Qu'est-ce que l'inspiration, cette impulsion extérieure?
Dans Les rameaux noirs, l'écrivain Simon Liberati met de l'ordre dans la sienne, à l'ombre de son père, le poète André Liberati.
L'essayiste et écrivain Pacôme Thiellement, quant à lui, revient sur la nature divine de ce mouvement mystérieux dans La victoire des sans rois. Entre Mnemosyne et anamnèse, essai dans lequel il propose une relecture de l'histoire de la chute de l'Occident et un retour à l'histoire de la gnose.
De la famille Daudet, on connaît généralement Alphonse, le patriarche provençal, l'auteur de La Chèvre de Mr Seguin et de Tartarin de Tarascon. On connaît aussi son fils Léon, écrivain lui aussi et tribun redouté de la IIIe République, dont la pensée a nourri longtemps l'extrême droite française.
Mais sait-on qu'il ne s'agit là que de deux rejetons d'une famille singulière ? C'est l' "âge d'or" de cette famille, du milieu du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, que nous raconte Stéphane Giocanti.
On y croisera Vincent et Adeline, parents d'Alphonse, petits commerçants en Provence, fervents catholiques et monarchistes convaincus ; on verra Alphonse "monter" à Paris et mener lagrande vie dans les fastes du Second Empire avec Ernest, son frère aîné, lui aussi écrivain prolifique mais moins brillant. On croisera, dans leur cercle d'amis, les Goncourt, Flaubert, Zola et Tourgueniev, mais aussi Frédéric Mistral et les félibres ; on fera la connaissance de Julia, la femme d'Alphonse, qui écrivait elle aussi aux côtés du grand homme.
À la génération suivante, c'est Léon, dont le mariage avec Jeanne Hugo défraya la chronique et qui devint l'un des piliers de l'Action française, mais aussi Lucien Daudet, son frère cadet, poète ami de Proust. Enfin, on apprendra le tragique destin de Philippe, fils d'Alphonse, dont la mort violente fut entourée d'un mystère encore irrésolu.
La saga de cette famille hors norme offre une traversée originale d'un siècle d'histoire française : histoire littéraire, culturelle, politique, qui conduit comme sans crier gare de la bohème insouciante du Second Empire aux ombres de la contre-révolution de Vichy.
L'oeuvre d'Ernst Jünger ne se réduit pas à ses récits et journaux de guerre. C'est une méditation originale sur le Temps, les dieux, les songes et symboles. Elle mène de l'art de l'interprétation au rapport des hommes au végétal et à la pierre, elle est aussi une rébellion contre l'uniformisation, incarnée dans la liberté supérieure de l'Anarque envers tous les totalitarismes.
Luc-Olivier d'Algange met en regard la pensée de Jünger et celles de ses maîtres, de Novalis à Heidegger, et entend rendre compte de son dessein poétique et gnostique. Il donne à voir le monde visible comme l'empreinte d'un sceau invisible.
L'œuvre de Paul Claudel (1868-1955) offre l'exemple de la littérature devenue moyen de salut. L'originalité de l'acte Claudien c'est d'affirmer, par l'écriture, sa position d'homme dans le monde "envisagé dans tout son ensemble" pour embrasser "l'immense octave de la Création".
Pour ce poète, paysan et diplomate, enraciné et voyageur, le monde est une somptueuse matière qui attend le poète pour en dégager le sens et le transformer en action de grâces.
Admirateur d'Eschyle et de Virgile, c'est un poète qui a choisi de planter sa tente sur les cimes. Héritier de Mallarmé et de Rimbaud il a pour mission de retrouver les harmonies oubliées, les correspondances secrètes, et de maintenir l'équilibre entre le visible et l'Invisible.
Dante du XXe siècle, Claudel a l'âme d'un bâtisseur de cathédrale, d'un conquérant qui ne cesse de s'étonner de la beauté du monde : il faut boire le vin comme on étreint la femme et comme on est possédé par la mort.
