Management et gouvernance : l'utopie de la coopération. Avec Baptiste Rappin pour Le club du Mercredi à Nancy.


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18.04.2018

Le management est d'abord et avant tout un projet anthropologique et politique : "Harmony, not discord. Cooperation, not individualism", comme le formulait Frederick Winslow Taylor, le fondateur de la discipline.
Ni lutte des classes, ni homo economicus, le management se présente comme un projet coopératif, aujourd'hui appelé "gouvernance", fondé sur une science censée rendre les organisations transparentes aux uns et aux autres et ainsi démontrer scientifiquement la convergence des intérêts.
Mais ce projet est-il autre chose qu'une utopie ? Le travailleur sera-t-il si facilement désolidarisé de son appartenance de classe ? Et quels sont les enjeux de la généralisation de telles pratiques sur nos conditions d'existence dans nos sphères personnelle et professionnelle ?

La Gouvernance par les nombres. Avec Alain Supiot pour la Fondation Hugot du Collège de France.


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2017

Cet entretien, qui rend compte d'une série de deux cours prononcés au Collège de France par Alain Supiot ("Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres" et 2012 et "Les figures de l'allégeance" en 2013), nous permet d’accéder avec fluidité au déroulement d’une pensée complexe qui nous ouvre les portes de l’histoire du Droit et du mode de gouvernement des hommes. Nous découvrons comment le droit a toujours participé, avec l’art et la science, de l’imaginaire des hommes, véritable lien entre le réel et l’idéal, qui porte les civilisations.
Mais l’imaginaire industriel a fait son temps, et nous entrons aujourd’hui pleinement dans l’ère de l’imaginaire cybernétique, qui répond au vieux rêve occidental d’une harmonie fondée sur le calcul. Un discours qui vise la réalisation efficace d’objectifs mesurables plutôt que l’obéissance à des lois justes, ne laissant aux hommes, ou aux États, d’autre issue que de faire allégeance à plus fort qu’eux, au mépris du droit social.
Véritable manifeste contre le Marché total et les usages normatifs de la quantification économique, la parole d'Alain Supiot nous permet de pénétrer dans les arcanes du droit, les dysfonctionnements qui frappent l’Europe, et de mieux comprendre les soubresauts institutionnels qui bouleversent notre époque.

Réflexions sur le dépérissement de l'Etat. Avec Alain Supiot à l'université Aristote de Thessalonique.


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03.05.2017

L'histoire juridique de l'édification de l'Etat moderne donne une idée de sa grandeur. Mais ce souverain débonnaire, tolérant la contestation et répondant du bien-être de ses sujets, semble aujourd'hui frappé de misère, comme l'illustre tristement le cas de la Grèce. Exposé par l'ouverture de ses frontières commerciales à des risques financiers systémiques, il voit ses ressources s'effriter et ses charges augmenter.
D'inquiétants docteurs se pressent à son chevet. Certains lui prescrivent saignée sur saignée, tandis que d'autres dressent déjà son acte de décès.
Plutôt que de cette médecine létale, c'est d'un diagnostic précis dont nous avons besoin afin de comprendre les causes profondes du dépérissement de l'Etat.

Ce discours est prononcée par Alain Supiot, Professeur au Collège de France, à l'occasion du titre de docteur honoris causa de l'université Aristote de Thessalonique qui lui est décerné.

Au régal du management : portrait intellectuel d'un jeune philosophe. Avec Baptiste Rappin, Juan Asensio et Rémi Soulié sur Radio Courtoisie.


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28.06.2017

Quel pan de notre vie, aujourd'hui, ne se trouve pas aux prises avec le management ? Qui pourrait bien se targuer d'échapper à cette lame de fond qui bouleverse en profondeur les structures mentales de nos sociétés avancées ?
Force est pourtant de constater le flou conceptuel qui entoure le management : son arrivée dans le langage courant a en effet pour corollaire d'en masquer le sens, y compris aux premiers intéressés, les managers et les managés. De ce point de vue, il s'avère expédient de reprendre la réflexion à la racine : le management est un projet technoscientifique, dont les soubassements sont théologiques mais la portée anthropologique et politique.
Que se passe-t-il alors quand le management pénètre des sphères qui lui étaient initialement étrangères ? Qu'arrive-t-il aux institutions quand l'optimisation du fonctionnement devient leur raison d'être ? Quels rapports le management entretient-il au Vrai (et à l'Université), au Bien (et à l'État) et au Beau (et à l'Art) ?
Tels sont les enjeux du travail de Baptiste Rappin qui, par le détour de la philosophie, n'hésite pas à hisser la réflexion sur le management à son véritable niveau : celui de la civilisation et de l'identité européennes en butte au nihilisme de la Technique.

