Rémi Brague nous présente les travaux de l'universitaire espagnol et arabisant mondialement reconnu Serafín Fanjul, qui s'est penché principalement sur Al-Andalus, cette Espagne médiévale dite des trois cultures, où la domination politique de l'islam aurait permis pendant des siècles d'extraordinaires échanges culturels entre les communautés islamique, chrétienne et juive, sur fond de cohabitation harmonieuse.
Cette vision du passé relève davantage du fantasme que de la réalité. La vérité historique a été emportée par la croyance, et celle-ci est d'autant plus séduisante que les sirènes du conformisme ont su la détourner à leur profit pour faire de l'Espagne d'alors un véritable paradis perdu du multiculturalisme européen.
Face aux partis pris stériles et lieux communs en tout genre, Serafín Fanjul entend dissiper la brume pour "retrouver l'Espagne". Et la réalité historique que son travail restitue est celle d'une péninsule où règnent entre les communautés l'intolérance et le conflit, la souffrance et la violence, bien loin de l'ouverture et de l'apaisement trop souvent soutenus.
La minutie de l'argumentation de Serafín Fanjul, présentée par Rémi Brague, permet ainsi d'entrevoir, à rebours de la représentation habituelle, une Espagne qui a trouvé dans la Reconquista la voie de l'émancipation et de la libération.
Une des questions les plus intéressantes que peut se poser l’historien dans ses recherches et dans son approche du temps, est sans nul doute celle de la transmission. Comment les sciences, comment la pensée, comment les arts se transmettent t’ils d’une époque à une autre ? Comment des idées, un ensemble de valeurs peuvent-ils traverser les âges et produire de nouveaux fruits, des années, des siècles, voire un millénaire après leur apparition ? Comment enfin, en dépit des crises des temps, des décadences, des forces contraires, “une flamme” se maintient-elle ?
Et si nous nous attardions sur le passage de la culture grecque dans le monde européen médiéval ? Longtemps, les études historiques ont privilégié l'idée que la Grèce est venue à nous par le monde arabe. Sans remettre en cause ce canal de transmission, quel rôle a aussi joué Byzance ? Quels furent les routes, les intermédiaires, les supports de cet univers qui fonde notre humanisme et, disons-le, notre civilisation ?
Une émission animée par Christophe Dickès.
Comment penser la Culture, la Civilisation et l'Histoire avec rectitude ? Comment se départir des condamnations faciles, des illusions rétrospectives, de la nostalgie d'âges d'or imaginaires, de l'obsession de la décadence ?
Ces questions, et bien d’autres, furent au fondement des réflexions de José Ortega y Gasset, lorsqu'il entreprit de penser les grands bouleversements (Renaissance, Lumières) qui nous précédèrent. Il en tira une lecture de l'Histoire plus actuelle que jamais, entre étude des ruptures et analyse des permanences.
Loin du manichéisme qui se répand aujourd'hui, il montre, dans chaque époque, le visage de l'invariant et celui du changeant, rétablissant la grande chaîne de l'Histoire. Cette vision féconde est à notre portée pour comprendre notre passé, appréhender notre présent et entrevoir notre avenir.
Luc Roche, professeur de philosophie et hispanisant, nous introduit à l'oeuvre de ce grand penseur dont il vient de traduire Autour de Galilée pour les éditions Perspectives Libres.
Le livre de Dominique Venner Histoire et traditions des Européens : 30 000 ans d'identité est né des interrogations d'un historien témoin de son temps. Il répond dans un esprit neuf aux questions que se posent les Français. Qu'est-ce que la France ? Qu'est-ce que l'Europe ? Que sommes-nous et où allons-nous ?
Pour Dominique Venner, l'Europe n'est pas née du traité de Maastricht. Elle est issue d'une communauté de culture qui remonte à la plus lointaine préhistoire. Elle se définit comme une civilisation très ancienne, tirant sa richesse de ses peuples constitutifs, d'une même histoire et d'un même héritage spirituel qu'il a souvent fallu défendre.
