La notoriété grandissante des interventions d’Étienne Chouard depuis le "référendum" de 2005, lui permet de devenir l’un des penseurs les écouté sur la crise économique en Europe et la démocratie.
Il s’intéresse tout particulièrement à l’examen d’un système combinant tirage au sort de représentants du peuple non-reconductibles et révocables à tout moment, de façon à éviter toute oligarchie politique.
C'est donc vers une application radicale du principe démocratique, puisée aux sources Athniennes et aux multiples expériences menées ça et là depuis 2500 ans, qu'Etienne Chouard nous invite.
Au-delà d'une certaine rhétorique, connaissons-nous réellement la personne et l'oeuvre de Keynes ? L’économie, nous dit-il, est au service de la vie, et non l’inverse. Malgré tout, on aurait tort d'y voir là une vision sociale du monde. Keynes était un élitiste « que la lutte des classes trouverait toujours du côté de la bourgeoisie ». Cet homme libre, tant sur le plan des mœurs que de la pensée, qui a su par exemple intégrer les théories freudiennes du rapport à l’argent dans son analyse, a changé les lunettes des économistes du XXe siècle. Emission "Une vie, une œuvre".
Bernard Lietaer esquisse une composante fondamentale de la civilisation qui remplacera notre système en phase terminale : la monnaie complémentaire.
L'argent, par sa logique de création par la dette et son mécanisme de prêt contre intérêt est comparée au système d'exploitation d'un ordinateur. Le système d’exploitation est le logiciel coordinateur qui permet à un PC de fonctionner. De manière analogue, la monnaie est cet intermédiaire qui réside au coeur de toutes les activités humaines, partout dans le monde. Selon une métaphore de Bernard Lietaer, elle est aussi omniprésente pour l'homme moderne - et "inconsciente" - que l'eau pour le poisson. L’économiste explique comment le mécanisme du taux d'intérêt, et son corollaire l'actualisation, est à l’origine de la préférence pour le court terme qui empêche nos sociétés d'empoigner à bras le corps les problèmes qui les conduisent dans le mur.
Bernard Lietaer propose de complémenter le système des monnaies en vigueur par des monnaies circonscrites géographiquement et dont le fonctionnement induit naturellement chez les agents économiques et les particuliers des comportements non plus compétitifs, mais collaboratifs. Le mécanisme est le suivant : l'Etat prélève ses taxes non sous forme de monnaie ordinaire, mais en monnaie alternative. Cette monnaie alternative se gagne en fournissant des services à la collectivité ou en contribuant d'une manière ou d'une autre à l'atteinte de ses objectifs de long terme, écologiques ou sociétaux. La monnaie complémentaire est associée à un intérêt négatif, ce qui lui fait perdre sa valeur avec le temps, encourageant ainsi sa circulation et non sa capitalisation, le mécanisme d'actualisation s’en trouve inversé, ce qui évite que des dépenses importantes se produisant dans un futur éloigné soient artificiellement minimisées dans les calculs financiers de rentabilité d'investissement.
La véritable richesse d'un pays, d'une ville, n'est pas constituée de capital monétaire, mais de biens tangibles qui concourent au bien-être des citoyens ainsi que de rapports sociaux harmonieux. Une société est un écosystème dont la valeur provient de l'équilibre et de la qualité des relations qui se développent entre ses composantes.
Ce que l’on appelle la mondialisation, dont Paul Valéry esquissa quelques conséquences peu de temps après la Première Guerre mondiale, conduit à présent à un processus de modernisation planétaire. Celui-ci fut déclenché en Europe occidentale aux alentours de la Renaissance. Il conduisit à la révolution industrielle, puis à l’expansion planétaire du capitalisme. Mais il fut accompagné d’un projet moderne qui constitua jusqu’au XXe siècle le versant politique du devenir technologique et économique.
La modernisation contemporaine se poursuit désormais indépendamment du projet moderne, et même contre lui. Un tel état de fait est-il possible et souhaitable ? Que penser de ce que l’on a nommé "l’autre modernité", "la modernité réflexive" - en particulier ces derniers temps, après la crise de 2008 ?
La crise économique mondiale menace la stabilité financière des Etats. La rigidité des systèmes monétaires officiels est souvent pointée du doigt car jugée peu adaptable à la diversité des territoires.
Face à ce constat, les monnaies complémentaires régionales pourraient être d’une aide précieuse. Elles peuvent en effet catalyser le développement d’un territoire, fédérer les multiples communautés, associations, entreprises et projets pour lesquels la monnaie devient un instrument de vitalité.
Le débat qui suit la conférence est modéré par Myret Zaki.
Vers quoi nous dirigeons-nous ? Quels scénarios géopolitiques peut-on attendre pour demain ? Quelle crise économique vivons-nous vraiment et quels en sont les dessous ? Existe-t-il encore une alternative politique pour les peuples ou sommes-nous condamnés à devoir subir les choix imposés par des oligarchies mondialisés pour qui le destin des nations ne comptent pour rien ? Demain la révolte des nations ou la gouvernance mondiale ?
Quels exemples pour de nouvelles dissidences populaires : l’Islande, l’Amérique latine ? Quelle place pour la France et l’Europe dans le monde qui se dessine ? Quelle souveraineté pour demain : nationale ou européenne, continentale avec la Russie ?
Le système sauvera t’il sa peau en déclenchant une guerre mondiale ouverte comme dans les années trente ou bien allons-nous vers une lente agonie de nos nations ? Allons-nous vers une troisième guerre mondiale déclarée ou bien l’Empire arrivera t’il à abattre ses réfractaires de manière plus indirecte ? Les nouvelles “nations prolétaires” du sud de l’Europe relèveront-elles le gant face au mondialisme ?
La constitution d’un lobby populaire et national d’influence est-elle réalisable ? A-t-elle déjà commencée : en France avec Égalité et Réconciliation et d’autres réseaux dissidents, en Italie avec Casapound et d’autres initiatives ?