Il faut défendre la société. Avec Michel Foucault au Collège de France.


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1976

Durant ce séminaire prononcé entre la sortie de Surveiller et Punir et celle de La Volonté de savoir, Michel Foucault s'interroge sur la pertinence du modèle de la guerre pour analyser les relations de pouvoir, qu'il définit en deux formes : le pouvoir disciplinaire, qui s'applique sur le corps par le moyen des techniques de surveillance et des institutions punitives, et ce qu'il appellera désormais le "bio-pouvoir", qui s'exerce sur la population, la vie et les vivants.
Analysant les discours sur la guerre des races et les récits de conquête (notamment chez Boulainvilliers), Michel Foucault dresse la généalogie du bio-pouvoir et des racismes d'État. La logique des rapports entre pouvoir et résistance n'est pas celle du droit mais celle de la lutte : elle n'est pas de l'ordre de la loi mais de celui de la stratégie.
La question est dès lors de savoir s'il convient de renverser l'aphorisme de Clausewitz et de poser que la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens.

Le totem de l'Etat de droit. Avec Ghislain Benhessa pour le Cercle Aristote.


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12.12.2022

"Ce qui distingue la civilisation de la barbarie, c'est l'Etat de droit !", tonne le garde des sceaux Eric Dupont-Moretti. Face aux décisions du Tribunal constitutionnel polonais, "Bruxelles ne peut plus tergiverser pour défendre les valeurs de l'Union et l'Etat de droit", affirme le journal Le Monde dans un éditorial solennel. Il ne se passe plus une journée sans que responsables politiques, journalistes ou magistrats n'invoquent l'Etat de droit comme pierre angulaire de toute vie démocratique.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Et pourquoi le soudain surgissement de cette notion, alors qu'on n'a jamais entendu le général de Gaulle ou Georges Pompidou lui accorder la moindre considération ? Le docteur en droit public et avocat Ghislain Benhessa retrace l'histoire du concept d'Etat de droit et montre comment on est passé du "droit de l'Etat" à la primauté du droit sur l'Etat.
Une fois les mécanismes juridiques mis en lumière, nous comprenons pourquoi la France ne pourra pas affronter sérieusement les nombreux périls qui approchent (sécuritaires, industriels, géopolitiques ou culturels) dans une configuration où l'Etat est empêché par le Droit, et où l'émancipation de l'individu a pris place, de fait, au sommet de la hiérarchie des normes.

Figures juridiques de la démocratie économique (suite). Avec Alain Supiot au Collège de France.


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2018

Est-il possible de faire de l'entreprise l'un des cadres de la démocratie économique ? Jusqu'à quel point les entreprises transnationales peuvent-elles exercer un pouvoir normatif susceptible de concurrencer celui des états ?
Alain Supiot analyse les conditions de la démocratisation de l'entreprise en cherchant d'abord à saisir juridiquement la notion d'entreprise, en analysant les difficultés de sa définition, en retraçant sa généalogie institutionnelle et en revisitant les théories dont elle a fait l'objet en droit social, pour ensuite traiter des conditions d'une démocratisation de l'entreprise, en analysant la tension normative dont elle est aujourd'hui l'objet et la dynamique de son autoréglementation.

Naissance de la biopolitique. Avec Michel Foucault au Collège de France.


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1979

Le cours prononcé par Michel Foucault au Collège de France de janvier à avril 1979, Naissance de la biopolitique, s'inscrit dans la continuité de celui de l'année précédente, Sécurité, Territoire, Population. Après avoir montré comment l'économie politique, au XVIIIe siècle, marque la naissance d'une nouvelle raison gouvernementale - gouverner moins, par souci d'efficacité maximum, en fonction de la naturalité des phénomènes auxquels on a affaire -, Michel Foucault entreprend l'analyse des formes de cette gouvernementalité libérale. Il s'agit de décrire la rationalité politique à l'intérieur de laquelle ont été posés les problèmes spécifiques de la vie et de la population : "Étudier le libéralisme comme cadre général de la biopolitique."
Quels sont les traits spécifiques de l'art libéral de gouverner, tel qu'il se dessine au XVIIIe siècle ? Quelle crise de gouvernementalité caractérise le monde actuel et à quelles révisions du gouvernement libéral a-t-elle donné lieu ? C'est à cette tâche de diagnostic que répond l'étude des deux grandes écoles néolibérales du XXe siècle, l'ordolibéralisme allemand et le néolibéralisme de l'École de Chicago - unique incursion de Michel Foucault, tout au long de son enseignement au Collège de France, dans le champ de l'histoire contemporaine.
Cette analyse met en évidence le rôle paradoxal que joue la "société" par rapport au gouvernement : principe au nom duquel celui-ci tend à s'autolimiter, mais cible également d'une intervention gouvernementale permanente, pour produire, multiplier et garantir les libertés nécessaires au libéralisme économique. La société civile, loin de s'opposer à l'État, est donc le corrélatif de la technologie libérale de gouvernement.

