L'histoire a-t-elle un sens ? Quelle signification lui accorder ? Quelle direction lui donner ?
La question ne cesse de tarauder l'humanité. L'histoire est souvent apparue comme la manifestation d'un sens caché. Guidée par l'Esprit ou L'Idée, animée par la Raison, l'histoire humaine accomplirait, selon Hegel et ses descendants, sa destinée cachée, en dépit ou grâce aux passions des hommes qui la font. "Grand soir" et "Fin de l'histoire" apparaissent ainsi comme l'envers et l'endroit d'une même conception téléologique du devenir historique.
D'autres, au contraire, s'appuient sur son caractère "insensé" pour justifier la fatalité. Et Robert Musil s'avère être un précieux guide afin de déjouer ces deux visions opposées. Car il montre que l'histoire a besoin d'une direction, mais pas d'un but.
A une époque caractérisée par l'éternel retour de la pensée consensuelle et des impostures intellectuelles, il n'est pas inutile de retrouver la pertinence de ceux qui, de Robert Musil à Karl Kraus, de Victor Klemperer à George Orwell, ont trouvé dans la critique, l'ironie et la satire les armes théoriques et stylistiques appropriées pour mettre au jour les illusions ou les inégalités les plus manifestes.
Céline est le plus grand des écrivains car il excelle dans tous les compartiments de la littérature : élégance, préciosité, violence, lyrisme, sarcasme, psychologie, humour, poésie, structure romanesque, tragédie, etc...
Il n'y a, dit Nabe, que deux autres écrivains de son niveau : Shakespeare et Dostoïevski.
Interview intégrale tournée le 1er avril 2011, pour le documentaire d'Arte "Le Procès Céline", et dont n'a été conservé qu'une minute vingt secondes.
Jean-Pierre Salgas revient ici sur la trajectoire à rebours de l’auteur de Ferdydurke, romancier-philosophe passé de la "périphérie de l’Europe" (Pologne) à la "périphérie du monde" (Argentine), avant de s’achever dans l’ "entre-centre" (Paris), et se définissant lui-même comme un "structuraliste de la rue".
La censure est aujourd'hui omniprésente dans notre société, qui pourtant accorde une place envahissante à l'information.
C'est ce paradoxe qu'Emmanuel Pierrat s'attache à décortiquer : le "Livre noir de la censure" met en évidence, grâce aux multiples contributions de ses auteurs, l'étendue du pouvoir de la censure, des moeurs à la religion en passant par la santé et l'humour, et montre à quel point elle a su changer d'aspect, les siècles passant, et se mêler au courant des nouvelles technologies.
Un état des lieux inédit, privilégiant une analyse argumentée et essentiellement juridique, d'un phénomène bien plus étendu que ne le laissent entrevoir les récentes affaires portées sur le devant de la scène médiatique.
De même que la morale de l’écrivain donne souvent, à tort ou à raison, l’impression de ressembler à une morale d’exception, faut-il considérer que la vérité et la connaissance littéraires ne peuvent relever, elles aussi, que d’une théorie de la connaissance ou d’une épistémologie d’exception ?
Conférence donnée dans le cadre des rencontres proposées par "Échange et diffusion des savoirs" dont le thème de la saison 2011–2012 est "Miracles et mirages de la représentation : vérité, fiction, connaissance".
Henry de Monfreid est, avec Jack London, l'un des seuls authentiques aventuriers-écrivains. L'un tenté par le socialisme, l'autre par le fascisme, tout devrait les opposer, mais leur indifférence au danger et au "qu'en-dira-t-on" les fait se rejoindre dans la quête inassouvie d'un absolu individualiste.
L'oeuvre de Monfreid, très autobiographique, se lit comme un roman. Mais, le faux et le vrai se mêlent, surtout quand le héros -lui- a souvent le beau rôle.
Ce pourrait être une première raison de ne pas aimer Monfreid. Il y en a mille autres encore : il a vécu du trafic de drogue; il assure ne pas s'être livré à la traite des noirs, mais, là où il vivait, la frontière était étroite entre esclave et serviteur; le trafiquant d'armes qu'il fut peut-il garantir n'avoir jamais traité avec l'ennemi ? Toutes ses femmes, européennes ou indigènes, les a-t-il rendues heureuses ? Les a-t-il même aimées ? Quelle dureté avec certains de ses enfants ! Où sont passés les tableaux de Gauguin ? Combien de ses employeurs Monfreid a-t-il volé ? N'a-t-il pas du sang sur les mains ? Opiomane, converti à l' islam, initié à la franc-maçonnerie, peut-il être érigé en modèle ?
Francis Bergeron montre que l'auteur des Secrets de la mer Rouge symbolise le génie propre à un Européen, qui, fût-il seul, plongé dans un univers totalement étranger et hostile, sait triompher. Monfreid donne cette leçon de courage : prison, fortune, prison, fortune, prison; les séquences se succèdent, mais, toujours, il relève la tête. C'est bien une sorte de héros, malgré tout. Un homme à admirer.