Alors que le paysan jouait un rôle important dans l’économie française, et qu'il était considéré comme la figure emblématique de l’enracinement en littérature, nous assistons aujourd'hui à la disparition de son monde.
Sous les feux croisés de l'Union Européenne et de la modernisation technique, notre univers n'est maintenant plus peuplé que d' "agriculteurs" ou d' "exploitants agricoles".
Et c'est également le sentiment religieux qui disparaît avec la fin du monde paysan.
Sachant que ce sentiment est indispensable à la compréhension de la littérature, serait-ce également la fin du monde des livres auquel nous assisterions ?
Au fil des siècles, nous n'avons cessé de remettre en question l'idée que nous nous faisons du beau, les définitions que nous en donnons, les critères selon lesquels nous le définissons.
Mais nous sommes-nous jamais interrogés sur l'idée même du beau, cette idée dont la métaphysique occidentale a fait un absolu, qu'elle a extraite et élevée au-dessus de la diversité du sensible et de ses formes ?
Alors que nos dieux sont morts, le beau reste notre seul salut.
Or la pensée chinoise n'a pas isolé -abstrait- "le beau". Pour les Chinois, cette idée même de beau paraît profondément étrange.
Faire jouer cet écart, l'interroger, permet de dégager d'autres possibles esthétiques qui ne se rangent pas sous la monopolisation du beau, de comprendre mieux certaines aventures de l'art contemporain. De quoi du moins sortir le beau des lieux communs qui l'épuisent : pour le rendre à son étrangeté.
Une discussion profonde s'articulant en 5 moments :
1) La philosophie déplacée : ou comment on passe de Marx aux ouvriers. D'Althusser à Foucault. De la philosophie à l'histoire, de l'histoire à la sociologie, de la sociologie à la politique et à l'esthétique.
2) Le partage du sensible : ou comment la sécession des plébéiens sur l'Aventin en 494 av. J.-C. rapportée par l'historien Tite-Live, et réinterprétée au XIXème siècle par un autre historien, Pierre-Simon Ballanche, permet enfin de comprendre ce qui lie esthétique et politique.
3) L'âge démocratique : ou comment on échappe aux Cassandre qui claironnent depuis trente ans la fin du politique, et à quelques autres qui, depuis Platon, c'est-à-dire depuis toujours, déplorent les errements de la démocratie.
4) La parole muette : ou comment on passe des Belles-Lettres à la littérature et de la littérature aux Beaux-arts. Comment en peinture on passe de la figuration à l'abstraction via Diderot et les Frères Goncourt. Mais aussi comment on passe de Balzac et Flaubert à la photographie et au cinéma.
5) Politique de l'art : ou comment l'art s'affranchit de la politique... pour mieux y retourner
Jean Clair, pour quoi le surréalisme est "le seul mouvement d'avant-garde à avoir acquis un succès populaire et durable", se propose d'en dévoiler la part d'ombre.
Les oeuvres produites par ce mouvement laissent transparaître un gout de la violence certain, un attrait pour l'irrationnel et la mystique de masses qui reproduiraient à une échelle groupusculaire les méthodes totalitaires.
C'est cette position que va combattre Jacqueline Chénieux-Gendron en prenant le parti de défendre cet héritage artistique.