Editeur, historien, essayiste, François Fleutot a bouleversé l'historiographie du royalisme pendant la Deuxième Guerre mondiale avec l'ouvrage qu'il a publié voici vingt ans sous le titre Des royalistes dans la Résistance (Flammarion).
Dans son nouveau livre, À l'aube de la Résistance (Le Cerf, 2020) il raconte comment se rencontrèrent et s'organisèrent les hommes et les femmes "ordinaires" qui dire Non à la collaboration avec l'Allemagne nazie. Avec leurs tracts, leurs modestes journaux clandestins, leurs explosifs, ils inventent la Résistance. Beaucoup connaîtront la prison et les camps de la mort.
De toutes nos révolutions, c'est bien sûr la Révolution française qui eut et qui continue d'avoir le plus grand retentissement, en France et dans le monde. Cependant, elle ne saurait nous faire oublier les révolutions antérieures : celle d'Etienne Marcel en 1356-1358, celle de la Ligue catholique pendant les guerres de Religion. Il est également important, pour comprendre notre époque, de revisiter les révolutions de 1830 et de 1848, la Commune de Paris et les journées de Mai 1968.
Patrice Gueniffey, qui a dirigé le récent ouvrage collectif consacré aux Révolutions françaises, du Moyen Âge à nos jours, vient nous parler des révolutions qui ponctuent notre histoire et s'interroge sur le devenir de la révolution.
Inconnu du grand public avant d'être ministre, Emmanuel Macron est rapidement devenu un potentiel présidentiable. Pour beaucoup, il incarnait la jeunesse, l'audace et le sens de l'innovation qui manquaient à la classe politique actuelle.
Pourtant, derrière une modernité apparente, se trouve en réalité une vision régressive de l'économie, qui stigmatise les chômeurs, réduit les droits sociaux, divise les Français et fait fi de l'impératif environnemental.
En s'appuyant sur treize phrases "chocs" d'Emmanuel Macron, Frédéric Farah démonte un discours apparemment de bon sens et nous rappelle combien l'économie, loin d'être une science neutre, est bien politique.
Le travail du sociologue Jean-Pierre Le Goff met en lumière les postures et les faux-semblants d'un conformisme individualiste qui vit à l'abri de l'épreuve du réel et de l'histoire, tout en s'affirmant comme l'incarnation de la modernité et du progrès.
En effet, une nouvelle conception de la condition humaine s'est diffusée en douceur à travers un courant moderniste de l'éducation, du management, de l'animation festive et culturelle, tout autant que par les thérapies comportementalistes, le néo-bouddhisme et l'écologisme. Une "bulle" angélique s'est ainsi construite tandis que la violence du monde frappe à notre porte.
Albert Camus disait : "Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse." Cet impératif est plus que jamais d'actualité.
La "compétitivité" est devenue omniprésente dans le discours public. Ce slogan ne s'applique plus exclusivement à des entreprises : les territoires, notamment les États-nations, doivent dorénavant être compétitifs. Ainsi, cette notion, inspirée par le vocabulaire managérial, a été transposée dans le discours de nos élus. Cette injonction à la performance s'applique à tous les aspects de la société et influence l'aménagement du territoire et la politique économique.
La "compétitivité territoriale" constitue un nouveau champ d'étude pour les géographes. Il s'agit d'une grille de lecture pour observer la mondialisation et son organisation hiérarchique des espaces productifs. La mise en concurrence des territoires induit une compétition généralisée entre entreprises mais aussi entre les systèmes sociaux, les fiscalités, les infrastructures et les salariés.
En appliquant le dogme de la concurrence à des entités géographiques (telles des agglomérations, des région ou des nations), la compétitivité modifie le sens du mot territoire : traditionnellement défini comme un espace borné par une frontière et chargé de culture, d'histoire et de sentiments, le territoire compétitif semble devenu un simple objet de compétition jaugé en fonction de son efficacité productive. L'étude géographique de la compétitivité permet donc d'appréhender l'espace planétaire grâce à des indices et des outils renouvelés. Elle révèle une vision standardisée, marchande et élitiste du monde.
La crise économique ne suffit pas à expliquer le malaise français. Face aux bouleversements de l'ordre du monde et aux difficultés du pays, la montée du populisme et du Front national témoigne d'une inquiétude identitaire et culturelle. Comment vivre ensemble malgré nos différences ?
Laurent Bouvet, spécialiste des doctrines politiques et observateur attentif de la vie politique, examine l'origine de cette angoisse et ses effets. En décortiquant les représentations, vraies ou fausses, que nos concitoyens se font de la mondialisation, de l'Europe, de l'immigration, de l'islam ou des élites, il montre comment des dimensions culturelles se mêlent étroitement aux conditions matérielles.
Rompant avec l'aveuglement et le conformisme, Laurent Bouvet propose des pistes pour combattre ce mal qui ronge la société française : l'insécurité culturelle.
Agrégé d'histoire, Olivier Delorme nous explique l'histoire méconnue de la Grèce, libérée de l'empire Ottoman, confrontée à la Première Guerre mondiale, puis martyrisée par les Allemands et enfin déchirée par la guerre civile. Après la dictature des Colonels, les espoirs engendrés par l'Union européenne ont fait place à la désillusion puis à la colère face aux contraintes imposées par la Troïka.
L'occasion de mieux comprendre la victoire de Syriza et la bataille, cruciale pour la Grèce et toute l'Europe, qui se déroule depuis le 25 janvier.
Ils étaient 1'674 parlementaires représentant l'Allemagne sous la république de Weimar. Ils ont vécu la destruction d'une démocratie éclatante et le triomphe d'un régime politique criminel qui justifia l'invention du mot "génocide". Quelles ont été leurs responsabilités dans ce tournant du siècle ? Comment ces femmes et ces hommes ont-ils traversé la catastrophe allemande ?
Nicolas Patin a longuement étudié les archives allemandes et internationales pour comprendre les parcours de chacune de ces personnalités. Son enquête décrypte les destins atypiques de ces élus du peuple allemand : simples soldats de la Première Guerre mondiale puis militants politiques, martyrs assassinés dans les camps ou bourreaux nazis dominant l’Europe occupée.
Son travail met au jour la terrible conquête des institutions par les nazis et la funeste transformation de la société allemande.