1975, année érotique. Avec Ovidie sur France Inter.


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11.05.2017

Exhibition, Change pas de main, Les Tripoteuses, Le sexe qui parle, A bout de sexe... : en 1975, les affiches de films aux titres plus ou moins allusifs fleurissent dans les rues de France. Le cinéma érotique, porno, blue, rose, X, hard, selon la terminologie employée, connaît un âge d’or sans précédent et sans suivant. Les salles n’ont jamais été aussi remplies, les acteurs s’amusent, les réalisateurs aussi, les producteurs se frottent les mains, et les bien-pensants restent discrets. Sept ans après les appels de Mai 1968 à une "jouissance sans entrave", la libération des mœurs semble bel et bien en cours.
Ce dévergondage du cinéma, c’est un homme politique, de droite, qui l’a encouragé : Valéry Giscard d’Estaing, le plus jeune président de la République jamais élu jusqu'alors. L’érotisme, puis la pornographie, sortent de la clandestinité, dans une société pourtant marquée par le conservatisme moral des années De Gaulle puis Pompidou. Après quelques mois d’une liberté quasi sans freins, le vent rose qui souffle sur la France retombe à la fin de l’année 1975, bridé par les contradictions d’une société divisée.
Puritanisme et esprit libertaire, érotisme et pornographie, art et industrie, libération du corps et féminisme : les tâtonnements sont légions en 1975, surtout en ce qui concerne la question du sexe et de ses représentations.
Retour sur une année osée, dégoûtante pour certains, enchantée pour d’autres, entre revendications, transgression, hédonisme et société de consommation. Une immersion nostalgique et licencieuse...

Emission "Affaires sensibles", animée par Fabrice Drouelle.

Les maîtres du X. Avec Ovidie, Grégory Dorcel et Philippe Azoury sur France Culture.


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03.05.2015

L'univers du X est un secteur économique qui a connu de profondes mutations, où les puissants d'hier ne sont plus ceux d'aujourd’hui. On pourrait penser à première vue que s’intéresser aux enjeux de pouvoir dans l’industrie du X s'éloigne de l'analyse habituelle des rapports de force qui traversent notre société. Mais s'il est un angle sous lequel le monde du X n'est jamais analysé, c’est bien celui du pouvoir.
Dès son origine, le "porno" a eu affaire avec l’État. L'État censeur, l'État moral et réprobateur qui voyait dans cette activité un métier de dépravé, voire de proxénète. L'Etat taxateur aussi, qui a tenté de dissuader l'expansion du X tout en profitant de ses bénéfices : le monde politique a cultivé un rapport distant et ambiguë vis-à-vis du X.
La progression du libéralisme culturel a empêché une condamnation tout azimut d'une industrie dont on reconnaît qu'elle relève de la pratique privée. Mais le haro moral n'est en même temps jamais loin, sur fond de surenchère médiatique à la vertu.
Pour les consommateurs de contenus pornographiques, les temps ont par contre bien changé. Elle est loin l'époque où des cinéastes provocateurs faisaient du cinéma coquin une manière de dynamiter les normes sociales et connaissaient la censure. Loin le temps où des producteurs semi-clandestins bravaient les interdits pour satisfaire des consommateurs qui fréquentaient le cinéma spécialisé et les sex-shops dans un anonymat parfois honteux.
Un demi-siècle après les premiers films pornographiques, le "porno" s'est banalisé et s'est surtout massifié en devenant une industrie rentable de production de fantasmes. Un univers mondialisé également, où le "porno" français tente de se faire une place, à l'image du cinéma national plus traditionnel. Internet a profondément bouleversé son fonctionnement, modifiant les rapports de force qui structurent cet univers et les modalités de la consommation de fantasmes en vidéo. Le "porno" a également évolué avec son temps et tente aujourd’hui de faire une place aux nouveaux rapports hommes/femmes, à un public plus diversifié, plus féminisé.
Comment est structuré l’univers du X ? Quelles sont les étapes qui nous ont menées à son organisation actuelle ? Quelle est la sociologie du "porno" et qu’est ce cela nous dit de la société française à l’époque contemporaine ?

Emission "L'Atelier du pouvoir", animée par Vincent Martigny et Thomas Wieder.