Ce cours constitue une introduction à l'histoire de la pensée juridique et politique moderne en Occident.
Centré sur l'émergence du concept d'Etat, qui prend forme au 17e siècle, le cours aborde les différents courants de la pensée politique moderne, en insistant tout particulièrement sur les apports de la Réforme et d'auteurs comme Bodin, Hobbes, Locke, Montesquieu, Rousseau et les pères fondateurs américains.
Un parcours obligé pour comprendre les catégories politiques dont nous avons héritées et que nous continuons d'utiliser aujourd'hui.
Cet entretien du Cercle Kritik avec l'historien de la philosophie Denis Kambouchner est organisé suite à la publication récente d'un livre sur les préjugés et les clichés très répandus sur le philosophe française René Descartes, père du rationalisme.
L'occasion nous est ainsi donnée de replonger dans cette pensée incontournable et fondamentale pour comprendre la philosophie moderne.
Reprenant les problématiques originelles de l’Ecole de Francfort, Katia Genel suit le cheminement des travaux de Max Horkheimer, ses débats avec Adorno, Fromm, Marcuse, mais aussi Walter Benjamin.
La problématique de l’autorité est centrale. Tout d’abord elle fait l’objet de recherches pluridisciplinaires : il s’agissait d’éclairer, dans le cadre de la famille, de la vie professionnelle et politique, la soumission à l’autorité du chef, du père, du maître. Par-là on cherchait à comprendre le processus de servitude volontaire par lequel les masses ouvrières, brisées par l’échec de la révolution spartakiste, se sont ralliées à Hitler.
Mais la question de l’autorité n’est pas seulement une réalité psychologique et sociale, c’est aussi une réalité épistémologique. Très tôt Horkheimer dénonce le "faitalisme", la soumission à l’autorité du "c’est un fait", du "c’est comme ça" par lequel on interdit d’avance toute légitimité à une théorie critique.
L’autorité, définie comme l’ "approbation de fait d’un rapport de dépendance donné", est ce phénomène complexe qui regroupe aussi bien des attitudes dogmatiques, des positions idéalistes, que les phénomènes les plus triviaux et les plus routiniers de l’asservissement quotidien.
On découvrira en "excursus" un rapprochement entre les analyses de Hannah Arendt sur la crise de l’autorité et les travaux de l’Ecole de Francfort.
Comment lever les obstacles que toutes les formes d’autorité, qui ne sont pas nécessairement réductibles les unes aux autres, posent sur la voie de l’émancipation ? Quand l’autoritarisme s’épanouit dans l’espace public, quand les théories critiques ne font plus autorité, et quelles sont nos chances d’émancipation ?
En quoi consiste le miracle grec ? Quelles sont les innovations ayant marqué ce que nous appelons la pensée grecque et pourquoi se sont-elles produites dans ce monde grec ?
Le mérite du travail de Jean-Pierre Vernant, discuté ici en compagnie de François Châtelet et Pierre Vidal-Naquet, est de réaliser une synthèse personnelle et accessible sur un sujet controversé où s'affrontent de nombreux hellénistes. Il retrace les grandes lignes d'une évolution qui, de la royauté mycénienne à la cité démocratique, a marqué le déclin du mythe et l'avènement de savoirs rationnels.
La société contemporaine apparaît dominée par ce que Marx a appelé le "fétichisme de la marchandise". Mais on y observe aussi une montée du narcissisme au sens de Freud : les individus ne connaissent qu’eux-mêmes et nient la réalité extérieure. Y a-t-il un lien entre ces deux phénomènes ?
