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La chute du régime de Bachar al-Assad met fin à 55 ans de pouvoir autoritaire de la famille Assad en Syrie, marqué par une domination brutale de la minorité alaouite (15 % de la population), issue du chiisme. Ce pouvoir s'est imposé par la force et la terreur, notamment contre la majorité sunnite. La dictature syrienne a également joué un rôle déstabilisateur au Liban, en contrôlant ses institutions et en vidant en partie le pays de sa population chrétienne. L'assassinat de Rafic Hariri en 2005, attribué au régime syrien, a précipité le retrait de la Syrie du Liban et amorcé le déclin du régime.
À l’intérieur, le régime n'a jamais réussi à obtenir l'adhésion populaire, s'appuyant uniquement sur la répression, le soutien extérieur (Russie, Iran, Hezbollah) et une armée affaiblie. La répression sanglante contre les Frères musulmans dans les années 1980 à Hama et Homs a causé des dizaines de milliers de morts. Ces violences ont contribué à radicaliser une partie de la population, facilitant l'émergence de groupes islamistes plus extrêmes, parfois affiliés à Al-Qaïda, qui ont profité de la faiblesse du régime pour s'imposer sur le terrain.
Enfin, le rôle de la Turquie a été déterminant dans l'effondrement final. Ankara, refusant l'émergence d'un État kurde à sa frontière et souhaitant le retour de millions de réfugiés syriens, s'est opposée frontalement à Assad. Le refus de Damas de coopérer a conduit Erdogan à soutenir indirectement des groupes islamistes contre le régime.
Aujourd'hui, la Syrie est morcelée, Assad n'a plus de légitimité ni de contrôle réel, et le pays bascule vers une domination sunnite, posant une grave menace pour les minorités restantes, notamment les chrétiens.


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De Vercingétorix, on connaît surtout le nom, sa lutte héroïque contre Rome, sa défaite à Alésia et le récit biaisé qu'en donnera Jules César. Mais d'autres écrits et les trésors exhumés par l'archéologie invitent à le redécouvrir et, au miroir de ce destin hors du commun, à explorer des pans enfouis de l'histoire de l'ancienne Gaule. Cet adolescent arverne, fils de roi, tôt formé à la chose militaire, s'est hissé tout jeune au commandement suprême de la résistance gauloise au conquérant romain. Revers militaire qui recouvre une victoire politique – l'unification des peuples gaulois – dont il deviendra le symbole.
Ce travail de Jean-Louis Brunaux n'entend céder ni aux hagiographies complaisantes, ni aux légendes controuvées, ni aux appropriations idéologiques. Elle retrace à nouveaux frais, à partir de sources souvent oubliées, l'itinéraire singulier de cette figure d'exception : son enfance au sein d'une lignée aristocratique ; l'éducation reçue par ses maîtres druides ; sa formation, surtout, auprès de César dont il est devenu l'otage ; la rébellion enfin où il se découvre grand leader politique et redoutable chef militaire. Une vie si brève qui aura nourri une si longue postérité.
En suivant ses pas, c'est une nouvelle lecture de l'histoire de la civilisation et du peuple gaulois que Jean-Louis Brunaux nous fait découvrir : une société en plein essor, déjà bien structurée, agitée par des assemblées remuantes et ouverte au monde, à l'ombre menaçante de l'impérialisme romain.


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Denis Crouzet appartient à une illustre famille d'historiens ; étant lui-même devenu un historien illustre, il est l'un des meilleurs spécialistes du temps de Réformes.
En publiant Le seizième siècle est un héros (Albin Michel), il ne se contente pas d'analyser la démarche de Jules Michelet. C'est une invite à la célébration de la fraternité qu'il nous propose.
Une rencontre qui nous prouve, si c'était encore nécessaire, que l'Histoire peut guider nos pas, loin des pensées mortifères.
Émission "Une heure avec", animée par Frédérick Casadesus.




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En revenant sur l'entre-deux-guerres, la place centrale des États-Unis dans cette contre-histoire, l'importance de l'anticommunisme et le passé très trouble des "pères fondateurs" (sources à l'appui), Thomas Durin nous présente dans le détail la genèse de l'Union Européenne, son hostilité aux souverainetés nationales et son incapacité à se concevoir comme une puissance indépendante des États-Unis d'Amérique.
Une contre-histoire qui nous renvoie aux événements les plus récents de l'actualité et aux chimères très contemporaines de l'Europe de la Défense.


