La naissance du marxisme (Allemagne, Russie, URSS). Avec Guillaume Fondu à la Librairie Tropiques.


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2024

Comme la plupart des termes issus de noms propres, le "marxisme" a d'abord servi à stigmatiser les partisans des idées de Karl Marx, réduits à des adorateurs de sa personne. Le mot a aussi été beaucoup utilisé pour ouvrir la voie d'un retour possible à l'auteur du Capital contre le marxisme (défini alors comme un "ensemble de contresens faits sur Marx"). À la différence des multiples mobilisations qui cherchent à opposer la vitalité de la pensée individuelle de Marx à un propos nécessairement "dogmatique", Guillaume Fondu place au cœur de l'interrogation ce qui fait l'intérêt du marxisme en tant que tel : la poursuite et la concrétisation d'un discours inspiré de Marx dans des contextes tout à fait différents de celui qui a présidé à la genèse de son œuvre.
Trois moments constitutifs sont placés au centre de l'analyse : l'Allemagne du tournant des XIXe et XXe siècle, la Russie des premières années du XXe siècle et l'Union soviétique des années 1920. De Karl Kautsky à Isaak Roubine, en passant par Rosa Luxemburg, Gueorgui Plekhanov, Rudolf Hilferding, Lénine ou Alexander Bogdanov mais aussi divers romans russes qui mettent en scène les questionnements politiques, Guillaume Fondu remobilise toute une littérature aujourd'hui ignorée en prenant pour fil conducteur la question de la performativité du discours, du lien entre réflexion et action, qui est un enjeu crucial pour toute science sociale.

Qui fut Pie XII ? Avec Frédéric le Moal sur Radio Courtoisie.


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27.11.2024

Le 19 décembre 2009, une violente tempête médiatique se déchaîne contre la mémoire de Pie XII lorsque Benoît XVI signe un décret reconnaissant ses vertus héroïques, prélude à sa béatification dont le procès avait été ouvert dès octobre 1967. Que s'est-il donc passé pour que l'image de ce souverain pontife, qui régna sur l'Église catholique de 1939 à 1958, se fût dégradée à ce point en cinq décennies ? Comment un homme peut-il passer du statut de héros, remercié par les survivants de l'Holocauste, à celui de complice passif de l'Antéchrist, reclus dans un coupable et lâche silence face à l'extermination de millions d'innocents ?
Frédéric Le Moal rouvre le "dossier Pie XII". Grâce à la toute récente ouverture des archives vaticanes (2020), il a eu accès à tous ces documents qui nous font pénétrer au cœur de la Curie, jusqu'au bureau même du pape. Il brosse ainsi à nouveaux frais le portrait de ce Romain de culture, de cœur et d'esprit vite repéré et formé pour devenir l'un des plus brillants diplomates du Saint-Siège. Eugenio Pacelli embrassa la carrière diplomatique sans jamais cesser d'être pasteur, gravissant les échelons jusqu'à devenir le secrétaire d'État de l'intransigeant Pie XI auquel il succéda en 1939 après l'un des conclaves les plus brefs de l'histoire. Devenu Pie XII, il affronta le cataclysme d'une guerre déchaînée par une Allemagne qu'il aimait mais que défigurait le paganisme nazi ; un conflit au cœur duquel étaient en jeu la survie de l'Église catholique tout autant que la civilisation chrétienne. Mais il fut aussi le pape d'une autre guerre, plus froide celle-ci, quoique meurtrière pour l'Église, celle opposant les États-Unis à l'URSS. À force de se concentrer sur la période 1939-1945, on en oublie que son pontificat vit éclater le conflit Est-Ouest et plusieurs de ses crises violentes (le blocus de Berlin, la victoire de Mao en Chine, les guerres de Corée et d'Indochine) avant de devoir s'adapter à l'ambigu dégel amorcé par Khrouchtchev après la mort de Staline.
Si les pièces récemment exhumées des cartons rompent en visière avec l'accusation de nazisme et d'antisémitisme d'une part, et expliquent les raisons de la stratégie de silence – réelle – du pape d'autre part, elles révèlent ce qui se cachait derrière cette attitude déroutante.La personnalité de Pie XII, très complexe, ne favorise pas, il est vrai, l'apaisement de la disputatio. Il ressort que le maître-mot de l'action d'Eugenio Pacelli fut la prudence. Or, notre époque chérit toujours la figure du sauveur et du grand homme, du type Churchill et de Gaulle. La prudence et la modération, vertus chrétiennes chantées par la Bible, sont en fait retournées contre lui. C'est à ce titre que lui est désormais refusée une place au panthéon des grandes figures de la Seconde Guerre mondiale.

