Pour tous ceux qui avaient des raisons de combattre la Collaboration, celle-ci fut détestable. Et de fait, ses aspects haïssables n’ont pas manqué. Pourtant, du côté français, mais aussi du côté allemand, des hommes d’honneur et de foi se sont engagés dans cette voie qu’ils croyaient juste et que l’histoire a condamnée. Le plus souvent, ils ont payé leurs illusions au prix fort. Non seulement ils y ont fréquemment perdu la vie, leur liberté et leur existence sociale, mais plus encore la possibilité de faire valoir leurs raisons.
Morts ou survivants, il leur fallait endurer une réprobation générale à l’égard d’un engagement réputé ignoble et devenu incompréhensible. L’interprétation imposée par la victoire de leurs adversaires triomphants était à la fois totale et totalitaire. En d’autres termes, l’histoire écrite par les vainqueurs impose un manichéisme absolu entre eux-mêmes qui sont associés au Bien, et les vaincus, devenus incarnation du Mal à tout jamais.
Il en est toujours ainsi après une guerre de religions. Et la Seconde Guerre mondiale fut une guerre de religions. Les vaincus perdirent d’un seul coup la possibilité d’être compris. Ce qui les avait justifiés quand ils portaient encore les armes, soudain s’est évanoui, remplacé par le verdict sans appel d’un procès jugé d’avance, où les inquisiteurs triomphants jouissaient du pouvoir de les transformer en d’indicibles criminels pour l’éternité ou presque.
Nous voici revenus au jugement manichéen que l’histoire inflige aux acteurs des années de l’Occupation. Mais n'oublions pas ce qu’il y a d’incertain dans le jugement historique. Autrement dit, quand un vaincu, devant les fusils qui vont le tuer, s’écrie : "L’Histoire jugera!", il se remonte le moral au prix d’une chimère. L’histoire n’est jamais un tribunal impartial. Elle est toujours écrite par les vainqueurs. Il arrive cependant qu’une défaite ultérieure des anciens vainqueurs, une défaite "historique", c’est-à-dire sans appel, accorde une revanche inattendue aux vaincus.
La politique de l’ingérence en occident est dangereuse et radicale. C'est la position que Jean Bricmont soutient dans cette conférence.
Les points développés :
1. Donner les arguments en faveur du droit international classique qui reconnait l'égale souveraineté des nations.
2. L'effet de cette politique est désatreuse : des milliers de morts, l'extinction de l'espoir d'une transition démocratique, et l’ "effet barricade" (les mesures répressives surréalistes qui suivent ces moments de fièvre).
3. La gauche occidentale, étrangement, soutient régulièrement la politique d’ingérence (guerre en Lybie par exemple)
4. La crise de l’occident : la décolonisation est la plus grande transformation sociale du XXème siècle. La nouvelle donne nous oblige à abandonner nos vieux réflexes impérialistes et à repenser notre rapport aux autres civilisations.
Conférence organisée par la Maison Internationale des associations de Genève et l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme.
En partant du célèbre fragment d'Héraclite "Polemos pantin pater est", Jean-François Gautier développe une réflexion sur la guerre en particulier, et le conflit en général.
Pour saisir la portée de la pensée héraclitéenne de la guerre, il nous explique la nécessité d'inclure dans l'intellection de polemos son exact opposé, eïréné, la paix.
Une pensée vivante et pertinente qui tente de saisir le monde dans la pluralité des valeurs qui y sont contenues et qui s'expriment souvent au travers de conflits.
Gaston Bouthoul, fondateur de la polémologie, tente l'exercice difficile d'exposer la nature de la guerre.
Alors que les décideurs politiques semblent considérer la guerre comme un intrument normal d'exercice du pouvoir, que les paradoxes historiques abondent et qu'il est difficile d'aborder ce phénomène comme objet sociologique, le travail semble presque impossible !
Malgré tout, seule une approche scientifique nous permettrait de connaître la guerre et de s'en prémunir autant que possible, pour fonder un pacifisme digne de ce nom.
L'orateur revient sur les 3 traditions pacifistes qui ont existé au sein du mouvement socialiste:
-la sociale-démocratie (Jaurès et son éloge de l'armée suisse)
-le socialisme chrétien, non-violent
-le mouvement libertaire, anti-militariste mais pas non-violent
Il est important de faire ces distinctions pour comprendre l'histoire du mouvement dans toute sa complexité, ainsi que les positions actuelles des partis sociaux-démocrates désirant l'abolition de l'armée, comme le PS suisse.