Historien d'avant-garde, longtemps solitaire, brusquement célèbre, Philippe Ariès (1914-1984) a pressé notre passé de quelques questions aussi nouvelles que fondamentales : quelles étaient les attitudes de nos ancêtres devant la naissance, l'enfance, la famille, la sexualité, la mort ?
Avec lui, la vieille histoire historisante, la chronique des grands, les événements politiques, les guerres entre les peuples ont pris figure d'anecdotes : le tuf de notre passé est ailleurs, en deçà de nos consciences et au-delà de nos manuels.
Personnalité peu commune en qui de nombreuses contradictions coexistaient joyeusement, Philippe Ariès se riait des étiquettes sous lesquelles on voulait consigner les individus et contenir les passions. S'il aimait une chose entre toutes, c'était la liberté de l'esprit, comme en témoignent les différents intervenants qui l'ont bien connu de son vivant.
Émission "Nuits magnétiques", animée par Roger Chartier.
Contre la violence de certains à l'égard des travaux des historiens, Henry Laurens interroge les enjeux de notre rapport au passé, source régulière de polémiques.
Il part d'un rappel des grands traits du savoir historique, essentiel pour aborder de façon critique un certain nombre de discours actuels, notamment autour des questions mémorielles. Suit une brève histoire de l'occidentalisme et de l'orientalisme qui montre comment les deux mouvements se sont développés parallèlement, sans nécessairement s'opposer. En ouvrant, pour finir, une réflexion sur les violences des XXe et XXIe siècles et les temporalités dans lesquelles elles s'inscrivent, substitution du héros à la victime et du présent au futur, il affronte les débats d'aujourd’hui autour du mouvement postcolonial, promoteur d'un passé imposé.
Une réflexion stimulante, qui redonne sa valeur à l'indispensable travail de l'historien.
Une rencontre modérée par Jean-Paul Chagnollaud.
Entre le XIIIe et le XVe siècle, la péninsule italienne est l'un des principaux foyers intellectuel et économique européens. Organisée tout d'abord autour des communes, la vie politique suscite la naissance d'États régionaux. Les deux forces antagonistes, Empire germanique et papauté, qui avaient jusque-là dominé, renoncent à assurer leur prépondérance.
De 1454 à 1494, une "politique d'équilibre" groupe les souverains dans une Ligue italienne qui, dans le climat culturel et artistique prestigieux du Quattrocento, semble préfigurer la formation d'un État national, sur le modèle espagnol ou français. Mais une série d'interventions étrangères vont bloquer cette évolution.
C'est dans ce contexte que certains esprits vont alorsa produire des oeuvres qui joueront un rôle décisif pour l'avenir du continent : Machiavel, Giordano Bruno ou encore Galilée.
Aujourd'hui, nous savons. Nous avons conscience que nous dégradons le climat, l'eau et les sols. Nous voyons bien que notre système économique n'est pas écologiquement soutenable. Mais heureusement, nous savons. Alors qu'hier... hier, nous savions déjà !
Les craintes écologiques que nous croyons nouvelles étaient particulièrement fortes au XIXe siècle, époque de l'industrialisation triomphante et des cheminées fumantes. L'historien Samy Bounoua nous invite à explorer la conscience environnementale des Nordistes d'hier, pour tenter de mieux comprendre celle qui nous anime aujourd'hui.
Une intervention qui prend place dans le festival "Jeunes Chercheurs et Chercheuses dans la Cité" au Palais des Beaux-Arts de Lille.
Janvier 1959, la guérilla castriste prend le pouvoir à Cuba. Depuis cette date, le modèle révolutionnaire cubain est denu le modèle des mouvements révolutionnaires d'Amérique Latine.
Au-delà de ce premier constat, Thomas Péan aborde également l'importance de la réalité locale de chaque pays dans l'émergence et l'évolution des mouvements de guérillas. En effet, les traditions politiques, les crises internes et les caractéristiques nationales/locales tendent à produire un paysage révolutionnaire à la fois uniforme sur certains points mais complexe dans son ensemble. L'émergence des mouvements de guérillas correspond à des crises politiques, économiques, sociales, culturales, idéologiques latentes dans ces pays. Mais, la révolution cubaine cristallise ces tensions et contribue à l'éclatement d'une "ère révolutionnaire".
L'impasse progressive dans laquelle se trouvent ces pays dans les années 1970-1980 contribuent à amorcer un changement au cours des décennies suivantes à travers différents processus.
Henri Guillemin ne se contente pas, quant à la Révolution française de 1789, des versions officielles et convenues.
En 1789, on assiste à une révolution des gens de bien, qui doit permettre à la bourgeoisie d'affaires d'accéder au pouvoir, quitte à le partager avec l'aristocratie dans le respect d'un certain ordre social. La vraie Révolution, populaire, qui se préoccupe réellement des classes pauvres, du Quart Etat, restait à venir. Elle aura vécu de 1792 à 1794 et sera liquidée avec la mort de Robespierre.
C'est donc de ces deux Révolutions françaises que traite ici Henri Guillemin, en bousculant singulièrement, une fois de plus, les idées reçues.
À la fin des années 1950, la France assiste, désemparée, aux prémices de la société libérale moderne. Le mode de vie importé dix ans plus tôt d'Amérique commence à faire des ravages. Les repères traditionnels sont attaqués, l'exode rural bat son plein et "les petits commerçants et artisans" sont dans la ligne de mire des banquiers qui préfèrent favoriser, à terme, le développement des grandes surfaces. De plus, l'Empire colonial commence à se déliter dans le sang.
Face à cette situation, un homme se lève. Il est papetier dans le Lot et, très vite, des foules immenses viendront l'écouter. En 1956, il fera élire plus de 50 députés à l'Assemblée. Cet homme, c'est Pierre Poujade. Bien qu'éphémère, son mouvement est rentré dans l'Histoire.
Émission "La Méridienne", animée par le Lieutnant Sturm.
Prenez un géographe. Placez-le sur une butte dominant un paysage qu'il connaît bien, puisqu'il possède, à quelques kilomètres, une maison de vacances. Faites-lui situer, puis décrire ledit paysage, en analyser les composantes et l'histoire, ce avec toutes les ressources qui sont les siennes. Laissez-vous bercer par la poésie de son vocabulaire : causse, plateau calcaire, pénéplaine, mamelon, escarpement, cuvette, relief karstique...
Voici l’exercice qu'a proposé François Maspero au géographe Yves Lacoste. Le premier connaissait bien le second, puisqu'il était son éditeur. C'est chez Maspero qu'a paru notamment, en 1976, ce livre qui fit grand bruit : La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre, et c'est encore Maspero qui éditait Hérodote, revue lancée la même année et qui devint l'un des carrefours les plus importants de la pensée géographique en France. Son premier numéro s'intitulait justement "A quoi sert le paysage ?" - une question que cette slrue d'émissions éclaire sous un jour à la fois ludique et poétique.
Émission "Les chemins de la connaissance", animée par François Maspero.