Présent à Bordeaux, siège provisoire du gouvernement français, lors de la débâcle de mai 1940 face à l'armée allemande, Henri Guillemin est témoin de plusieurs scènes qui le confortent dans sa thèse : une partie des élites françaises et du haut-commandement militaire souhaite la défaite et préfère la domination nazie plutôt que le spectre du Front populaire.
L'intervenant s'emploie à démonter le processus par lequel une information française particulièrement israléo-centrée réussit à parer la répression du Hamas des vertus d'une lutte pour l'émancipation de la société ou de la femme palestiniennes ou d'une quelconque défense des "valeurs de la modernité".
Les pratiques de la domination israélienne, masquées sous une communication "de paix" qui est aux antipodes de la réalité des avancées constantes de l'occupation militaire, prennent appui pour légitimer leur intransigeance sur la criminalisation indistincte de toute la génération politique "islamiste". Le choix massif des Palestiniens lors des législatives de 2006 a pourtant montré que, en politique, cette sémantique "islamique" a une portée identitaire bien plus large que celle d'une affirmation strictement religieuse. Tout en prétendant défendre la femme palestinienne contre le machisme de ses pères, fils et époux, la machine de guerre israélienne n'en dépoloit pas moins contre la société toute entière une violence économique, politique et militaire sans limite.
Si ce tour de passe passe mortifère s'opère avec tant de facilité, c'est que les médias surfent sur l'incapacité de la classe intellectuelle et politique française de produire ou d'accepter une vision rationnelle de la la génération islamiste. Ce décrochage intellectuel n’est pas l'apanage des medias, il est inhérent à toute la société occidentale, recroquevillée sur son identité et donc dans l'incapacité d'admettre les aspects universels d'une culture autre que la sienne.
À l'heure où, partout dans le monde, les peuples se tournent vers la république démocratique, mais à l'heure aussi où l'Europe hésite à bâtir une république commune, que sait-on véritablement de l'histoire de la république européenne ? Est-elle issue, comme l'affirment nombre d'historiens anglais, des cités antiques et médiévales ? Est-elle née, comme le voudrait un préjugé francocentrique tenace, de la Révolution française de 1789 ?
En contournant ces deux généalogies, trop longue ou trop courte, la philosophe Blandine Kriegel retrace une histoire originale et inédite de la république moderne. Celle-ci naît en effet de la rencontre inattendue des traditions des républiques de cité et de celle du droit politique moderne de l'État qui permet à l'insurrection des Pays-Bas néerlandais de vaincre le despotisme impérial de Philippe II. Mieux, tous les États-nations européens, au premier rang desquels la France et l'Angleterre, contribuent à sa victoire. Mieux encore, le droit politique neuf de cette première république d'État qui s'affiche dans les discours de Guillaume d'Orange, véritable "Prince moderne", comme dans les Déclarations d'indépendance des Provinces-Unies, est rédigé par des Français, protestants et "politiques". L'épilogue de cette histoire culmine avec le «Grand Dessein» d'Henri IV et de Sully de construire une république européenne... devant laquelle nous trébucherons encore.
La république moderne, une idée européenne ? Ou quand le retour sur le passé peut permettre de frayer la voie à l'avenir.
Emission "Questions d'éthique" présentée par Monique Canto-Sperber.
A quoi sert de compter les morts pendant un conflit, dans la mesure où l’exactitude est un horizon impossible, au moins dans l’immédiat ?
Ne faut-il pas laisser ce travail aux historiens ? Mais les historiens eux-mêmes peuvent être soumis à des enjeux qui dépassent la seule rigueur scientifique.
C'est l'enjeu du débat entre les trois personnalités présentes, avec les polémiques sur le conflit en Syrie et la validité des informations transmises par l’Observatoire syrien des droits de l’homme en toile de fond.
Emission "Du Grain à moudre".