Émission du "Libre journal des débats", animée par Charles de Meyer.

On arrête (parfois) le progrès. Avec François Jarrige à la Librairie Ombres Blanches.


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25.05.2023

Saviez-vous qu'au siècle de la machine à vapeur, on s'inquiétait déjà de la surconsommation d'énergie et des limites à la croissance ? Pensiez-vous que la "fée électricité" avait été rejetée par des réfractaires au confort moderne, soucieux de ne pas dépendre de grands systèmes techniques ? Imaginiez-vous que nos ancêtres fustigeaient les automobilistes "écraseurs" et s'en prenaient à l'accélération des transports ? Que des travailleurs s'opposaient au sacro-saint "développement des forces productives" ? Que des écologistes avant l'heure alertaient sur la destruction de la nature par la civilisation industrielle ?
Contrairement au fameux adage selon lequel "on n'arrête pas le progrès", le recours à l'histoire démontre qu'il n'y a pas de fatalité technologique. L'humanité n'est pas vouée à s'adapter, résignée, à l'implacable règne des machines. La course à la puissance a toujours fait face à de profondes remises en cause.
L'historien François Jarrive nous rappelle la mémoire de ces résistances pour nourrir la réflexion actuelle autour de la nécessaire décroissance. Alors que l'expansion indéfinie nous conduit à l'abîme et que l'artificialisation du monde s'intensifie, des bifurcations restent possibles. Et elles sont vitales.

Les animaux sont-ils des travailleurs comme les autres ? Avec François Jarrige pour Citéphilo à Lille.


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09.11.2023

L'essor de l'industrialisation au XIXe siècle a été associé à la présence des machines et aux innovations technologiques. Mais la révolution industrielle est loin d'avoir supprimé le recours aux animaux. Au contraire : on peut dire que chevaux, mulets ou chiens en ont été des acteurs importants. Au fond, l'énergie animale est le nécessaire pendant de l'essor de la mécanisation.
François Jarrige cherche donc, en historien, à rendre justice à cette autre classe laborieuse, plus invisible encore que le prolétariat. L'occasion d'interroger les nombreuses figures de la relation entre travailleurs humains et non humains, au cœur de la construction du monde moderne.

Une conférence animée par Laurent Keiff.

La face sombre de la Libération et des débuts de la 4e République. Avec Eric Branca sur Radio Courtoisie.


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05.05.2024

Tombée dans un trou de mémoire, la IVe République n'est souvent connue que par sa crise finale qui déboucha sur l'avènement de la Ve. Ses débuts, dans le sillage de la Libération, constituent pourtant l'une des périodes les plus folles de l'histoire contemporaine. Comme le Directoire après la Terreur, elle vit s'édifier d'immenses fortunes sur le crime et la corruption. Des carrières fulgurantes se bâtir sur l'imposture avant de s'effondrer dans la honte. Et même d'anciens collaborateurs parvenir au sommet de la hiérarchie judiciaire... Grâce aux procès de l'épuration !
À tous les étages de la société, le travestissement est alors l'artifice le plus usité pour s'adapter aux temps nouveaux. De l'escroquerie consistant à s'inventer un passé de résistant jusqu'au cas – unique dans l'histoire parlementaire – d'un complice des nazis (Jacques Tacnet) parvenant à se faire élire député sous une fausse identité (Jacques Ducreux), en passant par l'invention de faux complots (le Plan bleu) et la dissimulation d'authentiques séditions (comme celle dite de la Pentecôte), rarement communauté ne se sera autant menti à elle-même ni chaque citoyen à son voisin avec une telle audace... Et pour tout dire, pareille impunité !
C'est cette histoire jamais racontée, reconstituée à partir d'archives oubliées ou non encore consultées (en particulier celles de Jacques Foccart) que retrace Eric Branca. À l'heure où la défiance revient en force dans le débat public et où l'accusation de mensonge est celle que les Français lancent le plus volontiers au visage des "princes qui [les] gouvernent" (Michel Debré), ressusciter cette période s'impose. Au-delà de contextes institutionnels, politiques, sociologiques, foncièrement différents, elle nous dit beaucoup de ce que deviennent les hommes de l'ombre dans les moments de transition. Lesquels sont aussi nécessairement des temps de confusion.

