À la chute du mur de Berlin en 1989, le capitalisme triomphait. Vingt ans plus tard, il est à l’agonie. Qu’a-t-il bien pu se passer entre-temps ?
On pourrait dire que le capitalisme a été atteint du même mal qui venait de terrasser son rival : l’organisation des sociétés humaines atteindrait un seuil de complexité au-delà duquel l’instabilité prendrait le dessus, faisant courrir le système à sa perte.
Une autre explication serait que le capitalisme avait besoin de l’existence d’un ennemi pour se soutenir. En l’absence de cette alternative, ses bénéficiaires n’auraient pas hésité à pousser leur avantage, déséquilibrant le système entier.
Autre explication possible encore : du fait du versement d’intérêts par ceux qui sont obligés d’emprunter, le capitalisme engendrerait inéluctablement une concentration de la richesse telle que le système ne pourrait manquer de se gripper un jour ou l’autre.
Entre ces hypothèses, il n’est pas nécessaire de choisir : les trois sont vraies et ont conjugué leurs effets dans la première décennie du XXIe siècle.
Cette rencontre de facteurs mortifères explique pourquoi nous ne traversons pas l’une des crises habituelles du capitalisme, mais sa crise majeure, celle de son essoufflement final, et pour tout dire celle de sa chute.
Bernard Friot propose de porter plus loin les institutions qui sont nées des luttes pour le salaire, et dont nous faisons à grande échelle l'expérience de l'efficacité : la qualification personnelle et la cotisation. La qualification personnelle peut faire disparaître le marché du travail, à condition d'attribuer à chacun, à sa majorité, une qualification et donc un salaire. Et contre les projets de remplacer la cotisation sociale par la CSG, la TVA ou les mutuelles, il faut au contraire l'étendre en créant une cotisation économique pour un financement de l'investissement sans crédit et donc sans dette. L'enjeu du salaire, c'est la disparition du marché du travail, et donc du chantage à l'emploi, ainsi que la suppression du crédit lucratif, et donc du chantage à la dette. Ce n'est ni d'une réforme fiscale ni d'une plus grande régulation étatique que nous avons besoin, mais de plus de pouvoir populaire sur l'économie et sur le travail.
Dominique Pagani nous fournit les principes d'une anthropologie de "l'être social" : de quoi informer notre jugement sur l'état actuel de nullité de la classe politique face aux aspirations populaires, et les moyens d'y faire face.
À l'usage de tous ceux et toutes celles que quarante années de société du spectacle, de délabrement de la philosophie politique et de la théorie critique ont plongé dans une profonde déréliction.
Et pour en sortir enfin, il nous emmène avec de Nerval sur la tombe de Rousseau, par les chemins détournés du scholè, du loisir studieux et délicieux, à la re-découverte des fondements théoriques, historiques, littéraires, artistiques et idéologiques, d'une pratique révolutionnaire.
Roger Keeran s'attache ici à comprendre les raisons de la chute de l'URSS, seul système important s'étant opposé aux système capitalisme-impérialiste.
Selon lui, le problème principal vient des résidus d'éléments de capitalisme qui subsistaient en parallèle à l'économie collectivisée, ce qui aurait mené à l'effondrement de l'URSS.
Jean-Marie Harribey présente son important travail de réévaluation de la théorie de la valeur, et critique les illusions écologisantes (et néo-classiques) de mesure économétrique de la nature.
Il réactualise ainsi la théorie marxiste de la valeur économique, qui paraît plus actuelle (et empiriquement vérifiée) que jamais.
La présentation de Jean-Marie Harribey est suivie d'un débat avec Bernard Friot et Dominique Pagani.
Alain Badiou présente son séminaire de 1986 sur Malebranche, précurseur cartésien et baroque de la dialectique hegelienne.
Au-delà de l'exceptionnelle qualité stylistique du discours philosophique de Malebranche, en quoi cette esthétique philosophique baroque peut-elle nous gratifier encore aujourd'hui, et nous conduire vers la théorie "moderne" de la phénoménologie du sujet, par la "vision en Dieu".
Une heure de jubilatoire "clarté et distinction", avec évidemment en arrière plan... l'Être et l'événement.
René Passet présente sa somme sur l'histoire des théories économiques prises dans leur chronologie et le contexte épistémologique qui les explique et les rend intelligibles.
Il vient ensuite débattre des grandes représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire, et termine sur quelques questions d'actulité.