Qu'est-ce que le fascisme ? Fut-il un mouvement réactionnaire, conservateur ou révolutionnaire ? Se situait-il à gauche ou à droite ? Et bien entendu : quelle place occupa Mussolini dans les débats idéologiques et dans le fonctionnement du régime ?
Frédéric le Moal donne non seulement des réponses à ces questions cruciales, mais porte sur le fascisme un regard nouveau et inhabituel chez les historiens français. Réaffirmant avec force le caractère totalitaire du régime, il replace l'idéologie qui le fonde dans sa nature révolutionnaire tout en la rattachant à la Révolution française et au socialisme.
Si les fascistes cherchèrent à détruire par la violence la modernité libérale de leur temps, ce ne fut pas au nom d'un âge d'or révolu et dans une démarche passéiste, mais avec la volonté farouche de construire une société et un homme nouveaux. Cette ambition imprégnait aussi bien les pensées et les actes du Duce que ceux de ses disciples, y compris dans la radicalisation sanglante de la république de Salò.
Pour toutes ces raisons, l'histoire du fascisme, ici racontée de la prise de pouvoir de Mussolini jusqu'à sa mort, est celle d'une révolution avortée.
Émission des "Jeudis du Carrefour de l'Horloge", animée par Henry de Lesquen.
Cette émission en deux partie commence par tracer le portrait d'un homme politique majeure de la IIIe République, esprit original et visionnaire, tombé dans l'oubli. Maxime Tandonnet revient sur le parcours politique d'André Tardieu qui dirigea plusieurs gouvernements entre novembre 1929 et mai 1932 et qui, incapable de mener à bien les réformes qu'il estimait nécessaires pour la France face aux périls d'alors, rédigea l'essai Le souverain captif, plus que jamais d'actualité.
La deuxième partie est consacrée au mouvement d'Action française de l'entre-deux-guerres qui eu la particularité de s'opposer radicalement à la fois au "germanisme" et au national-socialisme. Cette vision maurrassienne du nazisme est ce que nous propose de découvrir Michel Grunewald, nourrie des leçons de Fichte prodiguées à la "nation allemande" à l'heure de la domination napoléonienne.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
L'historien Johann Chapoutot s'attaque dans cette conférence aux étroites relations entretenues par le régime national-socialiste avec les milieux scientifiques en général et les domaines de la santé et des sciences de la vie en particulier. Car c'est massivement que la communauté scientifique s'est mise au service de l'idéologie raciste nazie.
Comment des jeunes gens brillants ont-ils versé dans l'horreur ? Pourquoi des médecins, juristes, historiens, linguistes, archéologues ou biologistes de haut niveau sont-ils devenus au fil des ans falsificateurs, pilleurs, parfois tueurs ?
Une intervention dans le cadre du colloque "Le vivant. Hommage à Claude Bernard", organisé par Alain Prochiantz.
Nous sommes le 18 décembre 1940. En cette fin d'année, alors que la France a capitulé depuis six mois, Hitler signe la directive Barbarossa. Ultra-secrète, cette dernière n'est tirée qu'à seulement neuf exemplaires. Elle sera décisive dans l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale puisque, de quelque façon que l'on considère le problème, l'échec de l'opération va enlever à l'Allemagne toute chance de victoire dans le conflit mondial.
Dans un premier temps, Jean Lopez revient sur les origines de cette opération. En effet, ce serait une erreur que d'isoler l'opération Barbarossa en dehors de son contexte historique, de ne pas plonger dans les origines politiques et diplomatiques, idéologiques mais aussi historiques de cet affrontement entre la Russie soviétique et l'Allemagne nazie.
Ensuite, dans un second temps, Jean Lopez s'arrête sur la dimension absolue et totale, de ce conflit. Nous naviguons d'un camp à l'autre et voyons aussi comment cette dimension absolue porte en elle au fond l'échec de l'Allemagne et la victoire russe.
Une émission animée par Christophe Dickès.
Comment définir un phénomène aussi insaisissable que le terrorisme ? Quelle est sa nature, son histoire et son avenir ? Défini comme un crime, il n'en demeure pas moins un concept flou dont les définitions sont extrêmement variables selon les époques, les histoires nationales et le droit.
Cette entretien, en établissant une typologie des terrorismes, fait le point sur les connaissances des violences polymorphes qui sont rassemblées sous ce vocable.
Professeur d'histoire contemporaine, et après s'être intéressé en détail au régime nazi, Joahann Chapoutot revient avec Libres d'obéir : le management, du nazisme à la RFA (Gallimard, 2020), où il s’intéresse en particulier aux méthodes de la Menschenführung, qui traduit et germanise le terme américain de management.
Car le management, du nazisme à la mondialisation, est bien l'art de produire le consentement et l'illusion d'autonomie chez des sujets aliénés. Et s'il ne dresse pas un réquisitoire contre le management et s'il ne dit pas non plus qu'il s'agit d'une invention du IIIe Reich, Johann Chapoutot souligne une certaine continuité entre les techniques d'organisation du régime nazi et celles que l'on retrouve aujourd'hui au sein de l'entreprise, en atteste la condamnation récente de l'entreprise France Télécom et de ses trois ex-dirigeants pour "harcèlement moral institutionnel".
À l'heure du virtuel et d'une croissance tournée vers la production mondiale effrénée, où le travail, entre burn out et bullshit jobs, semble ne plus avoir de sens, Johann Chapoutot montre que les nazis apparaissent finalement comme l'image déformée d'une modernité devenue folle, traitant des personnes comme de simples facteurs de production sous des apparences de bien-être et de bienveillance au travail.
Émission "La Grande table idées", animée par Raphaël Bourgois.
L'un des objectifs des pouvoirs totalitaires au XXe siècle fut de changer l'homme ; d'où le rôle central de la propagande et des intellectuels, ces "ingénieurs des âmes" (Staline).
Carl Schmitt, grand promoteur du droit d'exception dans l'entre-deux-guerres, s'est imposée comme le théoricien du droit le plus talentueux de sa génération. Obsédé par la "déjudaïsation" des sciences juridiques et des bibliothèques, il propose d'ajouter la mention "Jude" à chaque citation d'auteur juif dans un livre.
Retour sur la trajectoire intellectuelle de l'un des penseurs majeur du politique au XXe siècle, bien qu'actif compagnon de route de la machine nazie.
L'élection d'Emmanuel Macron a démontré la capacité des milieux d'affaires à se mobiliser, financièrement, idéologiquement et médiatiquement, pour imposer leur champion dans le champ politique. Analysé par Jérôme Sainte-Marie comme le candidat de le "réunification de la bourgeoisie", cet épisode illustre la nécessité de s'interroger sur les liens existant entre le capital et le pouvoir politique, d'abord par un détour de l'histoire.
Daniel Guérin (1904-1988), en son temps, posa la question des rapports entre capital et politique dans son livre pionnier Fascisme et grand capital. Ici, c'est l'historien Johann Chapoutot qui interroge plus spécifiquement les relations entre le nazisme et le grand capital dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres.
Une conférence prononcée au Mardi de l'Insoumission avec pour thème "Le capital a-t-il une politique ?"