Emission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.

Des algorithmes à l'art de gouverner les hommes. Débat entre Philippe Vion-Dury et Tristan Nitot pour Le Mouton Numérique à l'Institut Européen de Journalisme de Paris.


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21.03.2017

À la recherche du "bonheur statistique des masses". La formule est une réponse du Dominique Dubarle à Norbert Wiener, mathématicien et père de la cybernétique, cette science des "mécanismes autogouvernés et du contrôle". Des algorithmes à l'art de gouverner les hommes, il n’y a en effet qu’un pas, pas que n’hésitent pas à franchir les géants de la Silicon Valley, de leurs aveux-mêmes.
Si les nouvelles technologies sont réellement portées par ces projets de contrôle des masses, quelle marge de manoeuvre nous reste-t-il ? Quelle responsabilité avons-nous encore face aux méandres algorithmiques ?
L’enjeu est de taille, et c'est précisément pour cette raison que Tristan Nitot, cofondateur de Mozilla Europe, et Philippe Vion-Dury, journaliste, sont invités à en débattre.

Naissance de la biopolitique : contextes, lectures, réceptions, disputes. Avec Christian Laval au Centre Culturel International de Cerisy.


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16.06.2015

Le cours de Michel Foucault de l’année 78-79 (qui se déroule en fait de janvier à avril 79) est l’un des plus lus, et aussi l’un des plus controversés. Il sert d’appui à tous ceux qui, pour des raisons variées, entendent faire de Michel Foucault, sinon un théoricien néolibéral avoué, du moins un sympathisant plus ou moins honteux du néolibéralisme.
Christian Laval voudrait d’abord montrer que le double contexte de production de ce cours, son actualité politique et sa place dans la recherche de Foucault, permet de faire un sort à ces imputations. Il voudrait ensuite faire voir que le cours, aussi zigzaguant soit-il, donne du néolibéralisme comme art de gouverner une cohérence originale qui sera largement validée par son extension ultérieure. Enfin, il voudrait interroger les effets paradoxaux d’une publication qui vient, trente ans plus tard, heurter un certain sens critique qui avait tendance à faire du néolibéralisme ce que Foucault considérait comme la plus grande erreur, à savoir une simple répétition du libéralisme classique.

Une conférence donnée dans le cadre du colloque "Foucault au Collège de France : une aventure intellectuelle et éditoriale".

La gouvernance de Wikipédia. Avec Dominique Cardon au CNRS.


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05.06.2013

L'anthropologue Dominique Cardon propose une interprétation du modèle de coordination et du système de gouvernance de Wikipédia en s’attachant aux formes de vigilance que les wikipédiens déploient pour surveiller et contrôler les autres contributeurs.
Le système procédural d’auto-régulation de Wikipédia parvient à régler les conflits par la discussion, la médiation et la sanction en organisant une tension entre le contrôle local des énoncés et la sanction centrale de ceux qui contreviennent de façon répétée aux principes de l’encyclopédie. C'est une architecture complexe d’arènes et de règles qui permet de résoudre les conflits d’édition sans contrevenir au principe d’une ouverture inconditionnelle du droit d’écriture et de surveillance à tous.

Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres. Avec Alain Supiot au Collège de France.


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2013

Le sentiment de "malaise dans la civilisation" n’est pas nouveau, mais il a retrouvé aujourd’hui en Europe une intensité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
La saturation de l’espace public par des discours économiques et identitaires est le symptôme d’une crise dont les causes profondes sont institutionnelles. La Loi, la démocratie, l’État, et tous les cadres juridiques auxquels nous continuons de nous référer, sont bousculés par la résurgence du vieux rêve occidental d’une harmonie fondée sur le calcul.
Réactivé d’abord par le taylorisme et la planification soviétique, ce projet scientiste prend aujourd’hui la forme d’une gouvernance par les nombres, qui se déploie sous l’égide de la "globalisation". La raison du pouvoir n’est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des normes inhérentes à son bon fonctionnement.
Prospère sur ces bases un nouvel idéal normatif, qui vise la réalisation efficace d’objectifs mesurables plutôt que l’obéissance à des lois justes. Porté par la révolution numérique, ce nouvel imaginaire institutionnel est celui d’une société où la loi cède la place au programme et la réglementation à la régulation.
Mais dès lors que leur sécurité n’est pas garantie par une loi s’appliquant également à tous, les hommes n’ont plus d’autre issue que de faire allégeance à plus fort qu’eux. Radicalisant l’aspiration à un pouvoir impersonnel, qui caractérisait déjà l’affirmation du règne de la loi, la gouvernance par les nombres donne ainsi paradoxalement le jour à un monde dominé par les liens d’allégeance.