Le 15 mars 1968, Pierre Viansson-Ponté écrit à la "une" du Monde : "La France s’ennuie" ! Dans son papier, il consacre un long paragraphe à la "torpeur" de la jeunesse... Presque deux mois jour pour jour après cet éditorial éclatent les premières manifestations qui ouvriront la voie à la grande grève générale qui ébranlera le pays.
1968, simple révolte existentielle ou véritable crise révolutionnaire ?
Souvenirs… Nostalgie… C’était il y a presque 50 ans et pourtant la grève générale de 68 n’est pas une simple page d’histoire. La grève générale pour les leçons qu’elle dégage est d’une actualité brulante. C’est de cela que nous devons discuter : partir des faits, de la force la grève générale, de l’enjeu, la question du pouvoir, et analyser les réponses politiques apportées, la résistance et la force du mouvement ouvrier et de la jeunesse, et les obstacles dressés sur leur chemin.
Comment la plus puissante grève générale jamais connue dans notre pays a-t-elle terminé, quelques semaines seulement après son éclatement et sa prétention à tout emporter sur son chemin, par l’élection d’une chambre bleue-CRS ? Où donc le gaullisme bonapartiste frappé à mort a-t-il trouvé des ressources pour se survivre ? Quel est le rôle exact joué par les directions ouvrières, syndicales et politiques ?
Autant de réponses nécessaires pour comprendre ce qui hier s’est déroulé, et ce qui aujourd’hui devra être déjoué.
La haine de Mai 68 est devenue un thème à la mode. Quelles en sont les origines ? Quarante ans après, Mai 68 mérite-t-il de tels réquisitoires ? Faut-il y voir une simple "rhétorique réactionnaire" ?
Serge Audier analyse notamment les profondes mutations du monde intellectuel, marqué par une contre-offensive libérale et conservatrice, une réaffirmation de l' "humanisme" et un retour au mythe républicain.
Serge Audier tente un essai d'interprétation du positionnement politique de Raymond Aron, en se basant moins sur ses textes théoriques que sur ses prises de position sur les sujets d'actualité.
Dans un la deuxième partie de la conférence, Serge Audier montre que l'étude par Raymond Aron de la critique du gauchisme envers le capitalisme d'alors (1969) lui feront écrire qu'un renouvellement possible du libéralisme y est envisageable en son sein, au travers des attaques anti-hiérachique et auto-gestionnaire notamment.
Une vision quelque peu différente et plus nuancée que celle du Raymond Aron "anti-68" qui nous est traditionnellement présentée.
Inconsidérément délaissée par les penseurs libéraux contemporains, la problématique de l’individu et de l’individualisme est désormais en France l’objet d’un investissement théorique spectaculaire de la part de la gauche intellectuelle antilibérale.
A ceux qui y persistent à soutenir la thèse voulant que l’individu ne soit qu’une "illusion" ou une pure "construction sociale" à… déconstruire s’opposent de plus en plus de nouveaux venus pour qui, sur les ruines d’un individualisme libéral prétendument dépassé, il importe de construire un nouvel individu(alisme) calé sur des "supports" sociaux, institutionnels et étatiques sans lesquels il serait impensable et impossible.
Alain Laurent, intellectuel libéral, s'emploie à déconstruire cette récupération-contrefaçon. Il rappele que le paradigme individualiste (tant sociologique et méthodologique que moral) bien compris constitue la base matricielle objective de la philosophie libérale.