Historien spécialiste de la Révolution française, Jean-Clément Martin vient de publier un livre sur des événements qui nous semblent familiers en raison de leur caractère symbolique : la formation de l'Assemblée nationale, la prise de la Bastille, la Grande Peur. Pourtant, La Grande Peur de juillet 1789 (Tallandier) renouvelle notre vision des événements et de leurs interprétations.
Il travaille sur l'historiographie et notamment sur les très nombreuses notes rassemblées et parfois négligées par Georges Lefebvre, le grand historien qui a longtemps fixé notre conception des révoltes rurales de l'été 1789. Celles-ci sont aussi complexes que les violences qui précèdent la prise de la Bastille. En juillet 1789, on passe des révoltes à la Révolution et les élites qui sont confrontées à la crise générale de l’autorité y réagissent de différentes manières, qui démentent les schémas simplistes.
- 0'00'00 : Intro
- 0'00'39 : Conférence
- 0'55'56 : Quid du rachat des droits abolis ?
- 1'00'55 : Les cartes projetées des révoltes de 1789 ne coïncident-elles pas avec les foyers de révoltes du XVIIIè siècle ?
- 1'15'00 : Ne peut-on pas lire cela sous le prisme d'un changement profond de médiation ?
- 1'23'55 : Vous associez les facteurs économiques aux facteurs sociaux ?
- 1'28'20 : La noblesse ne semble pas être la seule élite défaillante lors de cette période.
- 1'33'25 : Outro
Que s'est-il passé à Paris le 6 février 1934 ? Les évènements sanglants de cette soirée d'émeute ont nourri des interventions divergentes : celle, à gauche, d'un complot fasciste contre la République et la démocratie, celle à droite d'une journée fédératrice, quasi-mythique, pour la droite extra-parlementaire révoltée par l'affaire Stavisky.
Auteur d'un livre de référence sur le sujet, Olivier Dard montre que le 6 Février ne fut pas le résultat d'un complot, fasciste, jacobin ou royaliste et que les Ligues opérèrent dans le désordre sans chercher à prendre le pouvoir par la force. L'émeute fut provoquée par le limogeage du préfet Chiappe et c'est la gestion déplorable des forces de l'ordre qui fit couler le sang.
- 0'00'00 : Intro
- 0'00'59 : Situation politique après les élections de 1932
- 0'06'57 : L'affaire Stavisky
- 0'11'00 : Le lien entre la droite parlementaire et les ligues
- 0'18'02 : Les communistes, acteurs oubliés du 6 février
- 0'21'48 : Jean Chiappe, préfet de police de Paris
- 0'27'07 : Récit du 6 février 1934
- 0'34'48 : Se passe-t-il quelque chose en Province ?
- 0'36'00 : Les dirigeants des ligues ont-ils un but ?
- 0'41'00 : Quel est le role des chefs militaires ?
- 0'43'02 : Des réactions au sein de l'armée ?
- 0'45'43 : Des supposés complots
- 0'47'32 : Complot du Manoir d'Anjou, duc de Guise et comte de Paris
- 0'50'26 : La gauche, barrage contre le coup d'Etat "fasciste" ?
- 0'56'47 : Non pas UN mais DES 6 février 1934
- 0'58'11 : Effectif des manifestants
- 1'04'20 : Le 6 février vu par la presse internationale
- 1'05'54 : Quel est l'impact auprès la presse et de la population ?
- 1'09'26 : L'appareil d'Etat a-t-il bougé ?
- 1'11'48 : Quel est le point des fascistes sur le modèle italien ou allemand ?
- 1'16'43 : Désaccord de fond avec Sternhel
- 1'19'34 : Berstein détruit la pensée de Sternhel
- 1'27'31 : Action catholique belge et le nazification
- 1'29'11 : Outro
Depuis l’automne 2021, la France et ses pays voisins font face à une hausse délirante des prix de l’électricité et du gaz : les factures explosent, des ménages subissent de plein fouet la précarité énergétique, des entreprises réduisent leur production, ferment ou délocalisent.
