Pourquoi depuis 1789 la droite semble-t-elle impuissante à tenir tête à la gauche sur le plan des idées ? Pourquoi a-t-elle été incapable de lui opposer une véritable alternative ?
François Huguenin retrace l'histoire de ses deux grandes mouvances intellectuelles : une école réactionnaire refusant radicalement la Révolution française et une pensée libérale dont le positionnement s'est avéré plus ambigu.
Une mise en perspective importante pour comprendre la paralysie des forces politiques actuelles et questionner la pertinence du clivage fondateur de notre histoire politique moderne.
Henri Hude nous éclaire sur les racines et l’évolution du phénomène Tea Party, souvent mal compris en France.
En effet, ce parti s'inscrit dans une tradition bien américaine de révolution démocratique des classes moyennes visant à renover le personnel politique et à réaffirmer les valeurs traditionnelles de la politique americaine (la primauté de la constitution).
Dans cette optique, ce mouvement est interprété comme un sursaut de conscience de la classe moyenne qui se réapproprie le pouvoir, sans idéologie.
Le conférencier s'intéresse ici à la pensée de Carl Schmitt et au rapport de celui-ci à la philosophie politique. Il note que Carl Schmitt est une référence importante pour les philosophes continentaux, notamment Hayek, et pour les philosophes politiques alors même que selon Carl Schmitt il ne peut y avoir de philosophie politique.
De même, il n'y a pas de normativité morale : au fondement de la normativité, il y a la juridicité et non la moralité. Si l'on se met à agir pour des raisons morales, en politique, c'est le meilleur moyen de susciter une violence incontrôlable.
La guerre, inscrite dans la politique comme le mal dans la création, ne saurait avoir de justification morale ou rationnelle. Elle n'a qu'une valeur existentielle, particulière. Parce que l'identité personnelle est d'abord polémique (l'être humain se définit par opposition, par inimitié), un monde sans guerre serait un monde sans être humain.
Jean Leca analyse ensuite la critique schmittienne de la non-théorie politique du libéralisme : il n' y a pas de politique libérale sui generis, il n'y a qu'une critique libérale de la politique.
Il y a chez Hayek (1899-1992) une théorie originale de l’évolution culturelle, qui reprend des traits essentiels de la théorie darwinienne de l’évolution biologique tout en se distinguant d’elle par certains aspects très importants.
Il y a aussi une théorie élaborée du droit, de sa nature, des grandes catégories de règles entre lesquelles il se divise, et de ses modes d’évolution.
Il y a par ailleurs une psychologie cognitive et une analyse approfondie de ce qu’on appelle les savoirs pratiques, c’est-à-dire sur la faculté qu’a l’esprit humain – proche en cela de l’esprit animal – de se repérer efficacement dans un environnement complexe sans passer par la médiation d’une représentation théorique, "cartésienne", de la réalité.
Il y a enfin chez Hayek une épistémologie élaborée, mettant l’accent sur la complexité sociale, les limites de la raison humaine, l’impossibilité de parvenir à l’omniscience et les erreurs fatales auxquelles conduit l’illusion qu’on le peut – notamment les illusions du positivisme juridique.
En faisant conjointement usage de ces différents éclairages théoriques proposés par Hayek, on peut parvenir à une vue précise de ce que sont en général des normes de comportement dans un groupe, que ce soit un groupe restreint (normes professionnelles, "culture d’entreprise"…) ou la société dans son ensemble (normes morales et juridiques). Le problème de la norme juridique est ainsi situé dans le contexte d’une philosophie sociale plus générale, par rapport à laquelle ses spécificités se découpent d’autant mieux.
Conférence donnée dans le cadre du cycle "Gouverner par les normes - de Hume au ranking".
Philippe Nemo défend la thèse de l’existence continue en France, depuis la Révolution, de deux courants qui s’opposent et qui se disputent la légitimité de l’appellation « républicain » ainsi que la légitimité de l’héritage de la Révolution.
Le premier, qu’il appelle « 1789 », correspond à ceux qui sont restés attachés au contenu de la Déclaration Des Droits De L’Homme Et Du Citoyen de 1789 et au respect de l’expression du suffrage du peuple. Le second, qu’il intitule « 1793 », héritière du Jacobinisme, est dirigiste, ne rechigne pas à l’usage de la force, ne respecte guère le vote populaire, et use volontiers des organes de l’Etat pour imposer un vision unique de sa mission, mais aussi pour promouvoir une espèce de religion millénariste sans dieu, le laïcisme.