La puissance française : Jacques Sapir répond aux questions d'Idriss Aberkane.


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16.05.2020

Sous nos yeux naît un nouveau monde, sans puissance régulatrice, marqué par un monde multipolaire et où la souveraineté nationale redevient un axe clé de la pensée politique.
Las, les élites européennes en générale et françaises en particulier tardent à reconsidérer leurs politiques à l'aune de cette nouvelle donne, alors même que la pandémie de Coronavirus presse au changement. .
Pour combattre l'inertie intellectuelle et la répétition de schéma obsolètes, pour préparer un futur auquel nous devrons faire face en tant que nation, Jacques Sapir s'attache à montrer quelles leçons notre pays devrait tirer de la période tumultueuse que nous sommes en train de traverser.

Pourquoi je tiens un petit texte oublié de Mandeville comme le logiciel caché du capitalisme. Avec Dany-Robert Dufour pour l'Université d'État de Campinas.


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27.09.2019

De Mandeville, on connaît la Fable des abeilles sur les vices privés qui produisent de la vertu publique – celle de produire de la richesse en l'occurrence. Dans un autre texte de Mandeville, oublié, Recherches sur les origines de la vertu morale, Dany-Robert Dufour a trouvé encore mieux : "Il faut confier le destin du monde aux pervers", dont le titre de son livre donne une traduction osée mais somme toute assez juste. Il y voit la maxime fondamentale, le "logiciel caché" du capitalisme et d'un art de gouverner que n'aurait peut-être pas renié Machiavel.
Ce que Mandeville, surnommé de son vivant Man Devil ("l'homme du diable"), n'avait pas prévu, c'est que le ruissellement des richesses qui naîtrait infailliblement de sa maxime serait réservé à un tout petit nombre de privilégiés, ou ignoré de l'immense majorité des humains, et qu'il détruirait la planète, réduite à "de la merde" suite à sa transformation en richesses : "Bienvenue à Cloaca", résume Dany-Robert Dufour pour commenter Mandeville et dénoncer le résultat désastreux d'un capitalisme dont les maximes perverses inspirent toujours la pensée économique libérale.

Le testament d'un économiste désabusé. Avec Michel Santi pour le Cercle Aristote.


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03.12.2020

L'économie est une discipline "post mortem" qui ne fait que constater les faits après qu'ils sont survenus. Comment peut-elle encore prétendre conditionner les politiques publiques des femmes et des hommes politiques qui se réfugient derrière les économistes ? Ou l'économie n'est-elle qu'une blanchisseuse ou une recycleuse de théories et d'axiomes, auquel cas les économistes ne seraient que des caméléons...
Pour l'économie et pour la finance, il y aura ― comme pour la philosophie, les sciences sociales et la littérature ― un avant et un après coronavirus. Seule notre mobilisation peut transformer la fatidique année 2020 en un grand tournant caractérisé par des considérations financières n'ayant plus de prise sur notre manière de gérer la crise. Seule notre détermination sans faille peut déboulonner la toute-puissance de l'argent afin qu'il cède enfin la place aux priorités absolues que sont la santé, l'éducation et l'emploi.

Crise des institutions françaises et piste pour une refondation. Avec Valérie Bugault pour Culture Populaire à Nice.


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12.09.2020

Bien que de nature radicale, les évolutions politiques, géopolitiques, institutionnelles, économiques et juridiques actuelles, passent souvent sous le radar des analystes, qui ne voient que l'écume des transformations.
Les français, qui perçoivent de façon diffuse la gravité des évènements en cours, sont limités par leur perception et ne comprennent, trop souvent, pas la cohérence de long terme des évènements. Car, sur le modèle de la tectonique des plaques, les modifications auxquelles nous assistons, préparées de longue date et longtemps restées invisibles, deviennent brutalement apparentes aux yeux de tous.
Privés d'analyses cohérentes sur la durée, les français ne disposent pas de réelles armes pour défendre le modèle de société qu'ils avaient accepté et qui leur est retiré, de façon aussi sournoise qu'autoritaire. Face à l'apparente inéluctabilité des phénomènes auxquels nous assistons, une réaction par le rejet est aujourd'hui la seule alternative politique disponible.
À l'heure des bilans, le travail de Valérie Bugault apporte des clefs de compréhension systémique du désordre mondial tout en énumérant les conditions du renouveau civilisationnel.