Pour le gouvernement et les dirigeants de l'Union européenne, relayés par certains médias, cette hausse est directement liée au Covid-19 et à la guerre en Ukraine. Ce qui les décharge de toute responsabilité.
Aurélien Bernier démontre au contraire que cette crise est le résultat de vingt-cinq années de dérégulation et de démantèlement du service public de l'énergie. Alors que celui-ci fonctionnait bien, EDF et GDF ont été sacrifiées au nom de la concurrence. L'électricité et le gaz sont devenus des produits de spéculation, cotés en Bourse. Aujourd'hui, le piège se referme sur nous, et la crise énergétique ne fait que commencer...
Comment tout cela a-t-il pu arriver ? Et comment peut-on en sortir ? Aurélien Bernier propose une analyse en profondeur de ce qui a mené à cette situation inquiétante, mais aussi des pistes pour réinventer un service public de l’énergie.
Fque nous lui avons demandé d’évoquer la politique du gouvernement Meloni vis-à-vis de l’Union européenne.
A ses débuts, Giorgia Meloni a promis d'engager une épreuve de force avec Bruxelles et surtout avec la Banque centrale européenne. La dirigeante d'extrême droite s'est opposée à la révision du Mécanisme européen de stabilité, en espérant contraindre ses partenaires à adoucir le Pacte de stabilité qui est en préparation.
Frédéric Farah, fin connaisseur de l'Italie, explique pourquoi et comment le gouvernement Meloni a perdu son pari, révélant sa véritable nature : sa soumission à l'orthodoxie néolibérale et sa politique anti-sociale qui font de Giorgia Meloni une thatchérienne d'extrême droite.
Questions:
- 0'53'27 : Pari perdu sur l'immigration
- 1'03'29 : Un "thatcherisme de gauche" ?
- 1'06'53 : Quid des mouvements comme le M5S ou le PRC ?
- 1'11'01 : Mémoire italienne des memorandums en Grèce
- 1'16'40 : Acronymes obscurs et cas concret des politiques de l'UE.
- 1'20'36 : Rôle de S. Mattarella
- 1'27'20 : Possibilité en Italie d'une crise à la "Gilets Jaunes" ?
- 1'29'47 : Séparation de l'Italie entre Nord et Sud
Formule rebattue, "l'alliance du trône et de l'autel" suggère une unité de vue entre la monarchie capétienne et la papauté qui a rarement existé dans l'ordre temporel. A partir du XIVe siècle et jusqu'à la fin du XVIIIe, les conflits entre Paris et le Vatican amènent les Français à publier un ensemble de doctrines "gallicanes" qui inspirent diversement l'Etat royal, l'Église de France et le Parlement de Paris.
Théologien et professeur de philosophie, Bernard Bourdin revient sur la longue genèse qui conduit à la séparation des Eglises et de l'Etat en se demandant si le "gallicanisme" est bien une singularité française. En effet, le conflit de souveraineté entre l'Etat et la puissance catholique romaine traverse bon bombre d'espaces politiques en Europe au seuil de la modernité. On le retrouve par exemple en Angleterre, où il produit le schisme anglican, en Autriche et en Espagne.
Retour sur les enjeux théologiques, philosophiques et politiques d'un conflit qui marque encore le régime concordataire qui régit les questions religieuses tout au long du XIXe siècle français.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'01'51 : Origine du gallicanisme
- 0'06'23 : Cas de l'attentat d'Anagni
- 0'12'04 : Les principes du gallicanisme
- 0'19'24 : Guerres de Religions : les Assemblées du clergé.
- 0'27'27 : Louis XIV : la révocation de l'Edit de Nantes et sa volonté de diriger l'Eglise de France
- 0'36'31 : Bossuete et les Quatre articles et l'affaire de la Régale
- 0'42'49 : Le cas britannique : crise entre le calvinisme et la sacralité des autorités politiques
- 1'01'15 : Le gallicanisme sous la Révolution française : la constitution civile du clergé
- 1'10'42 : Quid de la foi dans le gallicanisme ?
