La Première Guerre mondiale a souvent été présentée comme une grande guerre civile européenne. On l'a aussi désignée comme marquant le véritable début du XXe siècle. Mais ce qui est plus fascinant encore, c'est que ce conflit mondial a déterminé toute l'évolution du XXe siècle.
En Russie, la guerre permit aux bolcheviks de parvenir au pouvoir. En Allemagne, le national-socialisme, lui aussi fils de la guerre, se nourrira à la fois de la menace soviétique et de l'humiliation imposée aux allemands par le traité de Versailles. Hors d'Europe, l'avènement du pricipe des nationalités aboutit à la décolonisation.
Et nous n'avons pas encore fini aujourd'hui de percevoir les conséquences de ces phénomènes...
Dans ce numéro des "Idées à l’endroit", Alain de Benoist s'entoure d'invités de choix pour approfondir ce thème qui revient très souvent dans les débats politiques : le politologue Guillaume Bernard, le docteur en philosophie Guilhem Golfin auteur d’un essai intitulé Souveraineté et désordre politique et le journaliste-essayiste Aristide Leucate.
Un échange de haute tenue qui nous permet de réfléchir aux limites du politique.
Normalien et énarque, historien et haut fonctionnaire, Arnaud Teyssier a travaillé auprès de Philippe Séguin, auquel il consacre aujourd'hui une biographie qui était attendue avec impatience par ceux qui ont suivi ou accompagné son parcours politique depuis sa candidature dans les Vosges et son élection à l’Assemblée nationale.
Maire d’Épinal, ministre des Affaires sociales dans le gouvernement Chirac en 1986-1988, Philippe Séguin conduisit la campagne contre le traité de Maastricht. Témoin de la dégénérescence du gaullisme et du parti qui s’en prétendit l’héritier il avait dénoncé les périls – l’européisme, la mondialisation, la crise de la démocratie – qu’il n’a pas réussi à écarter.
Pourquoi Philippe Séguin ne fut-il pas l’homme de la rupture que beaucoup de Français attendaient ?
A l'heure où l'on débat du contenu des programmes d'histoire à l'école, où l'on voit fixé par la loi ce qui doit être commémoré, Shlomo Sand s'interroge : tout récit historique n'est-il pas idéologiquement marqué ? Les sensibilités politiques et la puissance des Etats ne pèsent-elles pas démesurément sur la recherche en histoire et sur son enseignement ? Et, dans ces conditions, peut-il exister une vérité historique moralement neutre et "scientifique" ?
C'est en faisant "l'histoire de l'Histoire" qu'il dénonce les méthodes avec lesquelles les historiens européens ont construit les mythologies nationales modernes, ou encore la tendance actuelle à faire de l'historien le prêtre de la mémoire officielle ou le forgeron des identités nationales.
La meilleure histoire sera celle qui, non seulement dévoile les rapports de force existant dans toute société, mais aussi, celle qui n'ignore pas que les voix multiples venant retranscrire le passé ne seront jamais sur un pied d’égalité.
Une conférence qui s'inscrit dans le cadre du séminaire "Inégalités entre Globalisation et Particularisation", organisé par Alain Renaut et Jean-Cassien Billier.
Stéphane Dion, député libéral de Saint-Laurent-et-Cartierville, et Mathieu Bock-Côté, sociologue et chroniqueur, répondent à la question posée par le Comité Régional des Jeunes du Parti Québécois de la Capitale-Nationale, en collaboration avec le Parti Québécois de l'Université Laval : le modèle multiculturel canadien peut-il satisfaire le particularisme québécois ?
S'en suit un débat inévitable pour deux visions radicalement différentes de la nation, du peuple et des conditions d'accueil et d'intégration des ressortissants étrangers.
S'il est un bien commun au peuple français, c'est son identité, cette réalité précieuse et fragile qui permet à l'individu de ressentir une appartenance unique et profonde à une communauté incarnée, de partager le même héritage et le même destin avec ses compatriotes.
Qu'est-ce, aujourd’hui, qu'être français ? Qui peut se réclamer de cette identité nationale ? Comment reconnaître et préserver l’unité identitaire et culturelle de la France, pour laquelle nos aïeux sont tombés en nombre au champ d'honneur et qui est aujourd'hui niée, bafouée, violée ?
Henry de Lesquen nous présente ses réflexions sur ce sujet crucial pour notre présent et pour notre avenir.
Que faire des idéaux que sont l'internationalisme, le dépérissement de l'Etat et l'horizontalité radicale ? Les penser. Non pas sur le mode de la psalmodie mais selon leurs conditions de possibilité.
Ou d'impossibilité ? C'est plutôt la thèse que défend Frédéric Lordon, mais sous une modalité décisive : voir l'impossible sans désarmer de désirer l'impossible. C'est-à-dire, non pas renoncer, comme le commande le conservatisme empressé, mais faire obstinément du chemin. En sachant qu'on n'en verra pas le bout.
Les hommes s'assemblent sous l'effet de forces passionnelles collectives dont Spinoza donne le principe le plus général : l'imperium - "ce droit que définit la puissance de la multitude". Et Frédéric Lordon de déplier méthodiquement le sens et les conséquences de cet énoncé. Pour établir que la servitude passionnelle, qui est notre condition, nous voue à la fragmentation du monde en ensembles finis distincts, à la verticalité d'où ils tirent le principe de leur consistance, et à la capture du pouvoir.
Il ne s'en suit nullement que l'émancipation ait à s'effacer de notre paysage mental - au contraire ! Mais elle doit y retrouver son juste statut : celui d'une idée régulatrice, dont l'horizon est le communisme de la raison.