Le travail de Johann Chapoutot est parti d’un étonnement : celui suscité par les affirmations d’Alfred Rosenberg : "Les Grecs étaient un peuple du nord", ou celles d’Hitler pour qui il existait une "unité de race entre Grecs, Romains et Germains".
Soucieux de donner un passé glorieux à une Allemagne de surcroît humiliée, le Reich met en place la réécriture d’une Antiquité racialisée qui annexe la Méditerranée à la race nordique : cette référence antique racialisée offre dès lors aux nazis, malgré les oppositions vite réduites au silence, et grâce à l’étonnante démission intellectuelle des savants gagnés à la cause du national-socialisme, "l’opportunité de fabuler un discours des origines" .
Celui-ci sera largement orchestré par une multitude de vecteurs, une intense propagande. L’historien se retrouve au cœur du projet nazi : il s’agit de dominer non seulement le présent et l’avenir, mais aussi un passé réécrit et instrumentalisé.
Au commencement, la Grande Guerre fut une dispute au sein de l'Europe. Elle s'est terminée par la montée de l'empire américain.
Dans son dernier ouvrage Le Déluge. 1916-1931 : un nouvel ordre mondial (Les Belles Lettres), Adam Tooze examine l'émergence de ce nouveau système de puissance mondiale et de la crise économique et politique qu'il provoque.
La présentation et l'échange qui suit la conférence sont animés par Johann Chapoutot.
Cette question, apparemment simple, est en réalité bien plus compliquée qu'il n'y paraît.
Car si le nazisme surgit d'abord comme réponse à une grave crise économique dans une Allemagne bouleversée par la Première Guerre mondiale, il fascine également une partie des élites européennes, bien au-delà de l'Allemagne. Certaines mesures économiques semblent efficaces : on emprunte sans compter et on réinvestit dans l’aménagement du territoire et l’armement.
Il vient également donner un sens à la guerre aux yeux du peuple allemand : celle-ci est vue comme une lutte pour la survie de la race, ce qui entraîne des massacres effroyables au nom de la protection de la population.
Mais au-delà des faits et des dates, faire l'histoire du nazisme demande une compréhension des mentalités de cette période et une très fine mise en contexte.
Mais comment "comprendre" une telle barbarie ? Et que signifie "comprendre" en histoire ?
Une conférence prononcée dans le cadre du "Cycle Pluridisciplinaire d'Études Supérieures".