Maurice Sachs (1906-1945), la mauvaise réputation. Avec Barbara Israël, Henri Raczymow, Thomas Clerc, Jacques de Castilla et Anne Perez-Franchini sur France Culture.


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11.03.2017

Né Maurice Ettinghausen à Paris, le jeune Sachs (du nom de sa mère) fréquente les pensionnats anglais puis, très vite, Le Bœuf sur le toit, ce lieu inventé par Cocteau où défile toute l'avant-garde de 1925. Maurice Sachs est un mondain, un futur écrivain, un séducteur, un amoureux des garçons, un voleur, un tricheur, un voyageur, un alcoolique, un homme tenté par le mysticisme (il se convertit au catholicisme avant de renoncer).
Maurice Sachs aura mille vies. Ami de Max Jacob, des Maritain, des Castaing, en affaires avec Chanel, brouillé avec Cocteau, sous la protection de Gide, Sachs traverse l’Atlantique, se fait conférencier aux Etats-Unis, se marie, abandonne sa femme, vivote sans le sou avec un jeune Californien à Paris, siège au comité de lecture de la NRF, et il écrit, il écrit, il écrit sans cesse, souvent, quand il peut... il rêve de devenir un écrivain. Ce ne sont que quelques péripéties.
Il rencontre Violette Leduc et l'incite à écrire. Il adopte un enfant juif qu'il abandonne. C'est la guerre, il n'a plus un sou, il revient à Paris, pendant l'Occupation et fait du trafic. Ce n'est pas très clair, mais il mène la grande vie à Paris, vit quai Conti, au 15 exactement : dans cet appartement où grandira, plus tard, le jeune Patrick Modiano. Et puis Maurice part en Allemagne, désargenté, il est traqué, il se fait grutier.
Un juif au cœur de la machine nazie. Il trahit, espionne pour les Allemands, protège ceux qui lui plaisent. Il est arrêté, mis à l'écart, les Alliés bombardent Hambourg. Sa prison est évacuée, il marche sur une route d'Allemagne. On lui tire une balle dans la tête. Il s'écroule. La légende, le mythe de Maurice Sachs viennent de commencer.
On le retrouvera plus tard, après la Libération, après la guerre. On dit qu'il aurait survécu, qu'il serait revenu, qu'il se serait enfui, sur un autre continent, qu'il aurait changé d'identité. Ses livres, magnifiques, paraissent alors : Le Sabbat, La Chasse à Courre (avant-guerre, il n'avait que peu publié).
C’est une voix unique, un témoignage des Années folles, des Années noires. Les années 20, 30, 40 – et tous les héros de ce temps. C’est un auteur "autofictif", un "autobiographe", juif, homosexuel, voleur, collabo, hystérique, génial, alcoolique, désespéré. Un personnage, une étrange figure qui hante La Place de l'Etoile, le premier livre de Patrick Modiano. Comme le fantôme de l'Occupation, d'une époque qui n'en finit pas de passer...

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Julien Thèves.

Suburbex, l'exploration suburbaine entre errance et anonymat. Avec Bruce Bégout à l'Université de Toulouse.


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08.02.2016

Le philosophe Bruce Bégout a longtemps arpenté les villes, à la fois physiquement et intellectuellement. Il essaie de créer une sorte de parcours à la fois philosophique mais aussi transdisciplinaire, utilisant toutes les ressources possibles, de la littérature, de la photographie, des sciences humaines et de l'histoire et pratiquant trois genres d'écritures pour explorer les nouveaux territoires, que ce soit le genre de l'analyse théorique pure, le genre de l'essai ou le genre de la fiction.
Dans cette communication, Bruce Bégout s'intéresse aux friches, plus particulièrement à ce qu'il appelle le troisième âge de la friche qui est un élément central de la "suburbia", marquée par un effort de rationalisation en zones commerciales, zones de travail et zones d'habitations pavillonnaires et de cités, de l'homogénéisation des fonctions mais dont on s'aperçoit qu'il est un espace extrêmement chaotique puisque sont rassemblés là des gens, des pratiques, des univers assez différents qui coexistent et montrent une hétérogénéité plus grande de modes de vie que la relative homogénéité culturelle et existentielle des centres-villes.
La "suburbia" est souvent disqualifiée : manque de mixité, de proximité, d'équipements -notamment culturels, manque d'échanges et de sociabilité, manque de beauté. Mais elle n'est pas simplement un espace du manque ; cette négativité est la positivité même de cet espace. Pour les philosophes, les écrivains, les chercheurs, il s'y passe quelque chose. Dans les marges de la ville disqualifiée, il y a la possibilité de l'émergence du sens, d'un sens qui aurait fait l'épreuve de la négativité et, au prix d'une éventuelle destruction, de la création. L'expérience de la négativité est présente dans l'expérience de ces ruines contemporaines que sont les friches qui comprennent les usines désaffectées, les cars abandonnés, les lieux oubliés de la modernité, jamais totalement vides...

