Le discours dominant prétend que la psychanalyse est périmée. En réalité, elle doit s'adapter. Le monde d'aujourd'hui n'est plus celui de Freud ni de Lacan. Une société nouvelle entraîne de nouveaux comportements et de nouveaux malaises.
"Dépoussiérer" la psychanalyse, la confronter au contemporain implique de réfléchir à ces symptômes, à la frontière entre le pathologique et le social, en repensant le cadre de la cure, à l'heure des consultations via Skype.
Comment la psychanalyse peut-elle trouver sa place dans un monde dominé par la culture du résultat, de l'efficacité et de la réussite ? Dans un monde où le temps n'a plus de valeur et où l'évaluation chiffrée est permanente ?
Ce sont les questions que se pose Elsa Godart dans son dernier livre La psychanalyse va-t-elle disparaître ? que présente ici Rémi Soulié.
Émission "Le Monde de la philosophie".
Chantal Delsol se penche dans une première partie sur le lien entre temps et progrès, où comment l'adoption par la civilisation occidentale du temps fléché a développé l'idée de progrès, c'est-à-dire une idée d'amélioration du monde humain.
Dans la seconde partie, il s'agit d'explorer la théorie des catastrophes : puisque le progrès s’efface, l'Histoire redevient une succession d'ordre et de chaos, la vision du temps fléché laissant la place à un retour au temps cyclique.
Cet enregistrement est la combinaison de deux conférences prononcées les 07 avril et 05 mai 2010.
"Le combat n'est pas un phénomène normal, c'est un événement extraordinaire et les individus qui y participent ne le font pas de manière moyenne. La proximité de la mort et la peur qu'elle induit déforment les individus et leur comportement. La répartition des rôles y obéit à une loi de puissance où, entre l'écrasement et la sublimation, beaucoup font peu et peu font beaucoup."
Le baptême du feu, c'est le "dépucelage de l'horreur", selon le mot de Louis-Ferdinand Céline. Et c'est bien à l'expérience au combat, cette vie près de la mort, que nous confronte Michel Goya. Combattre, c'est évoluer pendant quelques minutes dans un monde étrange régi par ses propres lois. En sortir vivant, c'est se réveiller épuisé, brisé ou exalté, mais toujours transformé.
Le travail de cet ancien Colonel des Troupes de Marine consiste d'abord en une description précise de la manière dont les hommes, individuellement et collectivement, se comportent au combat et par extension en situation de danger extrême. La dépense d'énergie que réclame à chaque pas la progression sous le feu, l'effort pour éviter le danger à tout instant tout en cherchant à accomplir sa mission mettent l'individu dans une tension extrême.
À l'appui de son expérience personnelle, de témoignages récents et de nombreux exemples historiques, le conférencier propose une analyse complète, originale et passionnante du comportement des hommes au combat.
La thérapie est partout et surtout dans notre tête. C’est ce qu'Alain Valterio appelle la "psyrose", pour souligner son manichéisme réducteur. La "névrose psy" souligne quant à elle les effets pervers qu’elle exerce sur les mentalités.
Croyant avoir éliminé la religion, la psyrose en est en fait une autre qui entretient ses propres dogmes, ses propres mythes, ses propres interdits et donc ses propres abus, derrière un jargon et des discours compassés qui se sont imposés dans toutes les sphères de la société avec les allures de ce que Jung nomme "une épidémie psychique".
Dans cette conférence, Alain Valtério et Stéphane Edouard s'attachent à comprendre les effets de la "psyrose" et de la "névrose psy" dans les rapports homme/femme et dans la famille (relation parents/enfant).
Au fil d'un jeu de questions/réponses mené par Philippe Foro, Jean Delumeau, historien français, spécialiste des mentalités religieuses en Occident et, plus particulièrement du christianisme, retrace son parcours universitaire : ses recherches doctorales sur la Rome du XVIe siècle et sa rencontre avec Fernand Braudel, l'orientation de ses recherches vers la Réforme protestante et le christianisme, son professeur Jacques Monod à Marseille, ses cours sur "La peur en occident" et son séminaire au Collège de France, qui a donné lieu à la publications de plusieurs ouvrages écrits collectivement.
Cet échange nous donne l'occasion d'envisager dans sa globalité l'œuvre et la pensée de ce grand historien.
Quels sont ces peurs qui nous hantent, ces Diables et ces anges qui nous habitent ? Ces peurs, Jean Delumeau, historien des mentalités religieuses, nous en fait le récit tout au long de trois siècles, de la Grande Peste à la fin des Guerres de Religion et analyse la façon dont elles sont perçues et vécues.
Toutes ces cohortes de peurs, allant de celle de la maladie et la mort à celle des autres et de Satan, trouvent leur remède dans la prière, la croyance des enseignements religieux mais aussi dans le discours sécuritaire de villes comme Paris qui nous rappelle qu'elles sont toujours d'actualité et facteur d'évolution.
Au sein du Collège de France, la réflexion de Jean Delumeau est appuyée par les témoignages de collègues et collaborateurs, spécialistes, comme lui, de l'histoire religieuse et culturelle.
Le développement de la violence hante notre société.
Henri Laborit, fort de trente ans de travail interdisciplinaire consacré à la biologie des comportements, rappelle une double évidence : la violence est, d'abord, une expression du fonctionnement du système nerveux, lequel n'est compréhensible qu'en décortiquant ses niveaux d'organisation. Mais, après avoir étudié la violence chez l'animal puis chez l'homme, il montre, encore, que celle-ci ne se limite pas aux relations interindividuelles. Elle régit, aussi, les comportements collectifs, dans le groupe, entre les groupes, entre les Etats.
En se fondant sur des données anatomiques, biologiques, physiologiques autant que culturelles, Henri Laborit étudie les concepts tels que liberté, égalité, propriété, besoin, travail, territoire, patrie, etc. Et pose la question : dans l'ignorance de ce que nous sommes et avec un discours logique toujours prêt à fournir un alibi aux meurtres, aux guerres et aux génocides, quelque chose peut-il changer ?