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Aussi bien dans le monde germanique que non germanique, la pensée militaire prussienne des XVIIIe et XIXe siècles est méconnue, dans la mesure où de grands arbres, comme Frédéric II, Clausewitz, Moltke ou Schlieffen ont caché la forêt.
L'historien Jean-Jacques Langendorf se penche sur des théoriciens militaires ayant revêtu jadis une importance capitale mais qui, fort injustement, sont tombés dans les oubliettes de l'histoire, alors qu'ils ont joué un rôle essentiel dans la mise au point et la formulation de cette pensée.
Un travail érudit et plus que bienvenue pour aborder la pensée militaire allemande de 1871 à 1918.


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Le Bund, organisation sociale-démocrate des ouvriers juifs, né dans la clandestinité en 1897, fut le premier parti politique juif, socialiste, marxiste et laïque. Il rassembla nombre de Juifs de Pologne, de Lituanie et de Russie qui luttèrent avec acharnement contre l’autocratie tsariste.
Bien plus qu'une simple formation politique, le Bund sut développer un véritable mouvement culturel dont le yiddish fut la sève. Souvent décrié au sein des masses juives elles-mêmes, que ce soit par les religieux, les sionistes de toutes tendances et même par les communistes et les libéraux, le Bund fut de tous les combats contre l'oppression russe, soviétique, polonaise et nazie.
À partir des travaux de Henri Minczeles, Constance Pâris De Bollardière nous présente l'épopée de ce mouvement, de sa naissance jusqu'aux dernières purges staliniennes, en passant par les révolutions de 1905 et de 1917 et par l'insurrection du ghetto de Varsovie. Elle nous restitue aussi ce que fut la vie et l'action de ses leaders et de ses militants, que la Shoah a ensevelis et dont les cendres ont été balayées par une Histoire bien oublieuse.


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La France possède une singularité enviée du monde, et sans doute vouée à disparaître : la liaison étroite qu'entretiennent depuis des siècles la politique et la littérature. En quel autre pays, un homme d'État estimerait que la légitimité issue du suffrage est rehaussée par le prestige de l'écriture ? En quel autre pays les grands écrivains jugent que leur génie leur octroie le devoir d'éclairer les destinées de la nation et de guider le peuple ? Ce croisement n'a pas été l'exception mais la norme, comme en témoignent par exemple la publication du Mémorial de Sainte-Hélène et celle des Mémoires de Charles de Gaulle dans la bibliothèque de la Pléiade.
Du XVIe au XXIe siècle, Bruno de Cessole met en lumière cette endogamie paradoxale qui n'a cessé de susciter l'étonnement des étrangers, car elle donne aux mots une résonance et à la politique une élévation, presque une transcendance, qui manque tant aujourd'hui.
La littérature apparaît tantôt comme le vecteur d'une ambition, tantôt comme le deuil éclatant d'espoirs déçus, tandis que la politique cherche dans la littérature un surcroît de légitimité conjugué à un brevet pour la postérité.
Émission du "Libre journal des débats", animée par Charles de Meyer.
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Alors que les fractures identitaires, religieuses et politiques s'approfondissent, une interrogation brutale surgit : la République serait-elle la principale fossoyeuse de la nation française ? De la trahison européenne à la laïcité dévoyée, en passant par la disparition des racines catholiques, les lignes de fracture deviennent des failles abyssales.
Derrière l'apparente neutralité du système républicain, certains voient un projet d'éradication des traditions millénaires, au profit d'un humanisme relativiste coupé de toute transcendance. L'Union européenne, loin d'apporter l'unité, parachèverait cette entreprise de dilution nationale par une technocratie froide et désincarnée.
Face à ce processus de décomposition, une question se pose : le catholicisme pourrait-il redevenir le socle de la reconstruction française ? Loin d'un simple retour au passé, il s'agirait d'une nécessité vitale pour restaurer la cohésion, la mémoire collective et l'âme d'un peuple en quête de lui-même.
Le choc des visions est inévitable : faut-il rompre avec la République, se libérer de l'Union européenne ou, d'abord, rétablir la primauté du spirituel ? À travers ce débat sans concessions, c'est l’avenir de toute une civilisation qui vacille. Un affrontement d'idées essentiel où les certitudes s'effondrent et où les vérités interdites surgissent dans l'ombre.
Un débat animé par Mike Borowski.