Pierre Magnard revient sur le travail qu'il avait consacré à Pascal dans le cadre de sa thèse de doctorat intitulée Nature et histoire dans l’apologétique de Pascal.
La problématique générale concerne la Nature en tant que parole ou silence de Dieu, et en quoi cette Nature peut être considérée comme la manifestation de Dieu. Pierre Magnard interroge l’hypothèse d’une apologétique pascalienne en tant qu’herméneutique, qui s’efforcerait d’interpréter à la manière d’un texte, une simple description de l’existence. L’enjeu est de montrer que c’est une valeur diacritique et non pas dialectique qu’il faut donner aux distinctions pascaliennes, en les interprétant comme des différences et non pas comme des oppositions.
À l'issue de l'exposé, Antoine Assaf rapporte sa propre expérience de réception du travail de Pierre Magnard sur Pascal.
À l'occasion du 350e anniversaire de la mort de Cervantès, Philippe Sollers est invité par Severo Sarduy dans un programme intitulé "Cervantès parmi nous". C'est évidemment de la modernité de l'écriture de Cervantès dont il est question.
En deuxième partie de émission, Severo Sarduy introduit le célèbre texte de Jorge Luis Borges, Pierre Ménard, auteur du Quichotte.
Dès 1942, Jean-Jacques Pauvert (1926-2014) fait son entrée dans le monde du livre, comme apprenti-vendeur à la librairie Gallimard et courtier en bibliophilie. Trois ans plus tard, il se propose d’ "ouvrir un lieu d’asile aux esprits singuliers", à l’enseigne du "Palimugre", où il publie notamment Sartre, Montherlant, Alphonse Allais, Renan, Marcel Aymé, avant de fonder en 1953 la SARL Librairie Jean-Jacques Pauvert. Il entreprend dès 1947 la publication des Œuvres complètes du marquis de Sade, au grand jour, sous son nom propre. De poursuites en procès, il est défendu par Maître Maurice Garçon et soutenu par Bataille, Breton, Cocteau et Paulhan. Condamné en 1957 à une forte amende, ainsi qu’à la confiscation et à la destruction des ouvrages incriminés, il est relaxé en 1958, avec l’obligation d’en restreindre la diffusion. Ce combat intransigeant contre la censure littéraire, rapporté dans L’Affaire Sade, contribue à faire reconnaître par la magistrature l’existence d’une "littérature pour adultes". Ami de Genet et de Breton, éditeur de Vian, Pauvert ouvre son catalogue au surréalisme, à la pataphysique, à l’esprit de liberté et à l’irrévérence (revue Bizarre, collections "Libertés" et "Libertés nouvelles"…), aux nouveaux dessinateurs satiriques (Chaval, Gébé, Siné, Topor, Wolinski…), à la contestation (revues Siné-Massacre en 1962-1963 et L’Enragé en 1968…) et à l’érotisme (Histoire d’O, Bataille, Mandiargues, collection "Bibliothèque internationale d’Erotologie"…).
Dans les années 1960 et au début des années 1970, plus d’une vingtaine de ses publications sont frappées d’interdiction (d’affichage, de publicité, de vente aux mineurs) : condamné à de nombreuses amendes, il est privé de ses droits civiques. Il refuse toute censure, qu’elle s’applique à de grandes œuvres ou à la pornographie ordinaire.
Maître Emmanuel Pierrat, écrivain et avocat spécialiste de la propriété intellectuelle et de la censure, conservateur du musée du Barreau de Paris, collectionneur, lui a consacré un essai biographique : Jean-Jacques Pauvert, l’éditeur en liberté (Calmann-Lévy, 2016).
Succès de librairie, sous l'Occupation, à sa sortie fin juillet 1942, lieu de mémoire sulfureux lors de sa réédition augmentée et caviardée chez Jean-Jacques Pauvert en 1976 sous le titre Mémoires d'un fasciste, Les Décombres de Lucien Rebatet demeure un des textes-limites de la littérature et du journalisme français, limite par la vision (celle d'un apologète déclaré de l'hitlérisme faisant siens tous les aspects du nazisme, de l'antisémitisme racial au militarisme pangermanique), limite par l'analyse historique (celle d'un maurrassien déçu passé à la collaboration enthousiaste par haine de la IIIème république), limite aussi par le ton (flamboyant, d'un lyrisme qui s'alimente de la haine éprouvée) et de la culture mobilisée (mélange inouï d'humanisme traditionnel, d'avant-gardisme véhément et d'esthétisme nazi). Livre-monstre qui focalise en lui la quintessence d'un engagement et d'une époque.
Cette comète brune repasse dans le ciel éditorial à la faveur d'une exemplaire édition procurée par Bouquins-Laffont. L'occasion de fouiller ce dossier Rebatet en compagnie de l'historien Pascal Ory, spécialiste de la Collaboration et préfacier du volume.
Dans cette nouvelle session de "Radioscopie", Jacques Chancel converse avec Michel Audiard qui vient de sortir La Nuit, le jour et toutes les autres nuits.
Il revient notamment sur son besoin d'écrire ce livre -en particulier-, son rapport à la littérature et aux grands écrivains (Céline notammen), et tente de comprendre ce qui change vraiment, de l'écriture d'un scénario pour le cinéma ou de la construction d'un roman.
Un entretien passionnant qui nous révèle un peu plus la personnalité de celui qui peut être considéré comme le plus grand dialoguiste du cinéma français au XXe siècle.
Un entretien dans lequel l'intellectuel indépendant neuchâtelois revient sur plusieurs thématiques :
- sa méthode de travail
- la question de la spiritualité et de la transcendance
- la démocratie
- la Suisse
- le problème de la légitimité
- son intérêt pour la Chine et son -long- séjour dans ce pays
Emission "Y'a pas d'wroblèmes", animée par Thomas Wroblevski.
Julien Gracq nous fait (re)découvrir le personnage d’Isidore Ducasse, alias comte de Lautréamont, et son oeuvre principale à propos de laquelle il relevait que "l'un des aspects les plus déconcertants des Chants [c'est] l'humour congénital à Lautréamont, et la manière ambiguë qu'il a de disloquer comme aucun autre le lecteur, d'une façon angoissante, entre un rire nerveux des plus gênants et une certaine forme de terreur."