La diversité croissante des options philosophiques et religieuses au sein de nos sociétés semble mettre en question les compromis laïcs que nous avons construits pour gérer le pluralisme des opinions et des croyances.
Le référendum suisse à propos des minarets a illustré la difficulté que les sociétés européennes éprouvent à légiférer sur cette matière.
Un débat très vif s'est également ouvert au Canada sur la compétence des tribunaux en matière religieuse.
Patrick Haenni, politiste suisse, et Rachad Antonius professeur de sociologie à l'UQAM (Montréal), nous aide à réfléchir à la régulation publique du pluralisme dans un cadre laïc à partir des situations singulières de la Suisse et du Canada.
Catastrophes environnementales, violences urbaines, précarisation de l’emploi, risques épidémiologiques : tout semble, en ce début de XXIe siècle, participer du renforcement de notre sentiment de peur.
Ou plutôt faudrait-il parler plus justement de nos peurs. Ces peurs qui nous rappellent l’incertitude propre à notre condition humaine et nous font réagir à toute forme d’intrusion ou d’étrangeté.
Peur de l’autre, peur de l’étranger, peur de la différence... peur de l’humain ?
Pour tenter d’atténuer ce sentiment, la plupart de nos sociétés occidentales ont choisi de renforcer, au moyen du droit, leurs outils de contrôle.
Or, ces formes de politique sécuritaire n’accroissent-elles pas paradoxalement nos peurs ? Ne produisent-elles pas à leur tour de nouvelles formes de peur ? Ou du moins, n’instrumentalisent-elles pas ces dernières afin d’assurer la pérennité de leur pouvoir ?
François Brune nous explique comment les médias sont passés de l'information, qui s'adresse à la réflexion, à la communication évènementielle qui relève de la consommation (de signes symboliques).
Il décrit ensuite les mécanismes de la publicité, notamment le culte de la nouveauté, et son rôle dans la marchandisation du monde.
D'un produit, la publicité n'évoque pas les aspects amont -les impacts environnementaux et sociaux de sa production- et aval -le traitement des déchets qui sont liés-. Elle donne une vision tronquée de celui-ci.
Pour se diriger vers la société de frugalité que les limites de la planète vont finir par nous imposer, il s'agit donc de trouver son identité non par le truchement d'objets interchangeables auxquels donne accès le pouvoir d'achat, mais par le développement de l'être et des relations avec l'autre.
Le conférencier nous montre que le tour punitif pris par les politiques pénales lors de la dernière décennie ne relève pas du diptyque "crime et châtiment", mais annonce l'instauration d'un nouveau gouvernement de l'insécurité sociale qu’il caractérise de "libéral-paternaliste" : libéral en haut, envers les entreprises et les classes privilégiés, et paternaliste en bas, à l’égard des populations précarisées et déstabilisées par la dérégulation économique et le retrait de la protection sociale.
Au sein de cet État-centaure, la police, les tribunaux et la prison retrouvent leur rôle historique d'origine : plier les populations indociles à l'ordre économique et moral émergent.
Le déploiement de politiques pénales agressives ne participe pas d’un chimérique "programme sécuritaire" qui relèverait du registre de la "répression" : elle s’inscrit au contraire dans la production du Léviathan néolibéral capable de discipliner le précariat postindustriel.
La psychanalyse est aussi une anthropogenèse ; elle dit comment l’être humain s’humanise et identifie les conditions pour que ce processus, que chacun doit refaire pour son propre compte, puisse se réaliser.
La question est de savoir si notre société postmoderne transmet toujours lesdites conditions : comment pouvons-nous ajourd'hui encore nous construire au sein de notre société libérale ?
Double meurtre symbolique : aujourd’hui tout prend forme d’image, le réel a disparu sous la profusion des images.
Mais on oublie que l’image elle aussi disparaît sous le coup de la réalité. L’image est la plupart du temps dépossédée de son originalité, de son existence propre en tant qu’image, et vouée à une complicité honteuse avec le réel.
La violence qu’exerce l’image est largement compensée par la violence qui lui est faite - son exploitation à fin de documentation, de témoignages, de message (y compris les messages de misère et de violence), son exploitation à des fins morales, pédagogiques, politiques, publicitaires..... Là, prend fin le destin de l’image, à la fois comme illusion fatale et comme illusion vitale.
Cette intervention vise à mieux comprendre certains aspects du travail de Pierre Bourdieu ainsi que les relations qu’il entretenait avec d’autres disciplines que la sociologie.
Christian Laval tentra d'évoquer sa place parmi les théories sociologiques du politique, certains de ses objets politiques comme le néolibéralisme ou la politique éducative, ou les modalités de son engagement dans l’espace public.