Marcel Proust et Lucien Daudet. Avec Antoine Compagnon à la Fondation Singer-Polignac.


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29.05.2018

Proust fit la connaissance des Daudet en 1894 : Alphonse et ses fils, Léon et Lucien. Ce dernier, mondain, cultivé, snob, et fils à maman, deviendra vite un ami, puis une passion de Marcel, auprès de qui il succèdera à Reynaldo Hahn, avant d’être remplacé par Douglas Ainslie. Le duel de Proust avec Jean Lorrain, en 1897, sera provoqué par une insinuation sur leurs relations.
Une longue amitié prendra le relais, faite de services mutuels, et Lucien Daudet fut l'un des premiers lecteurs des épreuves de Du côté de chez Swann dans l'été de 1913. À partir de 1916, ses visites boulevard Huassman devinrent de plus en plus régulières.

Une conférence prononcée dans le cadre du colloque "Proust et ses amis".

Du temps qu'on existait. Avec Marien Defalvard sur France Culture.


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01.09.2011

L'écrivain Marien Defalvard nous présente son premier roman, publié alors qu'il n'a que 19 ans et écrite quelques années plus tôt. Celui-ci narre les rêveries solitaires d'un homme qui se retourne sur sa vie, rythmée par des dates et des lieux de France qui ont marqué son esprit et qui la contemple d'un œil distant, fantasque.
Une première oeuvre étonnante qui aura suscité un accueil très contrasté.

Marcel Aymé (1902-1967). Avec Jacques Laurent, Alphonse Boudard, Georges Wilson, Jean-Marie Turpin, Pascal Ory et Michel Lécureur sur France Culture.


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04.07.1991

Ecrivain politiquement de gauche puis de droite, Marcel Aymé fut décrié et traité de collabo par l'inteligentsia d'après-guerre.
Coupable ? Collabo ? Il n'en reste pas moins un auteur laissant une oeuvre importante à l'humour féroce.

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Pascale Charpentier.

Hermann Hesse, entendre battre le coeur de la terre. Avec François Mathieu sur France Culture.


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04.10.2017

Hermann Hesse était-il, comme son personnage Harry Haller, un "loup des steppes" ? Toute sa vie, il a tenté de comprendre le sens de son existence et de celle des autres. Son œuvre est le reflet de cette quête de l'harmonie et de l'accord entre les hommes et le monde.
François Mathieu, traducteur de grands noms de la littérature allemande et critique littéraire, est l'auteur d'une biographie d'Hermann Hesse et vient nous parler de sa trajectoire et de son oeuvre.

Émission "La Compagnie des auteurs", animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.

Drieu La Rochelle, une histoire de désamours. Avec Julien Hervier sur Radio Courtoisie.


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13.04.2018

Julien Hervier vient de sortir un livre qui, sous la forme d'un abécédaire, dresse un portrait vivant de Pierre Drieu la Rochelle. C'est particulièrement sous l'angle des "désamours" qu'il aborde cet écrivain constamment déçu des autres et de lui-même, jusqu'à son suicide en 1945.
D'Alcool à Saphisme, on retrouve les grands thèmes associés à Drieu : la guerre, la politique et la collaboration, l'amitié et la sexualité, et d'autres moins connus comme la peinture, les religions ou la drogue. Et bien sûr les figures déterminantes de sa vie, de Louis Aragon à Victoria Ocampo.

Émission du "Libre Journal des idées politiques", animée par Léon Morin.

Jean Giono, le déserteur du réel. Avec Michèle Gazier, Sylvie Durbet-Giono, Jacques Mény, Christian Morzewski, Pierre Michon, Pierre Magnard et André Reynaud sur France Culture.


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04.09.2008

Tel Ulysse, Giono est un rusé, un menteur colossal, un tragique à peine déguisé. Voyageur immobile ancré à Manosque, passé maître dans l'art de la fiction, il fera du roman son royaume.
En lisant et en écrivant, il s'est nourri du sang de la littérature, de toute la littérature, du polar à Faulkner. Très tôt reconnu par la critique et par le public, Giono a connu les vicissitudes de l'homme qui dit non... aux fascistes, aux communistes, aux petits bourgeois. Eloigné des coteries parisiennes et réfractaire à tout pittoresque régionaliste, Giono afficha un goût constant pour le cinéma, un goût très sûr qui le mènera derrière la caméra, suscitant l'admiration de Renoir, Truffaut et Godard.
Observateur implacable de la condition humaine, Giono s'impose comme le chantre de l'utopie et de la communion qui lie l'homme à la nature. Travailleur acharné épris de liberté, Giono exalte l'héroïsme de l'individu confronté à sa propre solitude.

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par François Caunac.