Dans La Traîne des empires (Editions Passés/Composés), l'historien Gabriel Martinez-Gros précise sa théorie générale des empires en étudiant les relations entre l'Empire et la religion : le christianisme, l'islam et le bouddhisme se créent à la fin des empires, pour répondre à leur manière à l'impuissance du pouvoir impérial.
Ces dynamiques historiques permettent-elles d'éclairer notre temps ? Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle religion, dans un "Occident" guetté par les marginalités violentes, islamistes et mafieuses ?
Dans notre histoire, la nation a longtemps constitué un facteur décisif d'émancipation face aux empires et au pouvoir de l'Église universelle, avant d'être désignée comme coupable de toutes les guerres modernes. Cette dialectique simpliste est aujourd'hui battue en brèche, tandis que les nations européennes se trouvent plongées dans l'impasse d'un monde post-politique qui a prétendu faire triompher la paix et les Droits de l'homme grâce au dépassement de la nation. S'exprime désormais le besoin de penser à nouveaux frais la question de la souveraineté et de la cohérence des communautés politiques, spécialement quand les enjeux liés à l'immigration et au multiculturalisme mettent en évidence la nécessité de retrouver une substance commune.
Bernard Bourdin présente la nation comme une ressource d'avenir pour répondre à ces défis et défend la thèse que son renouvellement comme cadre politique émancipateur, dans une approche confédérale et non fédéraliste de l'Union européenne, peut fournir les clés qui permettront aux nations européennes de traverser les bouleversements du monde pour rester dans l'Histoire.
Pourquoi la Grèce ?, demandait Jacqueline de Romilly : parce qu'on y trouve des clés pour mieux vivre le présent.
Accompagnée de nombreux spécialistes du domaine et en marge d'une exposition au musée du Louvre en 1979, il est ici question de la civilisation des îles grecques, civilisation située sur la mer Égée, cette mer divine et mythologique.
Ce territoire qui compte plus de 2000 îles sur la mer, dont 227 habitées environ, du golfe Saronique près d'Athènes aux Cyclades, jusq'au Dodécanèse au sud-est, nous a laissé, dès le 7e millénaire avant notre ère, des traces de communication avec le continent grec.
L'activité maritime, la splendeur de sa culture, le rôle des îles avec Athènes, l'art religieux et la vie locale : autant de sujets qui sont abordés au cours d'échanges passionnants.
Les penseurs Français ont joué un rôle majeur dans la naissance du socialisme et du communisme, notamment ceux que l'on peut intégrer à la frange radicale des Lumières et qui entendait approfondir les avancées rationalistes et universalistes face à une réappropriation bourgeoise et hypocrite des progrès mis en oeuvre dans l'histoire.
Cette aspiration démocratie radicale s'est incarnée dans un certain élan de la Révolution française qui, tout en imaginant des solutions du côté de l'utopie, revendique aussi ses droits dans le réel.
Une étude historique bienvenue de la part de la philosophe Stéphanie Roza, qui nous rappelle la force et les acquis d'un héritage aujourd'hui trop facilement remis en question.
L'orientalisme et l'occidentalisme, c'est-à-dire les savoirs sur la société de l'autre se sont développés en parallèle, permettant de créer des comparaisons qui, dans certains cas, deviennent des actions.
Pris dans la temporalité longue de la grande divergence du XVIIIe siècle où l'Europe se sépare des autres sociétés à la grande convergence actuelle, différentes attitudes contradictoires se succèdent pour aboutir à un conflit des identités à un moment où en réalité le narcissisme de la petite différence dissimule une très probable dissolution de l'exogène.
"Si le nez de Cléopâtre eût été plus court, toute la face du monde aurait changé", disait Pascal...
C'est en compagnie de l'historien Pierre Singaravélou que nous nous intéressons à l'uchronie ou à l'Histoire telle qu'elle aurait pu être. En effet, cette forme d'imaginaire est un aliment essentiel de l'Histoire quand on la pense et quand on l'écrit. Il ne s'agit rien moins que de changer un fait reconnu, qu'il soit majeur ou petit, et de se figurer ce qui serait arrivé dans le cas où il ne serait pas survenu.
Une tentation est souvent de considérer cette activité intellectuelle comme un simple divertissement, comme un amusement sans grande portée. Pourtant, de tout temps, elle a pris une dimension bien plus large pouvant conduire à des réflexions fécondes sur les relations du hasard et de la nécessité, sur la liberté des hommes, à chaque moment, parmi l'efflorescence des possibles qui ont disparu aussitôt, sur l'entrelacs, enfin, entre la suite des événements de surface et les forces profondes qui sont au travail dans la longue durée.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.
Socialisme utopique et socialisme scientifique (1880) est un des textes les plus connus et diffusés de Friedrich Engels. Pourtant, peu connaissent le contexte de l'élaboration du texte et les raisons de son extraordinaire postérité.
L'intervention de Jean-Numa Ducange et de Pierre-Henri Lagedamon vient combler ce vide, faisant suite à la réédition récente du texte aux éditions sociales dans la collection Grande Édition Marx et Engels.
L'occasion de revenir sur les multiples facettes des utopies de l'époque, utopies à propos desquelles Engels exprimait des critiques en vue de dépasser ce qu'il percevait comme une impasse politique.
La pandémie de Covid-19 a conduit les différents gouvernements à suspendre le fonctionnement normal des institutions démocratiques au printemps 2020. Cela a concerné des activités aussi variées que l'organisation d'élections, les séances des parlements, ou le droit de se déplacer ou de s'assembler.
Or cette situation a suscité deux réactions symétriques et également fausses : la dénonciation d'un état d'exception ne reposant sur aucune réalité observable (et ne répondant par conséquent qu'à de sombres desseins du pouvoir), et l'assurance que les institutions démocratiques n'étaient pas affectées par les décisions politiques visant à contenir la pandémie.
Une approche démocratique de l'état d'exception consiste à l'inverse à reconnaître à la fois la nécessité de ce dernier et la menace qu'il fait peser sur la démocratie. Antoine Chollet tente d'examiner quelques-unes des conditions à respecter pour que cette menace ne se révèle fatale.