D'abord chasseresse africaine au Kenya après son mariage avec le baron Bror von Blixen-Finecke, amoureuse au cœur brisé de Denys Finch Hatton, puis hôtesse mondaine dans sa demeure de Rungstedlund au Danemark, écrivain sur le tard (elle a 52 ans lorsque le futur best-seller La Ferme africaine est publié), conteuse, démiurge mondialement célébrée et lue, amante enfin d'un poète de trente ans son cadet, Thorkild Bjørnvig, ce sont toutes les vies romanesques de Karen Blixen que nous donnent à voir Bruno de Cessole et Dominique de Saint Pern.
De l'Afrique au Danemark et de New York à Londres nous est ressuscitée la femme courageuse et la diablesse, mais aussi l'âme de cet âge d'or où l'on savait aimer, écrire et mourir en beauté.
Alors que l'écologie semble occuper une place de plus en plus importante au sein des préoccupations des français d'aujourd'hui, celle-ci se trouve étrangement absente des débats politiques les plus actuels.
Pour comprendre ce paradoxe, Fabien Niezgoda, professeur d'histoire et engagé au sein de la mouvance écologiste, vient nous présenter Le sens de l'écologie politique, livre qu'il a rédigé en forme de dialogue avec Antoine Waechter, figure historique de l'écologie politique en France.
L'écologie, cette "pensée de la complexité", nous est exposée de manière simple et accessible afin que nous puissions en comprendre les enjeux pour notre société.
Comment se pose aujourd’hui la question politique des rapports entre la nature et la culture ? Pendant longtemps, les préjugés ethnocentristes des Modernes ont empêché de voir que la cosmologie qui s’est mise en place au cours du XIXe siècle (séparation entre une nature universelle et des cultures humaines contingentes) n’est pas la seule façon de rendre compte des structures du monde. On ne peut la prendre comme étalon afin d’appréhender la manière dont d’autres civilisations conçoivent les rapports entre humains et non-humains.
C’est ce que montrent les anthropologues : ils décrivent d’autres systèmes ontologiques, d’autres philosophies politiques, qui permettent de mieux comprendre la situation présente dans laquelle, avec le réchauffement global, les humains sont eux-mêmes devenus une force naturelle. Et c'est ce dont le professeur Philippe Descola nous entretient ici.
Cet entretien avec Francis Wolff, philosophe et professeur émérite à l’Ecole Normale Supérieure, permet de revenir sur l'état de sa réflexion quant à la notion de "sauvage" et des enjeux contemporains de nos relations aux espaces et aux espèces sauvages.
En effet, une partie de ses recherches et publications a été consacrée à la question des animaux dans l'histoire de la philosophie (notamment antique). Depuis plus de 20 ans, il mène également une réflexion personnelle sur la question de l'animal à travers celle de l'homme et de son statut ontologique.
- 0'00'26 : Qui êtes-vous ?
- 0'00'47 : Comment votre réflexion philosophique vous a-t-elle conduit à interroger le concept d'animal et la notion de sauvage ?
- 0'05'08 : Pourquoi l'Antiquité grecque a-t-elle inventé l'animal ?
- 0'12'07 : Comment le sauvage se définit-il dans le monde antique ?
- 0'18'00 : Comment l'articulation des catégories d'humanité et d'animalité a-t-elle évolué dans la pensée moderne et contemporaine ?
- 0'28'20 : Peut-on interpréter le brouillage actuel des frontières entre l'homme et l'animal au regard de l’évolution des sensibilités pour les animaux ?
- 0'37'30 : Dans quelle mesure la distinction entre sauvage et domestique exprime-t-elle la diversité des devoirs que nous pouvons avoir envers les animaux ?
- 0'49'00 : Comment se traduit la confusion des catégories en fonction desquelles nous ordonnons nos devoirs envers l'animal sauvage, domestique ou de compagnie ?
- 0'54'36 : Que désigne la notion de "sauvage" quand on parle des animaux ?
- 1'03'29 : Que signifient les condamnations morales au titre de la souffrance animale, de la corrida ?
- 1'10'43 : Quel avenir pour le sauvage ?
