Cent ans après l’armistice du 11 novembre 1918, que reste-t-il de ce conflit qui fut à l’époque le plus violent de l’histoire ? Quels bouleversements profonds a-t-il causés dans l’armée, mais aussi l’économie, la société et même la place des femmes ?
Les historiens Laurent Henninger et Frédéric Rousseau sont les invités de Jacques Sapir pour répondre à ces questions dont les enjeux ne sont pas uniquement mémoriels.
Dans le cadre des réflexions géopolitiques du cercle, l'historien militaire Laurent Henninger traite du lien entre la puissance et la maîtrise des espaces fluides, au prisme d'un regard historique.
Travaillant depuis plusieurs années sur les "révolutions" et "mutations" militaires à travers les âges dans une perspective à la fois comparative et pluridisciplinaire, il est la personne la mieux indiquée pour faire l'histoire de la relation dialectique entre les "espaces fluides" et les "espaces solides".
Les GIs au Vietnam ? tous shootés ! Et la Chine ? le pays de l'opium, bien sûr !
Les rapports que les soldats ont pu entretenir avec les drogues dans l'histoire continuent malheureusement de charier un nombre incalculable de mythes.
Il fallait donc réunir quelques spécialistes pour tenter une approche distancée et raisonnable du phénomène, et le ramener à sa juste proportion.
Emission "La Fabrique de l'Histoire", animée par Emmanuel Laurentin.
Laurent Henninger, historien militaire de profession, s'est longuement intéressé à la problématique de l’émergence de la modernité guerrière, du XVe siècle à nos jours, dans le cadre du débat historiographique sur la "révolution militaire".
Ses réflexions l'ont amené à proposer une nouvelle grille de lecture utilisable dans des domaines aussi variés que la géopolitique, l'anthropologique ou la philosophie : le monde se partagerait entre espaces solides et espaces fluides qui s'articulent en réseaux.
Ce constat, qui peut apparaître relativement banal, devient très intéressant quand on commence à le penser sérieusement, et à en tirer les conséquences pratiques dans le cadre d'une politique de puissance.
Alors que la France entre dans des temps incertains, il est vital de réfléchir au destin des forces armées, qui restent l'une des composantes essentielles de la puissance d'une nation souveraine.
Laurent Henninger, en conservant un regard politique pendant toute la durèe de l'exercice, nous introduit à cette question.
Le concept de "révolution militaire" est, depuis environ quinze ans, l’objet d’une controverse chez les historiens de l’époque moderne.
Cette approche consiste à penser la guerre et son histoire, parsemée d'innovations techniques et de bouleversements organisationnels, comme un fait social total.
En effet, l'historien de la guerre est régulièrement confronté à des ruptures difficiles à penser, comme l'apparition de l’infanterie moderne à la fin de l’âge de bronze, la "révolution hoplitique" grecque, ou l'apparition de la féodalité et de la chevalerie durant le Haut Moyen Âge.
En se penchant plus particulièrement sur la période de la Renaissance, Laurent Henninger s'interroge sur le rôle de la guerre et des ruptures apparues en son sein, dans la naissance de la modernité.
Une étude passionnante qui nous oblige à remettre en questions certaines de nos certitudes, ou comment les innovations militaires ont largement conditionné l'émergence de nos sociétés modernes.