Critique littéraire, journaliste, essayiste, Jacques Laurent fut également un pamphlétaire redouté. Auteur de best-sellers sous le pseudonyme de Cecil Saint-Laurent, il fut aussi lauréat du Goncourt, membre de l'Académie française, pasticheur encore, historien, reporter de guerre, directeur et fondateur de revues.
Jacques Laurent a été un des hommes les plus en vue de son temps. Faisant la couverture des magazines des années cinquante, académicien respecté à la fin de sa vie, il fut traqué par la police au temps de l'OAS. Défenseur du désengagement politique en littérature, il a été vilipendé par la gauche, prompte à dénoncer son "fascisme" supposé. Bien qu'adversaire des écoles et des catéchismes politiques, religieux ou littéraires, on a voulu faire de lui le maître à penser des "Hussards".
Brûlant son existence par les deux bouts, multipliant ses succès féminins, roulant en Buick avec chauffeur, écumant les palaces des côtes méditerranéennes et les bars de Saint-Germain-des-Prés au temps de sa gloire, il mit fin à ses jours dans l'absolu dénuement d'une chambre de bonne parisienne.
Jacques Laurent sort des cadres et des sentiers battus. La profusion de son oeuvre donne le vertige. Que ce soit en littérature ou dans les combats, elle se démarque par une liberté de ton et une intelligence percutantes.
Cette émission s'attache à restituer l'essentiel de la leçon de liberté et d'intelligence laurentienne en éclairant les faces les plus marquantes de la vie de l'homme et de son oeuvre.
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Hugues Sérapion.
C'est d'une bien étrange défaite dont nous parlent les romanciers Bruno Lafourcade (Une jeunesse les dents serrées, Pierre-Guillaume de Roux), Pierre Mari (En pays défait, Pierre-Guillaume de Roux) et David Desgouilles (Leurs guerres perdues, Editions du Rocher), peut-être parce qu'il n'y a rien à décrire, et que ce rien est pourtant ce qui nous étouffe.
Débâcle du projet souverainiste, déclin des élites, effondrement de la maitrise de la langue française, émergence de la gauche morale : autant de phénomène qui demandent à être pensés et qui sont la toile de fond des romans ici présentés.
Émission du "Libre journal de la nouvelle droite", animée par Thomas Hennetier.
Le professeur de littérature française Pierre Glaudes est un spécialiste de la littérature du XIXe siècle. Auteur d'un Esthétique de Barbey d'Aurevilly (Classiques Garnier, 2009), il cherche à replacer Barbey d'Aurevilly dans un horizon esthétique qui lui est propre, sans se laisser porter vers les deux écueils qui seraient pour l'un d'en faire un écrivain régionaliste, pour l'autre de le réduire à un chantre des pulsions du corps.
Il faut également souligner l'influence du brûlant réactionnaire Joseph de Maistre, en qui il trouve une certaine éthique, une morale, mais aussi une philosophie du mal que l'on retrouve dans ses romans, vers une "esthétique de l'intensité". Il faut enfin replacer Barbey en décalage par rapport au courant réaliste de son époque : pour lui, le réel ne se réduit pas au monde physique. Ses romans présentent donc une autre forme de rapport à la réalité, qui hérite également du Don Quichotte de Cervantès et du récit balzacien.
Émission "La Compagnie des auteurs", animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.
De Pasolini, les Français ont surtout retenu son oeuvre cinématographique. Mais en Italie, c'est le Pasolini poète qui est célébré. Poète, mais aussi romancier, critique d'art, engagé politique, Pasolini est extrême, excessif, scandaleux, mais jamais provocateur. Gare aux âmes sensibles !
En quatre temps, ces émissions nous emmènent aux limites du figurable avec le film Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pasolini, dans sa poésie, ses écrits autobiographiques, et enfin sa pensée philosophique.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.
L'écrivain et passionné de navigation Simon Leys a rassemblé dans une anthologie, parue chez Robert Laffont dans la collection "Bouquins" en 2018, des textes allant de François Rabelais à Pierre Loti et évoquant la mer : La mer dans la littérature française.
Connu pour ses écrits et essais politiques sur la Chine, Simon Leys était lui aussi un écrivain de la mer. Il écrivit notamment Les Naufragés du Batavia - anatomie d'un massacre dans lequel il retrace l'histoire de ce bateau de la Compagnie hollandaise des Indes orientales originellement parti pour Java avec 330 personnes à son bord, et le terrible crime collectif orchestré par Jeronimus Cornelisz après le naufrage. Dans Prosper, un autre récit qui tourne autour de la mer, Patrick Ryckmans (son véritable nom) raconte son expérience à bord d'un thonier Breton, avant son départ pour la Chine.
Dans son anthologie, Simon Leys montre que la littérature française recèle d'auteurs qui peuvent égaler un Conrad ou un Melville : on y croise ainsi des poètes, comme Baudelaire, des auteurs célèbres comme Chateaubriand, Michelet, Victor Hugo et Jules Verne, ou moins connus à l'instar de René Duguay-Trouin, un corsaire aventurier...
Émission "La Compagnie des auteurs", animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.
Admiré par Proust, Malraux, Gide ou encore Apollinaire, l'oeuvre de Charles Maurras est généralement réduite à sa part antisémite. Pourtant, il existe un kaléidoscope Maurras, "des polémiques les plus ignobles aux méditations les plus élevées" (J. L. Barré).
Toujours commentée, très rarement lue, a récemment été -en partie- rééditée dans la collection Bouquins (Robert Laffont). Directeur du projet, Martin Motte nous présente un Maurras peu connu : celui qui, amoureux de l'universalisme grec, développa un esthétisme fait de classicisme dont les racines se forment au pied de l'Acropole.
On découvre ainsi un personnage aux multiples facettes : poète métaphysique, philosophe de la relation amoureuse ou encore régionaliste porteur de la nation...
Une émission animée par Christophe Dickès.
Le jeune écrivain et poète Marien Defalvard, auteur du roman remarqué Du temps qu'on existait (2011) et d'un premier recueil de poèmes, Narthex, en 2016, nous invite à écouter quelques-uns des morceaux qui le touchent particulièrement.
Une escapade musical où la littérature et la poésie ne sont jamais très éloignées...
Louis-Ferdinand Céline demeure un hapax dans notre littérature et notre culture nationale. Plus de cinquante ans après sa mort, il hante et divise toujours les esprits. Il est ce créateur antisémite, cet artiste collaborationniste, qui a révolutionné la langue avec Voyage au bout de la nuit et mis sa plume au service de l'abjection dans Bagatelles pour un massacre. Céline emporte, dégoûte, fascine et scandalise.
En 2011, il est retiré de la liste des célébrations nationales. En 2017, le projet de publication de ses pamphlets chez Gallimard est suspendu. Entre le génie et le salaud, l'homme et son œuvre, où sont les frontières ?
Cette grande traversée propose d’aller jusqu'au fond de la nuit, là où comme Céline l'écrit "tout est trouble, équivoque, avant de verser dans le noir".
Une série documentaire produite par Christine Lecerf et réalisée par Franck Lilin.