Qu'est-ce qu'un écrivain réac ? De Maurras à Houellebecq, le style et la droite. Avec Vincent Berthelier pour Le Média.


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09.2022

Le regain d'intérêt, en France ces dernières années, pour les écrivains très marqués à droite ou d'extrême-droite, à commencer par Maurras, est sans doute à rapprocher de l'immense succès de Michel Houellebecq, dont les romans déplorent un déclin des grandes autorités socio-culturelles du passé qui laisserait l'homme contemporain en mal de repères, livré sans remède à la dépression en contrepartie d'une liberté illusoire. Mais existe-t-il, au plan du style littéraire, une caractéristique commune et spécifique aux auteurs classables dans la catégorie "réactionnaires" ?
C'est la question sur laquelle se penche Vincent Berthelier dans un livre récemment paru aux éditions Amsterdam. Il y revient sur les liens entre classicisme et même purisme stylistique, ou au contraire inventivité des forme littéraires, d'un côté, et conservatisme ou fascisme. Le cas Renaud Camus, par exemple, paraît confirmer le lien entre passéismes stylistique et politique fixé par le modèle de Maurras, puisque Camus abandonne l'inventivité littéraire qui avait jusque caractérisé son oeuvre au moment où il s'engage dans son combat d'extrême droite. Le seul cas où la radicalité politique réactionnaire et la radicalité stylistique vont vraiment de pair est sans doute celui de Louis-Ferdinand Céline. Ce qui n'empêche pas Vincent Berthelier de proposer une très stimulante plongée dans l'histoire stylistique et politique de la littérature des XXe et XXIe siècle, où l'on croise entre autres Georges Bernanos, Marcel Jouhandeau, Marcel Aymé ou encore Cioran et Richard Millet.  

Émission "On s'autorise à penser", animée par Julien Théry.

Comment les livres changent le monde. Avec Régis Debray et Didier Leschi sur France Culture.


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07.2021

Les livres changent le monde. En douteriez-vous ? C'est en compagnie de l'écrivain philospohe Régis Debray et du haut fonctionnaire Didier Leschi qu'au travers de cette série d'émissions nous allons comprendre pourquoi, mais surtout comment.
Cette série sur l'histoire des idées, l'histoire du monde, l'Histoire donc tout simplement dessine le paysage (subjectif) de la trentaine de livres qui ont bouleversé, depuis 1900, la marche des choses et transformé les représentations à l'échelle internationale.
Introduite par une émission sur l'histoire de la diffusion des textes, l'étude se termine sur une tentative de dessiner l'avenir. Il y a des livres qui font tomber des murs.

La littérature, pour quoi faire ? Avec Antoine Compagnon au Collège de France.


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30.11.2006

Auprès de la question théorique ou historique traditionnelle : "Qu'est-ce que la littérature ?", se pose avec plus d'urgence aujourd'hui une question critique et politique : "Que peut la littérature ?". Quelle valeur la société et la culture contemporaines attribuent-elles à la littérature ? Quelle utilité ? Quel rôle ?
"Ma confiance en l'avenir de la littérature, déclarait Italo Calvino, repose sur la certitude qu'il y a des choses que seule la littérature peut nous donner." Ce credo sera-t-il encore le nôtre ?

René Barjavel (1911-1985), le monde dans le pétrin. Avec Natacha Vas-Deyres, Danielle Martinigol, Jean Barjavel et Pierre Creveuil sur France Culture.


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19.12.2020

René Barjavel est né en 1911 à Nyons, dans la Drôme. Ses parents sont boulangers, ses grands-parents agriculteurs, mais il préfère les appeler "paysans". Des racines rurales, manuelles, dont il s'arrache avec tristesse, lui qui part étudier à la ville et écrire à Paris.
Il va alors devenir un incontournable de la science-fiction française, même si, quand les éditions Denoël publient Ravage et Le Voyageur imprudent, en 1943 et 1944, le terme de science-fiction n'existe pas. Appelons alors ses ouvrages des romans d'anticipation ou, comme le sous-titre l'indique sur les éditions originales : romans extraordinaires. Chacun d’entre eux répond à une question, celle que se pose la science-fiction : Que se passerait-il si… ?. Que se passerait-il si l'électricité disparaissait ? Que se passerait-il si l'on tuait son ancêtre ? Que se passerait-il si l'on trouvait une civilisation sous la glace de l’Antarctique ? C'est que René Barjavel raisonne par induction.
Et dans tout ce qu'il imagine, ou presque, il y a un cataclysme, une apocalypse, une fin du monde… Et une nouvelle société qui, après avoir réussi à se frayer un chemin dans les cendres de l'ancienne, survit comme elle peut. Barjavel est peut-être un collapsologue avant l'heure. Et les mondes qu'il imagine sont de drôles d'utopies. Parce qu'elles sont régressives. C'est celle du retour à la terre, de la polygamie et du repeuplement du monde dans Ravage.
Ses romans se terminent mal. Parce qu'il s'inspire du monde qu'il voit, et qu'il y voit la destruction du vivant. Il voit l'industrialisation à outrance, le travail qui disparaît et l'Homme qui se coupe de la nature. Et pourtant, contrairement à ce qu'il laisse penser, René Barjavel n'est pas un pessimiste… Parce qu'à chaque horreur qu'il imagine, à chaque monstruosité qu'il anticipe, il colle une pointe d’humour, un trait d'ironie, un peu de sarcasme. Et qu'il trouve toujours des raisons d'espérer. Parce que si le monde est dans le pétrin, il reste toujours du temps pour le pétrir.

