Quelles sont les causes de la Défaite de 1940 ? Le grand historien Marc Bloch écrivait en avril 1944 : "Le jour viendra [...] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l’Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l’Europe en détruisant de nos propres mains tout l’édifice de nos alliances et de nos amitiés."
Annie Lacroiz-Riz analyse l’histoire des années 1930 pour éclairer les causes de la défaite de 1940. Selon elle, les Français n’ont pas été simplement été vaincus en cinq jours par une Wehrmacht invincible : le haut patronat les a sacrifiés à son plan de "réforme de l’Etat" copié sur les voisins fascistes et à son obsession d’accord avec le Reich.
Cette affirmation incroyable paraît moins audacieuse à la lecture des archives, françaises et étrangères, relatives à une décennie d’actions des élites militaires et politiques, des journalises et surtout des hommes d’affaires, qui régnaient sur tous les autres, avec à leur tête la Banque de France et le Comité des Forges. L’autonomie des politiciens ou des journalistes relève ainsi du mythe, comme celle des militaires. C’est bien la France des grands intérêts économiques et financiers qui dicta le choix de l’Allemagne comme partenaire privilégié dès les années 1920 et sabota l’alliance russe de revers qui avait évité la défaite en 1914. Aujourd’hui, l’accès aux archives éclaire les causes intérieures et extérieures de la Défaite et permet "l'instruction du procès de la vaste entreprise de trahison" que réclamait Marc Bloch.
Alors que l'héritage social mis en place au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale par le Conseil National de la Résistance est en passe d'être liquidé, il est intéressant de revenir sur les origines et la composition de ce mouvement.
S'appuyant sur les nombreuses archives de l'époques, l'historienne marxiste Annie Lacroix-Riz nous rappelle le caractère progressiste du programme du Conseil National de la Résistance, et la nécessité d'une défense de ses acquis, à l'époque arrachés à un patronat affaibli par ses compromis dans la collaboration avec l'occupant nazi.
L'historienne défend ici la thèse de son livre “Le choix de la défaite” où elle affirme que la débâcle française de mai 1940 n’est pas qu'une “simple” défaite militaire qui serait due, comme le prétend l’histoire officielle, à l’incompétence de nos stratèges, l’insuffisance de notre armement où la couardise de nos soldats… Mais que, bien au contraire, elle serait le résultat logique et attendue d’une stratégie savamment mise en place pendant près de 20 ans, fruit d'un complot ourdi par une organisation secrète baptisée “la synarchie”, composée de représentants de l’élite autoproclamée de l’époque, grands patrons (Comité des Houillères, Comité des Forges), technocrates, sans oublier le quota classique de syndicalistes et journalistes corrompus.