Ce philosophe longtemps interdit d'enseignement fut aussi journaliste, romancier, pamphlétaire, poète, critique littéraire, traducteur.
Entré adolescent à l'Action française, doté d'une vive intelligence et d'un courage sans faille, rapidement repéré par Maurras, il fut, jeune agrégé, au coeur d'une tentative de coup d'État à Alger en 1942, avant d'être épuré à la Libération puis de devenir, à la demande de Maurras, éditorialiste politique à Aspects de la France (1947-1954), qui avait pris la succession de L'Action française.
En 1955, avec Michel Vivier, il fonde La Nation française, qui renouvellera le ton de la presse politique. Son attitude à l égard du général de Gaulle durant la guerre d'Algérie, entre soutien prudent et hostilité ouverte, lui valut d'être le journaliste le plus condamné pour offenses au chef de l'État.
Toute sa vie, son espérance et son action politiques eurent pour objet le rétablissement de la royauté, incarnée par le comte de Paris.
Depuis qu'elle existe, l'humanité a su cultiver l'art de raconter des histoires, un art partout au coeur du lien social.
Mais depuis les années 1990, aux États-Unis puis en Europe, il a été investi par les logiques de la communication et du capitalisme triomphant, sous l'appellation anodine de storytelling : celui-ci est devenu une arme aux mains des "gourous" du marketing, du management et de la communication politique, pour mieux formater les esprits des consommateurs et des citoyens.
C'est cet incroyable hold-up sur l'imagination des humains que révèle Christian Salmon dans ce livre, au terme d'une longue enquête consacrée aux applications toujours plus nombreuses du storytelling : du marketing à la communication militaire, le raisonnement rationnel est mis de côté au profit d'une machine à raconter censée envoûter l'individu.