René Passet présente sa somme sur l'histoire des théories économiques prises dans leur chronologie et le contexte épistémologique qui les explique et les rend intelligibles.
Il vient ensuite débattre des grandes représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire, et termine sur quelques questions d'actulité.
La Tiers-Mondialisation de la planète, c'est le laminage des classes moyennes et la polarisation riches-pauvres de l'ensemble des sociétés, les ramenant toutes à l'état du Tiers-monde d'avant les "miracles".
Bernard Conte analyse le caractère universel de cette transformation sociale comme résultat des politiques économiques néolibérales mises en œuvre depuis le milieu des années 1970. Le libéralisme régulé des "Trente Glorieuses" fonctionnait sur la base redistributive du compromis fordiste au Nord et du clientélisme nationaliste au Sud. Puis la crise des années 1970 et l'implosion du bloc soviétique changèrent la donne et le capitalisme s'orienta vers la financiarisation et la dérégulation.
Dans un premier temps, le monétarisme inspira les ajustements structurels : la désinflation compétitive au Nord et les programmes du consensus de Washington au Sud. Quand leur mise en œuvre buta sur l'obstacle politique, l'ordolibéralisme prit le relais et entreprit, sur la base du post-consensus de Washington, de diffuser mondialement une "économie sociale de marché" purifiée. L'économique et le social sont alors progressivement déconnectés du politique, la démocratie devient virtuelle, la redistribution s'épuise et la classe moyenne est en voie d'euthanasie... La dynamique du capitalisme financiarisé globalise la structure sociale fortement dualisée des pays les plus pauvres : c'est la Tiers-Mondialisation de la planète.
Les crises financières à répétition sont-elles dues aux seules politiques néo-libérales qui favorisent le capital financier aux dépend du travail salarié ou indiquent-elles la limite historique de la société capitaliste elle-même, basée sur la valeur, le travail abstrait, l’argent, la marchandise et le fétichisme de la marchandise ?
Depuis vingt ans, la "critique de la valeur" propose une relecture de l’œuvre de Marx en ce sens et en dérive des analyses du monde actuel.
C’est ainsi que les contestations que le capitalisme ne manquera de provoquer pourront s’attaquer au noyau de cette formation sociale -le travail abstrait producteur de marchandise- au lieu de se cantonner à une critique morale de ses symptômes, comme la spéculation.
Face au marché total, face à la concurrence éfreinée des firmes et des modèles juridiques, il semble aujourd'hui difficile de faire sa part à la justice sociale.
Armé de la certitude selon laquelle on ne régule pas les marchés comme on régule son chauffage central, le problématique soulevée par Alain Supiot est celle de la réglementation.
C'est donc à retrouver l'esprit de 1944 (Déclaration de Philadelphie), celui de la première Déclaration internationale des droits à vocation universelle qu'il s'emploie.
Emission "La Fabrique de l'Humain".
Penser les banlieues françaises comme une reproduction des ghettos américains permet au gouvernement d’adopter comme aux Etats-Unis des politiques répressives et sécuritaires.
En quoi cette approche -rapprocher les ghettos de nos banlieues- est-elle erronnée ? Participe-t-elle de l' "excuse sociologique" ?
Quelles sont les problèmes spécifiques que rencontre le prolétariat français dé-sosialisé ? Quels pourraient-être les remêdes à de tels maux ?
Les Etats-Unis, dans les années 20 et avec 6% de la population mondiale, produisaient plus de 50 % du PIB de la planète et en consommaient encore davantage grâce au crédit facile.
Hélas, on sait comment ont fini "les rugissantes années 20" : crise de surproduction agricole, krach boursier américain, faillites bancaires en chaîne, ruine des épargnants, chômage de masse, fermeture des frontières, montée des mouvements autoritaires dans presque toute l'Europe. Et finalement, la pire des guerres qu'ait connues le monde.
Comme dans les années 1920, notre monde actuel connaît un certain nombre de situations paradoxales : La masse monétaire en circulation à travers le monde progresse à une vitesse bien supérieure à la croissance mondiale et les Etats-Unis sont en quasi-plein emploi - pourtant l'inflation, qui devrait logiquement s'ensuivre, demeure étrangement absente. Les Américains -ménages et Etat fédéral confondus- sont endettés dans des proportions gigantesques, mais le dollar reste fiable ; Chinois et producteurs d'hydrocarbures de pétrole et de gaz continuent à éponger ces déficits prodigieux, puisqu'ils ne savent pas quoi faire d'autre de leurs gigantesques profits.
Pour rester en Europe, autre paradoxe : la monnaie unique était censée rapprocher les politiques budgétaires et fiscales des Etats-membres. Mais il se passe exactement le contraire : la situation des pays en forte croissance, comme l'Espagne ou l'Irlande appellerait des politiques monétaires restrictives - pour éviter la surchauffe ; celle des pays en stagnation, comme l'Italie, ou à la croissance molle, comme la France, exigerait au contraire un relâchement des taux de la BCE....
A combien de mois, combien de semaines, sommes-nous de l'éclatement de la vraie crise boursière des années 2000 ? Quelles en seront les conséquences financières, économiques, politiques, morales ? Quelles leçons pouvons-nous tirer du précédent des années 30 ?
Emission "Du Grain à moudre".
Remarque : cette émission, enregistrée quelques mois avant le début de la crise dite des "subprimes", est intéressante dans la mesure où elle permet de distinguer différentes positions épistémologiques dans le domaine de l'économique, qui n'ont pas toutes le même degré de correlation à la réalité...
Le conférencier nous montre que le tour punitif pris par les politiques pénales lors de la dernière décennie ne relève pas du diptyque "crime et châtiment", mais annonce l'instauration d'un nouveau gouvernement de l'insécurité sociale qu’il caractérise de "libéral-paternaliste" : libéral en haut, envers les entreprises et les classes privilégiés, et paternaliste en bas, à l’égard des populations précarisées et déstabilisées par la dérégulation économique et le retrait de la protection sociale.
Au sein de cet État-centaure, la police, les tribunaux et la prison retrouvent leur rôle historique d'origine : plier les populations indociles à l'ordre économique et moral émergent.
Le déploiement de politiques pénales agressives ne participe pas d’un chimérique "programme sécuritaire" qui relèverait du registre de la "répression" : elle s’inscrit au contraire dans la production du Léviathan néolibéral capable de discipliner le précariat postindustriel.