Comme à son habitude, Pierre-Yves Rougeyron, pour le Bréviaire des patriotes, revient sur l'actualité du mois précédent.
De l'analyse des résultats des élections départementales 2015 à l'affaire RATP/Chrétiens d'Orient, en passant par les projets d'armée européenne ou la question kurde, Pierre-Yves Rougeyron nous dresse un tableau de l'état de la France dans le monde contemporain.
En ce mois d'août 2009, Dominique Rousset a reçu Régis Debray pour une série d'entretiens sur France Culture.
Debray, avant de prendre la parole, la rend à celles et ceux qui l'ont inspiré, instruit ou contredit. Les plus pointus ou les mieux informés. Dans tous les camps et dans chaque champ.
Un demi-siècle en revue. De l'école au théâtre, des maquis sud-américains aux lambris élyséens, du souci religieux au plaisir littéraire. Ces amicales confrontations remettent à chaque étape les choses et les idées en place. En mariant rigueur et bonne humeur.
Elias Moutran, avocat libanais et militant pan-arabe de longue date, nous brosse un tableau général de la situation dramatique du Moyen-Orient et des chrétiens qui y résident depuis deux milles ans.
Eloigné de toute caricature, il montre les fractures qui existent entre les différents acteurs de la région, leurs buts et leurs vues. Il est par exemple important de comprendre en quoi le sionisme évangélique américain, aligné sur les positions de l'état d'Israël, reste le plus grand fauteur de troubles dans la région, allié à différentes pétro-monarchies (Arabie Saoudite, Qatar).
Cette approche nous offre une grille de lecture performante, qui nous permet de comprendre les événements ayant récemment secoué le Moyen Orient.
Le monde des sociétés monothéistes, au-delà des diversités apparentes, présente des caractéristiques communes trop souvent oubliées des politologues comme des théologiens ou des sociologues des religions.
Derrière la laïcisation de la pensée, continue souvent de se cacher inconsciemment un archétype de gestion des sociétés monothéistes, très marqué par le désir de réaliser sur terre l’idéal de l’unicité divine prêché par le judaïsme, l’islam et le christianisme.
L’Ancien Testament nous donne malheureusement la vision d’un Dieu exclusiviste de toute autre divinité, qui se choisit un peuple destiné à accomplir une mission universelle dans une perspective eschatologique. L’exclusion de l’autre, non converti à la foi dans le Dieu unique, voire son annihilation physique, constituent une pratique courante dont l’Ancien Testament nous donne des exemples (le Herem ou guerre sainte).
Les idéologies modernes, telles celles propres à différents types de nationalismes ou de marxismes, formellement laïcisées, semblent avoir continué de fonctionner suivant cet archétype : peuple ou classe sociale élue, systèmes philosophiques englobant et fermés, mission "civilisatrice" à accomplir pour le bonheur de l’humanité.
La fin de ces idéologies a ouvert la porte à différentes formes de "retour du religieux" et à la lecture littéraliste - et non plus symbolique - des textes sacrés des trois monothéismes. Judaïsme, Islam et Christianisme sont ainsi instrumentalisés depuis quelques décennies à des buts de puissance purement profanes.
Youssef Courbage développe une thèse très iconoclaste sur l'évolution culturelle et politique du monde musulman : la révolution démographique qui y est actuellement en cours montre une chute rapide, et très largement méconnue, de la fécondité des populations.
Cette transition démographique serait un indicateur de l'évolution des mentalités et de l'intensité du processus de modernisation.
Et c'est tout naturellement qu'il en tire un certain nombre de conclusions politiques, notamment sur les perspectives d'évolution du terrorisme islamique, à contrecourant de la plupart des idées reçues. Pour lui, cette chute de la fécondité est l'indice d'une révolution culturelle et mentale qui rapprochera le monde musulman du monde occidental.
Une grille de lecture intéressante pour replacer les soubresauts de notre actualité immédiate dans un cadre plus général d'évolution des populations.
Une idée récurrente -à la fois chez les islamistes et chez leurs détracteurs- est que les pays musulmans sont rétifs à la modernisation, et à la plus importante des formes de transition, la transition démographique, celle de la fécondité et de la mortalité des enfants (et des filles) notamment. Or, les réalités montrent que la baisse de la fécondité, après avoir pris un retard certain pour des raisons complexes à la fois socio-économiques et culturelles, mais peut-être aussi idéelles, a pris sa vitesse de croisière et que l’atteinte du seuil de remplacement des générations, voire son dépassement est plausible dans un avenir non éloigné.
Pourtant, les schémas idéologiques anciens sont toujours présents : (1) la fécondité islamique est universellement élevée (2) elle ne manifeste aucune tendance importante à la baisse (3) elle est supérieure à celle des peuples voisins adeptes des autres religions.
Youssef Courbage nous montre à quel point cette vision est loin des évolutions dont nous sommes aujourd'hui les témoins. En effet, la transition démographique qui se passe sous nos yeux nous permet de postuler un "rendez-vous des civilisations", tant les variables observées semblent se rapprocher des standards occidentaux.
Alors que la résolution du conflit israélo-palestinien semble toujours plus improbable, Jacob Cohen et Charles Meyer débattent de la question et des remèdes possibles à y apporter.
Leurs points de vue radicalement différents donnent lieu à un débat viril, qui s'apparente parfois à un dialogue de sourds. Cela permet en tout cas de mesurer la difficulté d'arriver à un consensus en la matière.