Le XXème siècle, mort en 1989, a vu le jour entre 1914 et 1918, fils de l'horreur et de l'imposture. La "Grande Guerre", cette catastrophe européenne, fut déclenchée et conduite par des barbons très convenables au nom des "valeurs éternelles" de la personne humaine, du droit, de la patrie et de la civilisation. Des tueries sans nom, la liquidation de générations entières de jeunes hommes, la naissance à l'Est de la tyrannie communiste, la destruction d'équilibres séculaires irremplaçables, le charcutage inique des nations d'Europe centrale pour complaire aux utopies ou aux ambitions de visionnaires égarés, sans oublier l'enfantement, vingt ans plus tard, d'un nouvel holocauste pire encore : voilà de quoi a accouché l'ère bourgeoise triomphante, héritière satisfaite de 1789.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
Brandi comme un symbole de liberté, un élément majeur pour l'apaisement de la République face à une Église hargneuse et antisémite, pourtant creuset de l'invention de la laïcité, l'histoire de la séparation de l'Église et de l'Etat fait figure de légende nationale réinventée qui, parfois, sert de support assez facile aux arguments politiques.
Mais l'histoire est compliquée et nuancée, périlleuse dans son écriture. C'est surtout le cas de l'histoire de ce début du XXe siècle marquée par la Troisième république, l'affaire Dreyfus, l'affaire des Fiches, les tensions entre l'Église romaine et la République, la guerre scolaire, la colonisation et la Séparation de l'église et de l’état.
Pour mieux comprendre la laïcité, qui souffre de beaucoup de clichés et auxquels on en adjoint d'autres sur la liberté de culte, il est intéressant de revenir sur le parcours d'une personnalité catholique de ce début du XXe siècle et en particulier son attitude et son action face au Ralliement et à la Séparation de l'Eglise et de l'Etat : Albert de Mun.
Une émission animée par Mari-Gwenn Carichon.
Georges Dumézil, à partir d'études de mythologie comparée, avait proposé d'approcher la structure des sociétés indo-européennes par le concept de tripartition des fonctions, soit les fonctions sacerdotale, politique et productrice.
Dans notre société industrielle, qui constitue une nouvelle révolution anthropologique après celle du néolithique, ces fonctions ont été réorganisées autour d'un mode de production fondé sur le travail abstrait (le capitalisme), le management comme type de gestion politique en vue d'une coopération efficace et, enfin, la destruction comme pseudo-fonction spirituelle, assurant la légitimation conceptuelle de l'ensemble.
Baptiste Rappin non propose de revenir sur cette articulation entre management et déconstruction, indispensable rouage de nos sociétés contemporaines.
Elle est à la fois politique mais aussi économique, elle peut être sociale tout en s'intéressant au genre, elle est aussi culturelle donc et peut se pencher sur les mentalités : nous parlons bien évidemment de l'histoire.
De ses origines dans la plus haute antiquité jusqu'à l'incontournable Hérodote qui donna tout son sens au mot Istoria, soit l'enquête en grec, Histôr est celui qui sait, qui tranche un différend, qui prend de la distance avec les passions pour rendre un jugement.
C'est ici dans l'époque moderne que nous nous rendons afin de mieux saisir comment cette discipline s'est construite dans ces siècles décisifs pour l'intelligence que furent la période de la Renaissance à notre époque contemporaine.
Une émission animée par Christophe Dickès.
Maître de Conférences à l'Université de Lorraine, Baptiste Rappin mène une réflexion sur les fondements philosophiques et anthropologiques de la société industrielle et managériale. Récemment, c'est au mouvement de la déconstruction qu'il s'est intéressé, mouvement qui porte une attention particulière au au genre neutre, dans lequel il voit un défi à l'assignation à l'identité opérée par le concept.
Alors qu'aujourd'hui certains militent pour l'adoption de l' "écriture inclusive" ou encore des pronoms personnels "neutres", il est intéressant de se demander si nous n'avons pas affaire à des héritiers de la déconstruction dans ce retour assumé à une forme d'indifférenciation.
Une intervention dans le cadre des "leçons de la Sphère", dispensées par Carlos Pereira.
Il est un débat qui ressurgit périodiquement entre militants de la reconstruction communiste : pour faire face à l'irréversible dégénérescence réformiste des partis de la gauche de gouvernement, faut-il ressusciter la tactique "classe contre classe", que conseillait pour l'essentiel l'Internationale communiste des années 1920, ou faut-il revivifier la tactique de Front populaire, patriotique et antifasciste qu'expérimenta le PCF des années 1930 sous l'égide de Maurice Thorez ? Cette tactique, qui stoppa l'offensive fasciste en France et que trop de gens confondent avec la très confuse "union de la gauche" des années 1970, mérite d'être étudiée avec attention.
Depuis le début de la crise sanitaire, il est devenu difficile de se projeter dans l'avenir : qui peut dire ce qu'il fera dans deux semaines, trois mois ou un an ? Cette suspension du cours habituel du temps et de la vie est aussi le moment propice à une réflexion sur notre rapport à l'avenir.
Le futur tel que le pensaient les Grecs, les premiers chrétiens, les penseurs des Lumières ou nos grands-parents n'a rien à voir avec le futur tel que nous l'envisageons (ou du moins l'envisagions !). Le futur a pu être pensé comme une simple répétition du passé ; comme une fin des temps rédemptrice ; comme un monde meilleur atteignable par le progrès technique ; comme une dystopie cauchemardesque... Il y a donc une histoire de l'avenir, de ses représentations, mais aussi des rapports de force au sein des sociétés pour imposer “sa” vision du futur.
Émission "Le Cours de l'histoire", animée par Xavier Mauduit.
L'histoire des relations entre l'Etat et les religions en France a été marquée de rudes rapports de force et de violents conflits. Dans la longue période où le catholicisme est dominant, la France affirme sa spécificité dans le gallicanisme puis avec le Constitution civile du clergé et par le Concordat de 1801.
Le régime de laïcité résulte de cette histoire. Il se trouve confronté à l'islam sunnite, qui pose le problème de la représentation d'une religion dépourvue de structures.
Agrégé de philosophie, historien de la Révolution française et du libéralisme politique, Lucien Jaume retrace dans son livre L'éternel défi (Taillandier) nos itinéraires politiques et philosophiques pour dégager les nouvelles voies d'un dialogue entre l'Etat laïc et des religions qui ne cessent de se renouveler.