lieux ? Peut-on envisager de produire une histoire objective ?
Autant de questions qui donnent lieu à un brillant exercice oratoire donnant l'envie de se replonger à la fois dans la philosophie tout autant que dans la poésie ou la littérature.