Revenir aux sources, tel est donc l'objet de cette démarche qui se veut une métaphysique de l'histoire. On y découvrira ce que nous avons en propre depuis les poèmes homériques, les légendes celtes et nordiques, l'héritage romain, l'imaginaire médiéval, l'amour courtois… On y suivra la quête de notre tradition européenne authentique, une façon d'être unique devant la vie, la mort, l'amour et le destin.
Émission "Les trésors en poche", amimée par Anne Brassié.
Les lieux communs ont la vie dure. Ainsi cette idée d'un Moyen Age dualiste, qui aurait instauré une guerre entre le corps et l'âme : d'un côté, un corps coupable, source du péché, de l'autre, une âme pure tournée vers Dieu.
Réfutant cette construction, Jérôme Baschet montre plus subtilement que le Moyen Age chrétien a développé une pensée positive du lien entre l'âme et le corps, soucieuse de valoriser l'unité psychosomatique de la personne.
Ce modèle a permis de penser non seulement l'être humain mais aussi l'ordre social dont l'Eglise est alors l'institution dominante.
Jérôme Baschet dépasse les limites habituelles du Moyen Age en prolongeant l'analyse jusqu'au moment où, avec Descartes et Locke, s'impose une conception radicalement nouvelle de la personne, identifiée à la conscience, qui ne doit son activité à rien d'autre qu'à elle-même.
En montrant enfin les différentes perceptions de la personne dans d'autres cultures - de la Chine impériale aux sociétés amérindiennes en passant par l'Afrique ou la Nouvelle-Guinée - Jérôme Baschet nous offre un voyage comparatiste indispensable pour évaluer la singularité des conceptions occidentales de l'humain et mettre à distance l'idée moderne du moi.
C'est aux alentours de Montségur que Claire Colombi, historienne, médiéviste et auteur de La Légende noire du Moyen Âge, vient nous parler de la réalité du catharisme et des enjeux liés à sa remise récente sur le devant de la scène.
Se pourrait-il que ce thème historique soit utilisé à des fin d'instrumentalisation des mémoires ?
Qu'est ce que le récentisme ? Ce mouvement, également appelé "nouvelle chronologie", remet en question la chronologie universellement admise des faits historiques et suscite parfois l’hostilité, parfois la curiosité du public et des spécialistes.
Mais le récentisme est-il crédible ? C'est pour traiter de cette épineuse question qu'un débat entre deux historiens nous est proposé.
En effet, Laurent Guyénot propose de ne pas fermer totalement la porte à cette théorie historique en prenant appui sur les incohérences chronologiques constatées par Fomenko et ses émules. Pour lui le récentisme est une vision sérieuse de l’histoire qui ne doit pas être rangée dans la catégorie des théories farfelues. Elle permet d'ouvrir des pistes de recherches, de nous interroger sur les modes de fabrication de l’histoire, et nous invite à un changement de paradigme, non seulement temporel (réévalution à la baisse de certaines datations cruciales) mais spatial (déplacement du centre de gravité de certains espaces géopolitiques).
L’historienne Claire Colombi, en s’appuyant sur la discipline historique telle qu’elle est pratiquée, va ensuite répondre point par point à son interlocuteur et mettre en exergue les impasses et les contradictions de cette théorie. Au-delà de cette réfutation, elle met en garde contre les atteintes portées à la vérité historique et les conséquences idéologiques qui pourraient en découler.
Claire Colombi, médiéviste, est l'invité de la Méridienne pour évoquer la "légende noire" du Moyen-Age. Cette période historique, qui ne doit son nom qu'aux penseurs de la Renaissance, a en effet longtemps servi de faire-valoir pour les tenants du progrès et de la modernité.
Mais qu'en est-il vraiment ? La réalité historique est-elle aussi repoussante ? Et si tel n'est pas le cas, pourquoi une telle propagande a-t-elle été mise en place ?
Une émission animée par Wilsdorf et Jean-Louis Roumégace.