Olivier Roy mène une réflexion sur les rapports entre le politique et le religieux (principalement dans le monde musulman), en s'interrogeant notamment sur les effets politiques d'une référence religieuse qui se déterritorialise de plus en plus.
Le mouvement du "printemps arabe" est l'occasion de reconsidérer les discours sur l'islam en général, et sur l'évolution politique du monde musulman en particulier.
Taillé à l'échelle d un mini-continent, l'ex-Soudan anglo-égyptien est structuré autour du Nil et de ses affluents. Bien doté en voies d'accès par ce puissant réseau hydrographique et sans frontières naturelles très dissuasives, il est depuis toujours une terre de passage, largement ouverte sur les neuf pays de son voisinage : l'Égypte, la Libye, le Tchad, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, l'Ouganda, le Kenya, l'Éthiopie et l'Érythrée. Cette position stratégique constitue un atout précieux, mais l'expose à tous les dangers et à toutes les convoitises, d'autant plus qu il est bien doté en richesses naturelles.
À l'indépendance, proclamée le 1er janvier 1956, les gouvernants (nordistes) se trouvent confrontés à un défi redoutable : comment reconstruire cet espace immense fruit d'une épopée "égypto-ottomane" bicentenaire dont le devenir a été fragilisé par 56 années de colonisation britannique ? Le Soudan vivra son demi-siècle d'existence dans une instabilité chronique, sur fond de coups d'État et de guerre civile, à la recherche d'une identité controversée (arabo-musulmane ou arabo-africaine), en quête d'une paix insaisissable entre l'État "nordiste" et les mouvements sudistes.
Par un mauvais coup du destin, l'accord signé à Naivasha entre Khartoum et le SPLM de John Garang, censé privilégier l'unité, débouchera sur la partition (par référendum), sans même amener une paix véritable, la "communauté internationale" se débarrassant cyniquement d'un conflit qu'elle avait attisé et laissant aux protagonistes le soin de régler les modalités de leur divorce. La République du Soudan du Sud est née le 9 juillet 2011, sonnant ainsi le glas de l'unité pour le géant arabo-africain.
Le nouvel État, le plus déshérité de la planète, est déjà sous la coupe américano-israélienne et sous la menace des prédateurs (multinationales, financiers...).
Pour sa part, le "Soudan maintenu", amputé en territoire, en population et en ressources, est au pied du mur, sous pression des "pays de l'arrogance", l'Occident ayant trouvé au Darfour le nouveau Sud-Soudan dont il rêvait et dans la Cour Pénale Internationale un nouvel instrument d'ingérence.
Dans ce contexte, l'établissement de relations "fraternelles" entre les deux Soudans paraît illusoire.
Comment comprendre l'apparent "détournement" du "printemps arabe" ?
Les démocraties et les droits de l'homme ne devaient-ils pas remplacer les vieux régimes poussiéreux du maghreb du moyen-orient ?
Aux termes de deux ans de conflits, il semblerait que ce soit plutôt les mouvements islamistes qui s'imposent sur la décomposition des derniers régimes arabes laïques.
Une conférence importante pour comprendre les réalités du monde arabe contemporain.
Rien ne serait plus périlleux, aujourd'hui, que de décrypter les tumultes qu secouent le monde arabe par le prisme de l'opposition entre démocratie et dictature. Ce sont là des catégories qui, sans être dépourvues de pertinence, ne rendent pas compte d'une réalité fondamentale : l'antagonisme immémorial des sunnites et des chiites.
Antoine Sfeir nous propose ici de remonter aux sources historiques et théologiques de cette guerre de "l'islam contre l'islam", afin d'en mieux saisir les implications géopolitiques.
De l'Iran à l'Egypte, du Qatar à la Syrie, du Maghreb à "l'Orient compliqué" –et, surtout, du prophète Mahomet aux luttes de succession ouvertes par sa mort–, il brosse une freque du monde arabe tel qu'il est, de ses "printemps" à ses éventuels automnes.
Une exploration minutieuse et pédagogique qui, en brassant un immense passé, éclaire singulièrement notre présent.
Robert Steuckers nous délivre ici une brillante analyse historique et géopolitique sur la Syrie et l’Ukraine.
Il revient sur les révolutions tunisienne et égyptienne ainsi que sur les tentatives de déstabilisation de ces pays. L’Algérie, dont le régime militaire socialiste tente de résister, est sans doute le prochain sur l'agenda de la déstabilisation de l'Afrique du Nord.
La Syrie reste une particularité dans ce qu’on appelle le "printemps arabe" et Robert Steuckers expose le rôle de l’armée et du régime baassiste dans le fonctionnement du pays.
Nous apprenons également que le cas de la Syrie et de la Crimée sont liés historiquement, et ce depuis le XIXe siècle, l’enjeu principal étant le contrôle de la Méditerranée orientale.
Enfin, l’instrumentalisation d’un islam "radical" dans le Caucase, par le courant wahhabite, est traité ainsi que le rôle que devait jouer l’Union européenne dans la conférence de Genève II.
Un brillant exposé qui jette éclairage salutaire pour comprendre les enjeux du contrôle du bassin méditerranéen oriental et du Moyen-Orient.