Les années passent et le bouleversement des paysages électoraux continue, sans parler de l'éclosion de mouvement sociaux comme les Gilets Jaunes. Les populistes sont de plus en plus nombreux dans la contestation et proches du pouvoir dans de nombreux pays d'Europe.
Comment comprendre cette vague de fond politique qui déferle sur nos vieux pays sous-industrialisés ? La grille de lecture économiciste est-elle suffisante ? Faut-il intégrer la variable de l'insécurité culturelle ? Et comment les partis politiques s'adaptent-ils à cette nouvelle donne ?
Intellectuel suisse, collaborateur régulier des revues Éléments et Rébellion et rédacteur en chef de la revue Krisis, David L'Epée nous livre quelques réflexions sur les rapports qui existent entre pessimisme politique, déclinisme, misanthropie et anti-démocratie.
Prenant parti pour l'option inverse – celle de la confiance dans le peuple, de la démarche humaniste et la démocratie directe – David L'Épée a exposé les raisons pour lesquelles ce sentiment de désespérance, illusoire, faisait le jeu du pouvoir que nous contestons et était souvent le fruit d'un jugement erroné sur la situation.
Loin de céder à un idéalisme naïf, il s'agit de renouer avec une appréhension tragique de l'histoire, pleine de promesses et de possibilités, et de méditer sur la célèbre formule de Gramsci : le pessimisme de l'intelligence et l'optimisme de la volonté.
La crise économique ne suffit pas à expliquer le malaise français. Face aux bouleversements de l'ordre du monde et aux difficultés du pays, la montée du populisme et du Front national témoigne d'une inquiétude identitaire et culturelle. Comment vivre ensemble malgré nos différences ?
Laurent Bouvet, spécialiste des doctrines politiques et observateur attentif de la vie politique, examine l'origine de cette angoisse et ses effets. En décortiquant les représentations, vraies ou fausses, que nos concitoyens se font de la mondialisation, de l'Europe, de l'immigration, de l'islam ou des élites, il montre comment des dimensions culturelles se mêlent étroitement aux conditions matérielles.
Rompant avec l'aveuglement et le conformisme, Laurent Bouvet propose des pistes pour combattre ce mal qui ronge la société française : l'insécurité culturelle.
La notion de décadence, ainsi que sa réalité existent depuis les origines de l'histoire longue européenne. Mais quand se manifeste-t-elle, quelles en sont les origines et comment se termine-t-elle ?
C'est en compagnie d'Oswald Spengler et d'Arthur de Gobineau que Tomislav Sunic nous livre une réflexion sur les causes héréditaires de la décadence de la civilisation européenne et nous rappelle l'importance d'avoir une bonne mémoire de notre lignée commune, condition nécessaire à la compréhension de notre communauté de destin.
La Révolution française est un événement d'importance universelle et un extraordinaire creuset d'idées nouvelles qui a jeté les bases des grands courants politiques français contemporains.
Qui sont les ancêtres des Républicains de droite, des socialistes, des Insoumis ? Comment sont nées leurs idées et qu'ont-ils laissé en héritage aux générations militantes contemporaines ?
Afin de répondre à ces questions, c'est Stéphanie Roza, chercheur au CNRS s'intéressant particulièrement aux théories philosophiques et politiques des acteurs de la Révolution, qui nous partage ses connaissances.
Dans cette échange avec le philosophe Jacques Rancière, on parle de peuple, de démocratie, de représentation, d'état de droit. Mais on parle surtout du temps dans lequel il y a du sens à parler de tout cela. Un temps auquel l'Histoire n'a fait aucune promesse ni le passé légué aucune leçon – seulement des moments à prolonger, aussi loin qu'on le peut.
En politique, quoi qu'en disent les gens graves, il n'y a que des présents. C’est à chaque instant que se renouvellent les liens de la servitude inégalitaire ou que s'inventent les chemins de l'émancipation.
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
Le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie vient de publier La conscience politique (2019, Editions Fayard), dans lequel il nous offre une réflexion très affinée de ce qu'est "la politique". Ou plutôt de ce qu'on en perçoit de manière erronée. Donc de ce qu'elle n’est pas.
Il interroge les formes mythologiques qui structurent le champ de la pensée politique et revient sur des concepts vides de sens : démocratie, peuple, souveraineté populaire, citoyen.
Un travail passionnant qui tente de décrire la réalité de nos expériences tout en construisant un nouveau langage.
Les polémiques récurrentes sur le populisme et l'attitude plus ou moins bien expliquée de ses tribuns occultent trop souvent les questions majeures que soulèvent les mouvements et les aspirations populistes : la démocratie, la souveraineté populaire, la dialectique du pouvoir et du peuple, et la forme qu'elle prend lorsque le pouvoir politique est accaparé par une fraction de l'élite.
L'historien Olivier Dard, directeur, en compagnie de Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois, du Dictionnaire des populismes, reprend ces problématiques afin de mieux éclairer notre actualité.