Du ferment transcendantaliste, Thoreau a retenu la nécessité de résister à l'emprise des stéréotypes : il a mis les idées reçues la tête en bas pour déstabiliser les habitudes mentales.
Son opposition à la tradition l'a conduit à une réflexion éthique, politique et écologique qui retient l'attention par ses interrogatinos et sa vigueur provocatirce.
Il a prêché la sauvegarde de l'humanité par le respect de la nature.
Et en dépit de son exentricité, il est devenu un héros de la culture américaine.
Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Françoise Estèbe.
Que la politique soit en proie aux "passions", tout le monde l'accordera. Autrement malaisé serait de faire entendre que les affects constituent son étoffe même. La politique n'est-elle pas aussi affaire d'idées et d'arguments, et les "passions" ne sont-elles pas finalement que distorsion de cet idéal d'une politique discursive rationnelle ?
Le point de vue spinoziste bouscule la fausse évidence d'une antinomie entre les "idées" et les affects. On émet bien des idées pour faire quelque chose à quelqu'un - pour l'affecter. Et, réciproquement, les idées, spécialement les idées politiques, ne nous font quelque chose que si elles sont accompagnées d'affects. Faute de quoi, elles nous laissent indifférents.
En "temps ordinaires" comme dans les moments de soulèvement, la politique, idées comprises, est alors un grand jeu d'affects collectifs.
Une conférence qui s'inscrit dans le séminaire "Actualité de la philosophie et des sciences sociales" organisé par Geoffroy de Lagasnerie.
L'ambition de cet exposé est de reprendre le dossier de l'antinaturalisme dans la critique sociale à partir d'une lecture précise de Kropotkine (1842-1921).
En effet, Renaud Garcia soutient que loin de manifester une impasse pour tout discours qui voudrait dessiner les voies d'un changement radical de société, la notion de "nature humaine" telle que l'emploie Kropotkine offre de nombreux outils pour œuvrer dans cette direction. À la fois géographe et évolutionniste, Kropotkine ouvre la nature humaine en direction de la nature globale, et plus précisément du legs coopératif de l'évolution des espèces, à l'inverse de toute crispation essentialiste.
C'est sur ce legs sans cesse retravaillé en fonction des contextes dans lesquels l'humain est conduit à vivre qu'il convient de s'appuyer pour contrer les effets de réductionnismes ruineux tels que le darwinisme social ou la sociobiologie.
L’industrie est une vision du monde. Avant d’être machinisme, elle est une grande machinerie intellectuelle. Nous vivons et nous croyons dans les "Révolutions industrielles" qui se multiplient depuis deux siècles.
Le travail de Pierre Musso porte un regard anthropologique et philosophique de l'Occident sur lui-même. Cet Occidental selfie met au jour sa puissante religion industrielle, jamais vue comme telle.
L’industrie absorbe tout. Elle fait tenir l’architecture culturelle de l’Occident. Car l’Occident a bien une religion. Il ne s’est produit aucune "sécularisation". La religion ne peut disparaître : elle se métamorphose. Avec la "Révolution industrielle", un "nouveau christianisme" technoscientifique a été formulé.
Pierre Musso donne à voir la naissance, dans la matrice chrétienne, d'une religion rationnelle qui est désormais notre croyance universelle. L'esprit industriel s'est emparé du plus grand mystère de l'Occident chrétien, celui de l'Incarnation, et l'a inscrit dans divers grands Corps pour transformer le monde : ceux du Christ, de la Nature, de l'Humanité et de l'Ordinateur.
Pierre Musso explore la généalogie de la religion industrielle et met en évidence trois bifurcations majeures institutionnalisées dans le monastère (XIe-XIIIe siècles), la manufacture (XVIIe-XVIIIe) puis l'usine (XIXe), avant de constituer l’entreprise (XXe-XXIe). Son élaboration s'est accomplie sur huit siècles pour atteindre son apogée avec la "Révolution managériale", la cybernétique et la numérisation.
La religion industrielle a produit un corpus philosophique, quelques bibles encyclopédiques, un puissant imaginaire et un grand théâtre usinier. Elle s'est construite à l'ombre de l'État et contre la religion politique, longtemps de façon souterraine. Désormais, l'Entreprise porte et exporte la religion industrielle alors que l'État voit sa symbolique politique se dilapider.