Lumières, Droit pénal et Codes napoléoniens. Avec Xavier Martin sur Radio Courtoisie.


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28.04.2018

Vulgate académique, quant à l'évolution du droit pénal français : la législation révolutionnaire (1791) se serait prévalue de l'humanisme de Voltaire et de celui du grand Italien Beccaria, l'illustre visionnaire de la refondation de ce secteur du droit, à l'inverse, les codes "criminels" napoléoniens (1808, 1810), avec leur regain de sévérité, auraient pris leurs distances avec cet humanisme.
Or cette approche "classique" est sujette à caution. Une prise en compte de la vision du temps sur l'homme relativise sensiblement un tel contraste : de Voltaire lui-même à Napoléon, sans en excepter la Révolution, elle a propension à mettre en valeur une continuité utilitariste. Et l'on se doit d'y constater que l'idéal d'humanité, omniprésent dans les paroles, a dès l'origine et continûment, difficulté à se faire autre qu'illusoire en profondeur, dans les esprits et dans les faits.
L'inconvénient d'une telle recherche, c'est que l'image convenue de l'esprit des Lumières, de la Révolution, de la phase impériale, s'en trouve au bout du compte, quant à l'orientation de son axe majeur, quelque peu écornée...

Émission du "Libre Journal de Lumière de l'espérance", animée par Philippe Pichot-Bravard.

Figures juridiques de la démocratie économique. Avec Alain Supiot au Collège de France.


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2017

Quels sont les liens étroits et anciens entre la face politique et la face économique de la démocratie ? Comment la démocratie pose-t-elle la règle de la répartition des richesses ? Comment le droit social peut-il être ancré dans une représentation partagée de la justice ? Quels sont les dispositifs qui ont pu exprimer l'idée de démocratie économique à l'âge industriel ? Et comment cette démocratie économique a-t-elle finalement reflué sous l'effet du tournant néolibéral ?
Après avoir montré les effets du recul du gouvernement par les lois et la résurgence de nouvelles figures de l'allégeance au sein de l'ordre juridique, le juriste Alain Supiot entend mener une réflexion sur le concept, l'histoire et la pratique de la démocratie économique entendue comme l'ancrage du droit social dans une représentation partagée de la justice.
Car le problème principal qui se pose aujourd'hui est de ré-encastrer (Karl Polanyi) les marchés dans la société et de cesser de réduire la vie humaine à la vie économique, et la vie économique à l'économie de marché...

Les figures de l'allégeance. Avec Alain Supiot au Collège de France.


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2014

Le gouvernement par les lois est-il en train de se retirer ? Comment se manifestent le renversement de la hiérarchie du public et du privé, l'effacement du système basé sur des lois reçues de l'extérieur et le retour de nouvelles formes d'allégeance ? Pourquoi chacun peut-il choisir la loi qui lui convient ? Et comment peut-on devenir son propre législateur ?
Il y a de nombreuses raisons de penser que la période qui s'est ouverte avec la montée en puissance des États souverains et du gouvernement par les lois, dans l'Europe des XIIe-XIIIe siècles, arrive à échéance. Sapé par la gouvernance par les nombres, le "rule of law" est en crise et le gouvernement par les hommes refait surface sous des formes inédites que le grand juriste Alain Supiot s'efforce d'identifier tout au long de cette série de cours.
C'est donc de l'apparition des nouvelles figures de l'allégeance dont il est ici question, où chacun doit pouvoir compter sur la protection de ceux dont il dépend et sur le dévouement de ceux qui dépendent de lui.
Bienvenue dans un monde purgé de l'hétéronomie de la loi.

Etats-Unis vs Europe : la guerre des droits aura bien lieu. Avec Hervé Juvin, Renaud Beauchard et Eric Maulin pour la Revue Eléments à Paris.


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21.10.2017

Voici les trois principales interventions du colloque organisé par la revue Eléments et consacré à "la guerre des droits".
On peut y entendre les exposés de l'essayiste Hervé Juvin sur l'extraterritorialité du droit américain, Renaud Beauchard, avocat, sur les controverses autour du règlement des différends entre Etats et investisseurs et enfin Eric Maulin, professeur de droit public à Strasbourg, sur l'opposition entre droit continental et Common Law anglo-saxonne.
Un sujet qui tend à devenir l'un des enjeux majeurs du contrôle de la mondialisation économique et politique de notre monde.