Alors que le processus d'intégration de la Turquie au sein de l'Union Européenne avance, il est bon de s'arrêter et de se poser la seule question qui compte : où s'arrête l'Europe ?
Ceci nous conduit évidemment à nous intéroger sur la nature et le devenir de l'Europe et de la construction politique qu'est l'Union Européenne.
Les deux exposés d'Annie Lacroix-Riz et de Jacques Nikonoff visent à mettre en évidence les continuités historiques de la politique allemande depuis la fin de la première Guerre Mondiale jusqu’au début de la construction européenne, depuis l’hyperinflation des années 20 jusqu'aux déflations salariales et délocalisations contemporaines. Soit le dilemne d'une nation dont le projet de domination impériale n'a jamais déserté ses classes dirigeantes.
"L'Eurocratie" : le mot existe aujourd'hui dans toutes les langues et les alphabets de l'Union européenne.
Mais par-delà les représentations plus ou moins fantasmées que ce mot véhicule, que sait-on des parlementaires, commissaires, fonctionnaires, représentants permanents, lobbyistes et représentants d'intérêt, membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale, patrons et syndicalistes, militaires et diplomates, commentateurs et communicateurs, qui, au sein ou en lien étroit avec les institutions de l'UE, donnent corps à la chose ? Quels sont leur carrière, leur trajectoire sociale et professionnelle, le type d'autorité dont ils sont investis ou pour lequel ils luttent, et quelle place y tient l'Europe ? Comment se structure enfin le collectif qu'ils forment ensemble, dans sa diversité comme dans son unité sociologique relative ?
Ce travail vise à renouveler les approches institutionnelles ou des relations internationales de l'intégration européenne en recourant à la notion de champ social, en jetant un éclairage nouveau sur les structures relationnelles de leur fonctionnement.
Pierre Manent interroge l'histoire, récente et lointaine, de la nation ; la manière dont elle a accueilli et nourri la démocratie, et comment son effacement menace aujourd'hui cette démocratie même.
Il met en évidence la situation paradoxale de la religion dont on ne cesse d'annoncer la fin imminente alors même que les séparations religieuses organisent de plus en plus notre paysage politique.
L'Europe ne peut rester longtemps encore cette zone dépressionnaire où l'on a peur de son ombre. Pierre Manent, par son travail, voudrait contribuer à ranimer le sentiment et l'intelligence des ressources spirituelles qui donnent à l'Europe sa continuité vivante.
Cycle de conférence "L'Occident en question".
Depuis la fin du bloc soviétique environ, a émergé un débat sur la place des nations et de la forme Nation dans l’avenir de l’Europe.
Loin de l’identification des nations aux nationalismes et à leurs expressions paroxystiques faciste et nazi qui les ont longtemps disqualifiées, l’objet d’étude Nation a été réinvesti depuis lors par les membres des sphères intellectuelles, lançant souvent, notamment en France et au Royaume-Uni, des débats critiques sur la forme actuelle de la construction européenne.
Ainsi a donc été mis à jour un ensemble d’interrogations sur la place des nations dans l’avenir de l’Europe ou encore sur le caractère historiquement nécessaire ou circonstanciel des nations, notamment pour la démocratie.
Pour reprendre une interrogation d’Étienne Balibar : "ici en Europe, la question de savoir si certaines nations, voire la forme Nation comme telle, traversent une phase de refondation, de régénerescence ou sont irréversiblement entrées dans un processus de dépérissement, de transition vers une société postnationale s’est faite de plus en plus insistante".
Toutes ces questions posées sur le terrain de l’avenir de l’Europe doivent alors aussi être mises en regard des rêves déjà anciens de voir émerger un Etat fédéral unissant le continent européen, mais aussi des interrogations sur le caractère viable et souhaitable de conceptions cosmopolitiques ou postnationales de l’unification de l’Europe.