Émission "Toute une vie", produite par Romain Weber.

Evgueni Zamiatine, un écrivain à l'épreuve du réel soviétique. Avec Jean-Pierre Morel, Leonid Heller et Bernard Kreise sur France Culture.


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30.05.1991

En 1988, la publication pour la première fois en URSS du roman anti-utopiste prophétique de Zamiatine Nous autres, oeuvre politique-fiction, fut l'événement littéraire de la Perestroika. Esprit lucide et courageux, Zamiatine qui avait pris parti pour la Révolution en 1905, fut un des premiers à analyser la nature profonde du totalitarisme bolchevique et à dénoncer le despotisme nouveau jusqu'au terme de sa vie, en dépit des persécutions.
Dans les années 20, Zamiatine, mathématicien, ingénieur naval et écrivain, ami des peintres et des musiciens, est la figure centrale du champ littéraire russe. Prosateur, dramaturge, critique, journaliste (il écrivit notamment dans la revue de Gorki), il est l'auteur de nombreux récits, de nouvelles : L'inondation, Le pêcheur d'hommes, La Caverne ; de romans Le fléau de dieu, de pièces de théâtre et de scénarii.
Rattaché à la tradition de Gogol dans ses premiers récits, il devient le symbole de la culture occidentale au sein des lettres russes et le maître de toute une génération d'écrivains nés après la Révolution. Il s'oppose à la montée du conformisme révolutionnaire en art. Trotsky le désigne d'ailleurs comme un émigré de l'intérieur et, après une lettre célèbre à Staline, est contraint à l'exil.
Il mourra oublié à Paris en 1937, à l'âge de 53 ans, ignoré des intellectuels occidentaux fascinés par le modèle soviétique, qui n'ont pas su percevoir dans le cri solitaire de Zamiatine l'oracle de la dissidence.

Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Françoise Estebe.

Barbey, Bloy, Bernanos ou les belluaires de la fureur catholique. Avec François Angelier aux Rencontres de Chaminadour.


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17.09.2021

Ce qu'est Bernanos, Georges Bernanos ? Un poing refermé sur un cheveu d’enfant ; un poing lourd, serré ; un cheveu blond, presque blanc, apporté par le vent des plaines. L'alliance de la grâce, donc, qui ne va pas sans la colère qui en est une forme combattante.
Mais où donc Bernanos a-t-il puisé cette inspiration ? C'est d'abord et avant tout dans ce qu'on labellise depuis un siècle comme le "renouveau catholique en littérature" qu'il faut chercher : Huysmans, Barbey d'Aurevilly, Bloy et Hello.
François Angelier, auteur d'une récente biographie de Bernanos, revient sur ces belluaires de la fureur catholique pour en faire ressortir la puissance du verbe, toute entière au service de l'Absolu.

Qu'est-ce qu'être antimoderne ? Avec Matthieu Giroux et Alexis Bétemps pour la revue Philitt.


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12.2020

Être andimoderne s'assimile-t-il à être conservateur ou réactionnaire ? Si tel n'est pas le cas, qu'est-ce qui caractérise cette tradition ?
Il est d'abord essentiel de comprendre que les antimodernes sont des modernes, mais des modernes "déniaisés du moderne", des modernes "contrariés". Car, en réalité, il n'y a d'antimodernes que dans le monde moderne, époque dont la datation précise varie selon les écrivains. Certains disent que le monde moderne commence avec la révolution scientifique de Galilée (Michel Henry), d'autres avec la Réforme protestante (Joseph de Maistre), d'autres encore avec la Révolution industrielle (Günther Anders).
Retour sur le sens de l'antimodernité en compagnie des grandes figures de cette tradition hétérodoxe : Joseph de Maistre, Charles Péguy, Georges Bernanos, Simone Weil, et bien d'autres encore.

Émission "Contretemps", animée par Paul Ducay.

Michel Audiard (1920-1985), Titi argotique et poétique. Avec Jacques Audiard, Marlène Jobert, Marc Lemonnier et Stéphane Germain sur France Culture.


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02.01.2021

La gouaille de Michel Audiard a renouvelé l'art du dialogue et durablement marqué le cinéma de son empreinte. Une écriture nourrie par la biographie du Titi parisien, pris dans les soubresauts de la guerre, puis les temps difficiles de la reconstruction, jusqu'à l'entrée fracassante de sa parole au cinéma, portée par les plus grands acteurs.
Une musique du Paris oublié, riche d'une langue qui témoigne de l'histoire des classes populaires et devenue emblématique du cinéma français d'après-guerre pour une trajectoire qui se confond avec celle du cinéma populaire et de ses vedettes.

Émission "Toute une vie", produite par Anaïs Kien.