Spécialiste des questions stratégiques et des affaires militaires, Pierre Conesa a pratiqué les relations internationales pendant une vingtaine d'années au ministère de la Défense. Par ailleurs maître de conférences à Sciences Po et à l'ENA, il puise dans son expérience la légitimité pour analyser les nouvelles formes de conflictualité et de propagande du XXIe siècle.
Car les populations civiles paient aujourd'hui un tribut plus lourd que les militaires (terrorisme, embargos) et sont également la cible d'opérations de communication visant à retourner l'opinion public : il est temps de penser ces nouvelles formes de guerre et de faire évoluer nos concepts opérationnels.
En 2007, la parution d'Achever Clausewitz de René Girard, en collaboration avec Benoît Chantre, constitua un événement dans la communauté des études stratégiques. Ce livre ouvrit aussi une nouvelle voie dans la recherche de René Girard, entreprise en 1961 : après le désir mimétique, le mécanisme victimaire dans les sociétés archaïques et l'approche renouvelée de "l'Ecriture judéo-chrétienne", c'était le devenir des violences contemporaines qui faisait dorénavant l'objet de cette pensée.
En contraste avec le Penser la guerre de Raymond Aron, paru en 1976, Girard constate le délitement de l'institution guerrière, et s'inscrit plus largement dans une réflexion sur les transformations de la conflictualité.
Dix ans après la parution d'Achever Clausewitz, quelle est la pertinence de l'approche girardienne, dans le contexte du retour de la menace nucléaire et des métamorphoses du terrorisme ?
Un colloque organisé par l'Association Recherches Mimétiques et l'IRSEM.
La première question à laquelle il est nécessaire de répondre est à qui se posent ces problèmes éthiques. Aujourd'hui les problèmes éthiques posés par les nouveaux conflits dans le domaine militaire concernent le militaire, le politique, le scientifique, le philosophe, citoyen ?
Il n'y a pas spécialement de nouveauté en éthique militaire mais plutôt une exacerbation de certains phénomènes qui existaient déjà. Il s'agit notamment de l'intrusion des moyens de communication de masse qui révolutionne l'articulation du militaire et du politique. La guerre devient un moyen de communication.
Les principes de la "guerre juste" sont également touchés : comment satisfaire l'obligation morale de lutter efficacement contre l'adversaire si le combattant terroriste se déguise en non-combattant ?
Une conférence de l'Observatoire de la modernité.
La Russie n'est pas qu'une grande puissance militaire, une vieille nation, tendant, depuis l'arrivée de Vladimir Poutine à sa tête, à réquilibrer les rapports de forces géopolitiques et économiques. Elle est aussi un pont naturel, à différents degrés, entre l'Europe et l'Asie, l'Occident et l'Orient.
Ce pont, certains veulent le détruire. On pense évidemment aux Etats-Unis, mais Youssef Hindi nous montre comment Israël mène une politique dont les buts sont clairement contraires aux intérêts russes.
Enfin, et pour faire le lien avec les contextes politiques français et européen, on pourra s'interroger sur le positionnement des partis populistes qui tentent un numéro d'équilibriste en prétendant rétablir un partenariat avec la Russie tout en soutenant Israël.
L'analyste politique et prospectiviste Michel Drac nous propose de nous intéresser au Moyen-Orient et de nous poser la question suivante : Bachar est-il finalement le vainqueur de la guerre qui fait rage en Syrie depuis de longues années ?
- 00'15 : la situation en Syrie
- 14'45 : les acteurs régionaux
- 23'15 : les acteurs globaux
La France, comme toute nation, a besoin du patriotisme pour assurer son existence. Le patriotisme n'est pas une idéologie, mais un sentiment, un mode d'existence dans le fleuve de l'histoire. On doit tout, ou presque, à la patrie : la langue maternelle, outil d'expression et de pensée, le territoire où on est censé être en sécurité, donc libre. Le patriotisme peut sauver la nation, notamment face à une invasion étrangère.
Il rassemble la nation alors que l'idéologie la divise. Une démocratie capable de résister aux assauts de l'histoire ne sépare pas le patriotisme de la liberté. "Liberté et patrie" est la devise d'un important canton suisse. Lorsque l'URSS a disparu, la nouvelle Russie a refusé d'avoir une idéologie officielle, mais elle s'est bâtie sur le renouveau patriotique. C'est d'une telle renaissance que la France a besoin.
Qu'est-ce que le fascisme ? Fut-il un mouvement réactionnaire, conservateur ou révolutionnaire ? Se situait-il à gauche ou à droite ? Et bien entendu : quelle place occupa Mussolini dans les débats idéologiques et dans le fonctionnement du régime ?
Frédéric le Moal donne non seulement des réponses à ces questions cruciales, mais porte sur le fascisme un regard nouveau et inhabituel chez les historiens français. Réaffirmant avec force le caractère totalitaire du régime, il replace l'idéologie qui le fonde dans sa nature révolutionnaire tout en la rattachant à la Révolution française et au socialisme. Si les fascistes cherchèrent à détruire par la violence la modernité libérale de leur temps, ce ne fut pas au nom d'un âge d'or révolu et dans une démarche passéiste, mais avec la volonté farouche de construire une société et un homme nouveaux. Cette ambition imprégnait aussi bien les pensées et les actes du Duce que ceux de ses disciples, y compris dans la radicalisation sanglante de la république de Salò. Pour toutes ces raisons, l'histoire du fascisme, ici racontée de la prise de pouvoir de Mussolini jusqu'à sa mort, est celle d'une révolution avortée.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
S'il ne fait plus aucun doute que le régime de Vichy était demandeur d'une collaboration avec l'occupant, l'implication personnelle de Hitler dans cette relation a été largement occultée par tes historiens. Or, comme le prouvent ses Propos, il était obsédé par cette France vaincue rapidement. Une conquête encombrante mais dont il avait un besoin vital pour nourrir l'effort de guerre allemand : il s'agissait de la contrôler avec peu de personnel, de la mettre au travail et de la piller, en tendant la corde à l'extrême sans la casser.
Biographe de Hitler, François Delpla se concentre ici sur la relation particulière entre les deux hommes, détaillant le rôle paradoxal du Führer dans le maintien de Pétain, contre vents et marées, le maréchal s'étant mué en professeur de résignation. La correspondance de Hitler avec le maréchal, les comptes rendus de ses rencontres avec lui, Laval et Darlan, les directives données à Abetz et à d'autres intermédiaires sont passés au crible à partir de sources en grande partie nouvelles. François Delpla les inscrit dans une perspective de longue durée en considérant la place de la France dans le projet nazi et les moyens mis en oeuvre dès 1933 pour la soumettre définitivement.
Quant à Pétain, plus soucieux d'honneur et d'intérêt national qu'on ne le dit parfois, il se débat avec impuissance dans les pièges et les ruses d'un homme à tous égards plus fort que lui.
Une vision renouvelée non seulement de la France des "années noires", mais de Hitler et du IIIe Reich.