Émission du "Libre Journal des Amitiés françaises", animée par Thierry Delcourt.

La question agraire en Ukraine au XXe siècle. Avec Eric Aunoble pour EHESS Podcasts.


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24.02.2022

L'historien Éric Aunoble évoque la longue histoire de la paysannerie et du monde rural en Ukraine depuis le XIXe siècle, de la fin du servage jusqu'à la fin de la collectivisation.
Il se penche sur les traces que ces événements ont laissées dans les mémoires, ainsi que les usages politiques qui en sont faits, notamment celui de "l'holodomor", dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine débutée le 24 février 2022.

Un entretien mené par Sylvie Steinberg.

La pensée chinoise de Meng Zi à Xi Jinping. Avec Yves Branca pour le Cercle Aristote.


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05.2025

Sinologue et spécialiste de la philosophie chinoise, Yves Branca discute de son parcours, de son amour pour la Chine et de l'importance de la pensée confucéenne dans la Chine moderne. Il explore les contributions de Meng Zi, Confucius, et d'autres penseurs chinois, et leur pertinence dans le contexte actuel.

 - 0'00'00 : Introduction et présentation d'Yves Branca
 - 0'02'10 : Le rêve d'enfant et la fascination pour la Chine
 - 0'06'00 : L'arrivée en Chine et les premières expériences
 - 0'13'30 : La traduction et la présentation des œuvres chinoises
 - 0'19'00 : La philosophie chinoise et son héritage
 - 0'27'00 : La pensée de Confucius et son influence
 - 0'34'00 : L'histoire et la culture chinoise
 - 0'42'00 : La postérité de Meng Zi et son importance
 - 0'52'00 : La Chine moderne et son rapport à la tradition
 - 1'00'00 : La pensée occidentale et son dialogue avec la Chine
 - 1'06'00 : La pertinence de la philosophie chinoise aujourd'hui
 - 1'13'00 : La pensée d'Auguste Comte et son lien avec la Chine
 - 1'20'00 : Conclusion et remerciements

Émission "FACE à PYR", animée par Pierre-Yves Rougeyron.

Révolution : une histoire culturelle. Avec Enzo Traverso à la Librairie Ombres Blanches.


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29.06.2023

Les révolutions ne se prêtent pas aux récits linéaires. Elles sont de véritables séismes qui, en renversant l'ordre établi, renouvellent les horizons d'attente et font advenir des idées, des imaginaires et des canons esthétiques nouveaux.
Pour en mesurer les forces et les puissances de transformation, mais aussi les tensions et les contradictions, Enzo Traverso compose une constellation d' "images dialectiques", où se télescopent les "locomotives de l'histoire" de Marx et le "frein d'urgence" de Walter Benjamin, les corps sexuellement libérés d'Alexandra Kollontaï et les corps disciplinés pour bâtir la "société nouvelle", la création d'images et de symboles (la barricade, le drapeau rouge, les chansons et rituels...) et la furie iconoclaste.
Au croisement de l'histoire intellectuelle, de l'histoire visuelle et de la théorie politique, Enzo Traverso montre que l'idée de révolution offre une clé d'intelligibilité de la modernité, jusqu'à notre présent, où elle continue d'informer souterrainement notre rapport au futur et au possible.