Les insuffisances actuelles de la démocratie représentative créent une défiance entre les élus et les citoyens. Les controverses sur la définition de la démocratie sont anciennes mais elles prennent de nos jours des formes nouvelles avec ce que l'on appelle la "démocratie internet".
Ce réseau informatique mondial va-t-il permettre l'avènement d'une démocratie plus participative ?
C'est avec Eric, informaticien, et William, spécialiste de l'histoire de la cybernétique, qu'est procédé à une analyse critique du capitalisme numérique et de ses dynamiques historiques depuis 1940-1950.
Après une première partie consacrée aux techniques numériques comme cas particuliers d'une même dynamique d'accroissement de la puissance de calcul au service du capital (au sein du processus productif comme en termes de marchandises), c'est à la cybernétique en tant qu'idéologie fétichiste qu'est consacrée la deuxième partie de l'émission.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
C'est en compagnie d'Eric, informaticien, que nous est proposée une analyse et une critique radicale de l’informatique comme agent d’une mutation anthropologique, comme fossoyeur technologique de l’humanité-travail et comme système technique de l’ordinateur. L'informatique comme stade suprême du capitalisme.
Émission "Sortir du capitalisme".
En cette fin de deuxième décennie du XXIe siècle, la Silicon Valley n’existe plus seulement en tant que territoire, elle a débordé de son lit tel un fleuve sans cesse grossissant. C’est un double débordement qui actuellement s’opère, prenant la forme d’une double conquête : celle du monde et celle de la vie.
L’incertitude, qui était à la fois le moteur et la limite de la "nouvelle économie", n’a plus cours. Ce qui prime, maintenant, c’est la netteté d’un chemin dont les contours sont virtuellement tracés et qu’il reste à paver par une infinité d’ "innovations".
Cet horizon, porteur de richesses intarissables, fait l’objet d’une ruée qui engage des bataillons de pionniers pullulant depuis peu sur les cinq continents, cherchant à s’inspirer directement de la Silicon Valley, sorte de "mère patrie" originelle...
Dans cet entretien-fleuve, le philosophe Eric Sadin, auteur des ouvrages La Silicolonisation du monde (Editions L'échappée, 2016) et L'intelligence artificielle ou l'enjeu du siècle (2018) analyse les changements économiques et sociaux liés à l'intelligence artificielle, offrant une lecture volontairement provocante qui n'épargne pas les thuriféraires des dernières avancées technologiques.
Berceau des technologies numériques (Google, Apple, Facebook, Uber, Netflix, etc.), la Silicon Valley incarne l'insolente réussite industrielle de notre époque. Cette terre des chercheurs d'or, devenue après-guerre le coeur du développement de l'appareil militaire et de l'informatique, est aujourd'hui le lieu d'une frénésie innovatrice qui entend redéfinir de part en part nos existences à des fins privées, tout en déclarant oeuvrer au bien de l'humanité.
Mais la Silicon Valley ne renvoie plus seulement à un territoire, c'est aussi et avant tout un esprit, en passe de coloniser le monde. Une colonisation d'un nouveau genre, portée par de nombreux missionnaires (industriels, universités, think tanks...), et par une classe politique qui encourage l'édification de valleys sur les cinq continents, sous la forme d'écosystèmes numériques et d'incubateurs de start-up.
Eric Sadin nous montre comment un capitalisme d'un nouveau type est en train de s'instituer, un technolibéralisme qui, via les objets connectés et l'intelligence artificielle, entend tirer profit du moindre de nos gestes, inaugurant l'ère d'une "industrie de la vie".
Au-delà d'un modèle économique, c'est un modèle civilisationnel qui s'instaure, fondé sur l'organisation algorithmique de la société, entraînant le dessaisissement de notre pouvoir de décision. C'est pour cela qu'il est urgent d'opposer à ce mouvement prétendument inexorable d'autres modalités d existence, pleinement soucieuses du respect de l'intégrité et de la dignité humaines.
Une conférence qui se tient à l'Institut français de Madrid, animée par Marta Peirano (les questions sont posées en espagnol).
Avec l'Intelligence Artificielle, l'Homme s’est pris à rêver, du meilleur comme du pire. Entre les partisans d'un avenir radieux où l'Homme sera quasi immortel et où les ordinateurs seront drôles, sexy et aimants (Laurent Alexandre, Ray Kurzweil), et ceux qui versent plutôt dans les lendemains qui déchantent – Elon Munsk, Stephen Hawking, pour ne citer qu’eux – le consensus est loin d’être atteint.
Mais l'IA n’est pas qu'un objet de débats politiques et éthiques. C’est aussi un sujet central pour les entreprises, et les start-ups s'y sont mises en masse.
Olivier Ezratty, conseil pour les entreprises dans l'élaboration de leurs stratégies d'innovation et très actif dans l'écosystème des start-ups (il publie chaque année le Guide des start-ups et le Rapport du CES de Las Vegas) propose de revenir sur les usages de l'IA et sur la manière dont celle-ci va transformer la société, le travail et les métiers de demain.
Comment définir l’écriture aujourd’hui ? C’est à cette question que tente de répondre Clarisse Herrenschmidt en apportant des exemples explicites de la transformation majeure de l’écriture et des signes dans les 20 dernières années avec l’émergence des nouvelles technologies et l’usage de plus en plus diffus de l’ordinateur.
Cette révolution graphique se traduit par la transformation de l’écriture en information : à un caractère ou une police correspond un nombre traduit par la machine. Contrairement au langage humain, le langage informatique n’est pas ambigu; il est le produit de la logique informatisée et permet par un ensemble écrit de caractères, de mots, de donner des instructions à l’ordinateur.
Cette transformation sémiologique en écriture informatique change notre mode de pensée et nos habitudes de travail. Nous traitons aujourd’hui la langue, les nombres et la monnaie (via la carte de crédit) avec le même outil : l’ordinateur.
Dès le départ, la machine a été pensé comme un cerveau informatique ; l’organe de pensée humain a été externalisé et projeté dans un artéfact qui est une machine à signes. Mais pour Clarisse Herrenschmidt les interrogations sont ailleurs : que vaut la parole humaine ? Les usages de la parole se sont affadis, aplatis, au détriment des variations infinies que propose une langue. Comment allons-nous parler ? toujours de façon plate et dé-symbolisée ou assisterons-nous à un redéploiement des possibilités ?