En quoi l’inconscient explique-t-il l’omniprésence de formes fétichistes de socialisation tout au long de l’histoire ? Peut-on imaginer un dépassement du "malaise dans la civilisation" en rompant avec le travail, la famille patriarcale et les structures autoritaires, comme le proposait Herbert Marcuse, ou risquet-on de cette manière de remplacer les formes œdipiennes-autoritaires par des formes narcissiques et "liquides" qui ne nous rapprochent pas davantage de l’émancipation ? Vaut-il alors mieux se référer à Christopher Lasch et juger les différentes cultures sur leur capacité d’apporter des solutions "évolutives" – plutôt que "régressives" – à l’angoisse originaire de la séparation et à d’autres données inconscientes ? En quoi cette approche permet-elle de critiquer efficacement de nombreux traits de la société contemporaine "liquide" ? Le sujet narcissique contemporain constitue-t-il une rupture avec le sujet "classique", "fort", "œdipien", ou en est-il plutôt la continuation ? Et quel est le lien entre néo-libéralisme économique et diffusion de comportements narcissiques, en tant qu’exaspération de la mentalité de concurrence ? Faut-il revenir au sujet "autonome", "kantien", et à l’État régulateur ? Est-ce souhaitable ?
Dans ce séminaire, qui fait suite aux cours déjà proférés à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, Anselm Jappe approfondira le lien entre la théorie freudienne et la critique du fétichisme de la marchandise. L’arrière-plan théorique est constitué par la "critique de la valeur", un courant international de critique sociale basé sur une relecture original de l’œuvre de Marx. Elle fut élaborée notamment par Robert Kurz en Allemagne et Moishe Postone aux États-Unis.
Pourquoi certains penseurs, et non des moindres (de Hölderlin à Stirner en passant par Hegel, Feuerbach et Marx), ont-ils ressenti le besoin de théoriser ce sentiment de dépossession propre à notre époque moderne ?
C'est le but de l'étude passionante du concept d'aliénation à laquelle nous sommes conviés en compagnie de Bruce Bégout.
Jacques Bouveresse sintéresse ici au rapport conflictuel de Nietzsche avec Michel Foucault (qui fut son prédécesseur au Collège de France après avoir été son condisciple sur les bancs de Jules Vuillemin).
L'occasion de se demander dans quelle mesure on pourrait relativiser le jugement "sévère mais juste" de Jean-Marc Mandosio quand il affirme, avec quelques solides arguments que : "Foucault applique la recette traditionnelle de l’essayisme dans le goût français : revisiter de façon "brillante" des lieux communs en faisant primer la rhétorique sur l’exactitude." Une problématique qui pourrait passer pour corporatiste et qui ne serait qu'anecdotique si ce "goût gentrifié" de nos générations successives de clercs hexagonaux n'avait produit le désert intellectuel, social et politique que doivent affronter aujourd'hui les "générations post-mitterand"...
Sur la vérité, l’objectivité, la connaissance et la science, il est trop facilement admis aujourd’hui – le plus souvent sans discussion – que Foucault aurait changé la pensée et nos catégories. Mais il y a dans ses cours trop de confusions conceptuelles entre vérité, connaissance et pouvoir, trop de questions élémentaires laissées en blanc et, tout simplement, trop de non-sens pour qu’on doive se rallier à pareille opinion.
Quant au nietzschéisme professé par Foucault, il repose sur une lecture trop étroite, qui ne résiste pas à une confrontation attentive avec les textes, notamment ceux du Nietzsche de la maturité.
Une conférence introduite par Jean-Jacques Rosat.
Paul Ricœur a fait beaucoup pour introduire la philosophie analytique en France pendant les années 1970 et 1980, et il a entrepris un dialogue avec les auteurs de cette tradition, comme Austin, Strawson, Davidson ou Parfit.
Mais ce dialogue est cependant resté unilatéral, car il n’y a pas eu de discussion des thèses de Ricœur au sein de la tradition analytique. De plus Ricœur a souvent mécompris les vues analytiques qu’il discutait.
En ce sens il n’y a pas eu de rencontre entre Ricœur et les philosophes analytiques, ce qui ne veut pas dire que les discussions par Ricœur des philosophes anaytiques n’aient pas été fructueuses pour son œuvre propre.