Les taux d'intérêt négatifs : le trou noir du capitalisme financier. Avec Jacques Ninet pour l'Agora des savoirs à Montpellier.


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19.02.2020

Mises en place pour sauver le système financier après la crise de 2008 (dite crise des subprimes), les politiques monétaires non conventionnelles (taux négatifs et créations monétaires) perdurent alors même que l'économie globale semble stabilisée et que les bourses flambent.
Cette persistance, dix ans après la crise, est à la fois un indicateur de la faiblesse endémique du système monétaire et financier des pays occidentaux qui fausse le jeu normal de l'épargne autant que celui de l'allocation des ressources.

Crise économique, débats interdits en France ? Avec Jean-Paul Fitoussi sur ThinkerView.


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10.09.2020

Dans son récent livre Comme on nous parle, Jean-Paul Fitoussi, ancien président de l'Observatoire français des conjonctures économiques explique comment l'emprise de la novlangue a réduit le champ des solutions apportées aux problèmes de nos sociétés.
Le coronavirus a fait exploser ce carcan. On est passé de l'absolue nécessité de la rigueur budgétaire à l'absolue nécessité de la dette. Comment devons-nous comprendre ce retournement de situation ?

L'unification de l'Allemagne et l'avenir de l'Europe. Avec Vladimiro Giacché au séminaire "Marx au XXIème siècle" à la Sorbonne.


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2015

La réunification de l'Allemagne, un des plus beaux succès de l'Europe issue de la chute du mur de Berlin ? La réalité est bien différente. 25 ans après, la distance entre les deux parties de l'Allemagne continue à s'accentuer, malgré les transferts d'argent public du gouvernement fédéral et de l'Europe.
Fort d'une recherche scrupuleuse et des témoignages des principaux acteurs, Vladimiro Giacché montre comment la réunification a signifié la complète désindustrialisation de l'Allemagne de l'Est, la perte de millions de postes de travail, et une émigration vers l'ouest qui dépeuple des villes entières.
Le patrimoine économique du pays le plus prospère du bloc de l'Est a ainsi été dilapidé, spolié, saccagé, au prétexte d'une intégration à l'idéologie libérale dominante.
Après les ravages que cette même politique aveugle cause aux pays du Sud de l'Europe et au notre également, force est de constater que l'histoire de cette union qui divise parle également à notre présent.

Les Allemands et leur monnaie : l'obsession d'une vertu. Avec Johann Chapoutot sur France Culture.


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16.01.2016

Les Allemands n'ont-ils pas sacralisée la monnaie dont ils se servent – au temps du deutschemark comme maintenant au temps de l'euro ? La vertu monétaire est généralement posée comme une passion germanique qui ne souffrirait pas qu'on y fasse la moindre entorse. La protection de la devise nationale est ainsi installée, Outre-Rhin, au cœur des réflexes collectifs et vouée à peser constamment sur les relations extérieures.
Par exemple, on peut trouver dans l'extrême inflation qui est survenue en Allemagne dans les années d'après la Grande guerre et qui a ruiné des millions de familles, un cataclysme qui a dépassé de beaucoup la seule chronique monétaire. Cet événement sans équivalent explique en effet, en profondeur et par contraste, les réflexes de si grande portée civique qui, un quart de siècle plus tard, ont fait du deutschemark, apparu en 1948, l'objet d'une révérence généralisée dans la République fédérale. Il explique que, quand le mark, après la chute du Mur, a laissé place à l'euro, non sans hésitations, turbulences et répugnances, ait été conféré à la monnaie nouvelle un statut tout particulier, par rapport aux autres nations qui l'ont adoptée.
La monnaie est conçue en Allemagne comme bien plus qu'un instrument économique et commercial : comme une sorte de totem, de fétiche sacré sur lequel est chargée de veiller, hors de la portée du gouvernement et du Parlement, une institution échappant à tous les risques de faiblesse envers n'importe quelle influence extérieure, ouverte ou dissimulée, qui viserait d'autres buts que la lutte contre l'inflation.

Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.