La "démocratie représentative", c’est-à-dire l’État capitaliste parlementaire bourgeois, n’a plus de légitimité chez une part grandissante des gens, d’où un engouement toujours plus fort des déçus pour un mot d’ordre, celui de "démocratie directe".
Si la "démocratie directe" peut être effectivement une étape vers une critique émancipatrice des hiérarchies et de l’État, et témoigne assez souvent d’une authentique volonté d’égalité réelle, on peut cependant se demander si elle est réellement anti-étatiste, libertaire et anti-capitaliste.
Est-elle vraiment l’unique moyen d’organisation d’une lutte ? Est-elle seulement un bon moyen de lutte ? Est-elle un horizon souhaitable ?
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
Claude Lefort se propose d’éclairer la nature de la démocratie moderne à travers la distinction entre la politique (essentiellement tournée vers la considération du régime) et le politique, qui veut en penser les conditions sociales.
La science politique méconnaît la nature profonde de la démocratie parce qu’elle laisse dans l’ombre la société dans laquelle elle s’est formée.
La démocratie n’est pas localisable dans la société : elle est une forme de société. Dans l’Ancien Régime, le pouvoir monarchique était incorporé dans la personne du prince. La démocratie introduit dans cette perspective un bouleversement : le pouvoir n’est plus incorporé, c’est un lieu vide.
Le conflit est alors institutionnalisé, le pouvoir dans une démocratie ne peut exister qu’en quête de sa légitimité. La démocratie n’est pas réductible à un certain nombre d’institutions.
La conférence est suivie d'une session de questions posées par Pierre Rosanvallon auxquelles Claude Lefort répond.
Une longue discussion en roue libre -parfois un peu trop !- sur les thématiques favorites d'Etienne Chouard (la monnaie, le processus constituant, la dénonciation du régime représentatif, etc.) et sur des sujets d'actualité (les révoltes au Vénézuéla, le travail de la France Insoumise au parlement, etc.).
Cette rencontre entre Etienne Chouard (professeur d’économie et de droit), Yves Sintomer (sociologue) et Jacques Testart (biologiste) nous offre une réflexion sur les usages possibles du tirage au sort face au mécanisme du vote au sein de la démocratie représentative, étant entendu que ce système est parfaitement calibré pour empêcher au peuple d'exercer le moindre pouvoir face à ses représentants...
- 00:25 Le tirage au sort ça change quoi dans une démocratie ?
- 06:22 Le citoyen peut-il faire de la politique ?
- 09:05 Comment on tire au sort aujourd'hui ?
- 13:13 Qui tire au sort ?
- 17:49 Une révolution du peuple est-elle possible ?
- 21:08 Que pensez-vous du printemps arabe ?
- 26:24 En France sommes nous en démocratie?
- 31:24 Qu'est ce qui bloque la modernisation de la politique ?
Une projet réalisé par Moise Courilleau et Morgan Zahnd.
"La Grèce antique est la plus belle invention des temps modernes", écrivait Paul Valéry. Au cœur de cette invention réside une forme singulière d'organisation de la vie collective qui incarnerait la singularité de l'expérience grecque : la cité.
Yves Sintomer s'interroge sur l'utilisation qui a été faite de la cité (polis) comme objet théorique et figure imaginaire dans la pensée politique contemporaine.
Il est évidemment tout d’abord affaire de pratiques politiques : parce qu'elle reposerait sur la mise en commun des paroles dans un espace où des égaux discutent et décident librement ensemble, la polis antique offrirait, à en croire une partie de la philosophie politique contemporaine, des ressources précieuses pour penser notre présent politique.
Mais cette expérience politique est indissociable d’une manière spécifique de faire commun, faite de gestes, manières de percevoir, attitudes et comportements. En ce sens, la polis est aussi l'emblème d'une "forme de vie", dans laquelle se réaliserait une politique authentique.
Les implicites théoriques d'une telle conception de la cité, à l’œuvre aussi bien chez Castoriadis que dans les travaux récents des historiens de la cité classique, sont au cœur de cette intervention.
Une émission pour évoquer la personnalité du philosophe Carl Schmitt et étudier les aspects les plus essentiels de son oeuvre toujours très lue.
En effet, il se publie un ouvrage sur Carl Schmitt tous les dix jours à travers le monde !
Ce nouveau numéro des "Idées à l’endroit" nous permet d’explorer la pensée de ce brillant juriste, implacable philosophe du droit, théoricien rigoureux qui a forgé des outils de réflexion empruntés aussi bien à droite qu'à gauche.
Tout le monde -ou presque- constate que notre régime politique est à bout de souffle. Alors que le pouvoir est théoriquement censé être chose commune (République) et exercé par le peuple (Démocratie), il est pratiquement accaparé par une élite autoproclamée qui veille jalousement à ses privilèges au lieu d'oeuvrer au bien commun.
Mais d'où vient le problème ? Est-ce la nature même de la démocratie qui porte en elle les dérives dont nous sommes les témoins quotidiens ? Ou bien la démocratie serait-elle le paravent derrière lequel une logique libérale et individualiste se déploierait pour détruire l'idée même de communauté ?
Enfin, quel finalité pourrait être à même de souder à nouveau notre corps politique ? Le christianisme, qui a longtemps joué ce rôle dans l'histoire de France, est-il encore mobilisable aujourd'hui ?
Cette conférence vise d'abord à rappeler la typologie des différents systèmes politiques qui ont structuré le monde occidental, d'en rappeler le sens par leur étymologie et d'en donner quelques exemples historiques.
Dans un second temps, une brève histoire des médias tentera de comprendre comment l'évolution des moyens de communication appelle des changements organisationnels au sein des sociétés.
Enfin, l'on pourra se demander si la diffusion massive d'Internet pourrait nous permettre de nous ré-approprier une forme politique démocratique par la possibilité offerte d'une parole partagée par tous.