Maître de conférences en droit public, Benjamin Morel vient de publier aux éditions du Cerf un ouvrage appelé à nourrir un vaste débat : La France en miettes : régionalismes, l'autre séparatisme.
A côté du séparatisme islamiste, il existe dans plusieurs régions des mouvements qui militent pour obtenir l'indépendance en invoquant une identité ethnique et linguistique. Pour comprendre l'ethno-régionalisme, il faut remonter à ses sources contre-révolutionnaires, à un maurrassisme mal compris et au régionalisme vichyste, avant le tournant racialiste qui prétend fonder l’identité sur la génétique.
C'est le démembrement de la nation française qui est visé par des mouvements qui invoquent la diversité régionale mais la nient par la recomposition des langues locales et l'imposition du critère ethnique.
Publié entre 1994 et 2000, le C'était de Gaulle d'Alain Peyrefitte a été un grand succès de librairie et reste une source de référence majeure. Ces notes, prises par le jeune ministre au fil des ans, des scènes et des entretiens dont il fut l'acteur ou le témoin, ont laissé une empreinte profonde depuis leur publication. Que l'on soit historien ou simple lecteur, la tentation est grande, désormais, de voir le Général sous ces seuls traits, saisi parfois dans l'intimité de ses pensées.
A propos de cette œuvre, on a même invoqué parfois Joinville, ou Saint-Simon… On fait aussi parfois le parallèle avec le Mémorial de Sainte-Hélène. Il paraît plus suggestif. Alain Peyrefitte a-t-il été le Las Cases de Napoléon – de Gaulle ? Quelle est la portée historique véritable de cet ouvrage, qui revendique la plus grande authenticité ? Quelle est la part de la légende dans le portrait qui se dégage de ce "de Gaulle au jour le jour" ? Comment ces textes ont-ils été réunis pour être portés au public ? Ne sommes-nous pas tous prisonniers de ce de Gaulle-là, notre vision n'est-elle pas exagérément filtrée, ou tamisée par cette multitude de petits mots, de petits faits et de petits traits qui séduisent par leur ton mais qui, mis ensemble, ne restituent pas nécessairement la vérité de l'homme ?
Si l'œuvre d'Alain Peyrefitte a beaucoup contribué à la "gaullomania", elle a aussi participé à une vaste entreprise d'oblitération. Ce que Peyrefitte a incontestablement saisi, et restitué, c'est une certaine tournure d'esprit du Général, son art des formules à l'emporte-pièces. Mais ce qu'il a peut-être relégué parfois au second plan, c'est la vigueur, la fermeté, la continuité dans le dessein et dans la pensée. Parfois seulement : car l'auteur du Mal français, retrouvant ses notes des années héroïques, semble parfois surpris lui-même de la puissance de certaines lignes de force qui contredisent obstinément sa propre vision de la modernité.
Peyrefitte a dressé pour le Général un séduisant tombeau. A l'image du Mémorial ? Permettant au grand homme de continuer à "régner après sa mort" ? Mais contrairement à l'empereur, il ne s'agit pas de réhabiliter un proscrit ou d'édifier une légende. L'héritage de De Gaulle est vivant, inscrit dans la substance même de la Vème République.
Stratégiste et historien, Benoist Bihan a récemment publié aux éditions Perrin ses Entretiens sur l'art opératif avec l'historien Jean Lopez concernant l'œuvre d'un général russe trop peu connu en France : Alexandre Svietchine. Tardivement mis en œuvre par les Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, l'art opératif reste mal compris aujourd'hui dans les grands états-majors qui doivent se préparer à conduire la guerre.
Tout en expliquant les idées maîtresses d'Alexandre Svietchine, Benoist Bihan relit maintes pages d'histoire militaire et nous permet de comprendre ce que fut, et ce que pourrait être, l'art de la guerre.