Mais de l'Art Poétique aux derniers commentaires bibliques, s'affirme la même volonté de monter vers l'essentiel qui est de réconcilier l'homme avec le surnaturel, avec Dieu perceptible aux Sens, grâce à une langue dont Claudel semble avoir élargi les pouvoirs : "Ce sont les mots de tous les jours et ce ne sont pas les mêmes".
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Marie-France Azar et Evelyne Frémy.
Comment aborder un monument littéraire et biographique comme celui de Léon Bloy (1846-1917) ?
Cette légende de l'écrivain prophète, annonçant l'espérance à coups de marteau, Bloy l'a lui-même patiemment construite. Elle vise à réveiller la tiédeur des modernes en leur rappelant qu'il n'y a qu'une vraie tristesse, c'est de n'être pas des saints.
C'est une légende qui redonne à l'invisible toute la place qui lui revient. On y entend un gai savoir : les puissants sont mis à nu et la souveraineté des misérables est célébrée sans niaiserie.
Très jeune héros de la Grande Guerre, nationaliste opposé à Hitler, ami de la France, Ernst Jünger (1895-1997) fut le plus grand écrivain allemand de son temps. Mais ce n'est pas rendre service à l'auteur d'Orages d'acier que de le ranger dans la catégorie des bien-pensants. Il n'a cessé au contraire de distiller un alcool beaucoup trop fort pour les gosiers fragiles.
C'est ce Jünger, dangereux pour le confort, que restitue Dominique Venner. Il y replace l'itinéraire de l'écrivain dans sa vérité au coeur des époques successives qu'il a traversées.
Belliciste dans sa jeunesse, admirateur d'Hitler à ses débuts, puis opposant irréductible, subsiste en lui le jeune officier héroïque des troupes d'assaut qui chanta La Guerre notre mère, et l'intellectuel phare de la "révolution conservatrice". Mais il fut aussi le guerrier apaisé qui tirait gloire d'avoir donné son nom à un papillon.
Dans cette émission, Dominique Venner montre qu'aux pires moments du siècle Jünger s'est toujours distingué par sa noblesse. En cela il incarne un modèle.
Dans ses écrits, il a tracé les lignes d'un autre destin européen, enraciné dans les origines et affranchi de ce qui l'opprime et le nie.
Émission du "Libre journal de la résistance française", animée par Emmanuel Ratier.
Un matériau réfractaire ne se définit pas seulement par un point de fusion élevé, mais aussi par la combinaison d'autres propriétés comme une haute dureté, une faible vitesse d'évaporation, et la résistance à certains milieux corrosifs.
Un écrivain réfractaire répond en grande partie à ces critères : il possède une dureté particulière qui lui a permis de résister à l'usure du temps, une vitesse d'évaporation faible, qui explique la permanence de ses écrits, et une forte résistance à la corrosion de son époque comme à celle des époques ultérieures.
À ces qualités physiques s'ajoute, au figuré, une certaine propension à l'insoumission, la difficulté à reconnaître quelque autorité ou emprise que ce soit, et la résistance à un grand nombre d'infections mentales ou de traitements hygiéniques.
D'Aymé à Houellebecq, de Berl à Camus, de Colette à Kundera, de Suarès à Modiano, de Queneau à Muray, Bruno de Cessole nous propose une galerie de portraits d'écrivains français du XIXe siècle à nos jours figure. Se distingue alors une certaine idée de la littérature dont il discute avec François Bousquet.
Émission du "Libre Journal des enjeux actuels", animée par Arnaud Guyot-Jeannin.
Quatrième volet d'une tétralogie romanesque néo-gothique consacrée aux "fantaisies malsaines contemporaines" (Sphex, Le Park, L'Accumulation primitive de la noirceur), On ne dormira jamais (aux éditions Allia) nous conte, porté par une verve noire inouïe et un style au laser, la greffe quotidienne, nocturne et clandestine d'un dancing dans une morgue, un partenariat vertigineux que perturbera néanmoins une dure épidémie de "mal jaune", submergeant par l'afflux des morts le calme du ballroom macabre.
Une réflexion sur les noces barbares des corps, de la mort et de l'espace, du monde social et de ce qui en fait tanguer les certitudes et les limites.